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7 mai 2007 1 07 /05 /mai /2007 07:48

Les acteurs religieux seraient-ils en avance sur nos élites politiques ?

Depuis les grandes rencontres inter religieuses d’Assise et d’ailleurs, la plupart des acteurs religieux (hormis les islamistes et certains hiérarques catholiques) ne clament plus qu’ils sont seuls possesseurs de la vérité et admettent que tous les chemins mènent à Dieu (et non plus à Rome !). Par son discours de Ratisbonne, Benoît XVI a dérogé à ce consensus et mal lui en a pris. Pour les protestants libéraux et les unitariens cette attitude fait partie de leur tradition religieuse, même s’il peut y avoir parmi eux comme partout des individus intolérants par tempérament. C’est dire qu’ils se sentent particulièrement à l’aise dans le cadre d’une démocratie qui organise la pluralité au sein d’une société convictionnelle.

Mais, une partie de la société française, marquée par un parti communiste qui regroupait pas moins le quart de l’électorat au lendemain de la Seconde guerre et qui admirait béatement les soit disant prouesses de l’Union soviétique, semble sortir (très) lentement et péniblement de l’héritage marxiste-léniniste (surtout à ne pas confondre avec le socialisme utopique !), à savoir :

- Un parti leader, constitué d’élites conscientes et dirigeantes (du parti en attendant que ce soit de l’Etat), qui a la vérité car il est le plus progressiste dans un évolutionnisme unilinéaire, comportant des étapes obligées, vers l’instauration d’un paradis sur terre, et parce qu’il défend les (vrais) intérêts du peuple. Il en a le monopole (nonobstant les très nombreuses scissions qui se produisent au sein de ces élites auto-proclamées !)

- Le parti adverse n’a de cesse de lutter contre les intérêts du même peuple et d’organiser la contre-offensive ; il est réactionnaire par définition, lutte d’une façon sournoise, occulte, en agissant sur les pouvoirs (Gouvernement, Etat, médias, groupes financiers, grosses entreprises, etc.). Il trompe le peuple. Ses intentions sont perverses : immoralité (" politique "), corruption, pressions illégales, abus de toute sorte, hypocrisie, dangerosité, menace pour la démocratie, la laïcité, les valeurs humaines, les acquis sociaux des travailleurs, l’unité de la République, la paix sociale. Bref, ne peut pas bien faire ! Pire, il fait le Mal comme Satan.

- Tout programme, voire toute idée, contraire au parti est immédiatement soupçonnée puisque le parti a réponse à tout et a la vérité définitive sur tous les sujets. A défaut des agents directs des ennemis du peuple, il y a les soudoyés (par l’argent, les avantages), les pantins qui sont manipulés et les idiots qu'il faut ramener au bercail. Certains propos, certains mots mêmes, en deviennent tabous et oser les prononcer c’est risquer de voir son interlocuteur grimper aux rideaux. On en arrive même à une dénégation de problèmes que vivent pourtant les gens dans leur quotidienneté : ce seraient les médias qui auraient créé la question de toute pièce, comme des magiciens …et bien entendu, derrière eux, les forces pourries et occultes et complots de toute sorte.

   Le diable de la chapelle de Roure (Alpes de Haute Provence), publié par l'historien de la région, Edmond Rossi, dans son album "Les aventures du Diable en pays d'Azur" (http://pays-d-azur.hautefort.com)

Comment ne pas faire le parallèle avec des acteurs religieux dogmatiques, autoritaires, faisant la chasse au sorcières à l’intérieur et à l’extérieur de leur communauté, méprisant ce que les autres font, faisant généreusement des procès d’intention, excommuniant, parlant au nom de Dieu comme si Dieu leur avait demandé de dire quelque chose, prônant des positions obligatoires pour tout croyant "digne de ce nom". Nous renvoyons ici, dos-à-dos, tous les cléricalismes de tout bord qu’ils soient de droite ou de gauche, chrétiens ou autres croyants.

Fort heureusement, l’individualisation aidant, les électeurs suivent de moins en moins cette prétention exorbitante à détenir seul la vérité, les valeurs humaines, les bons principes, le cœur et la raison, etc. ; d’autant plus que les gouvernement successifs, de Gauche et de Droite, se sont tous heurtés à la difficulté de résoudre des problèmes complexes et à réformer notre bonne vieille société – que ce soit en France ou en d’autres pays européens.

Des signes forts viennent en effet d’être lancés par nos compatriotes français lors de ces dernières présidentielles. Il y eut d’abord les transgressions effectuées par les deux candidats champions de cette élection présidentielle vis-à-vis de leur propre camp  - soit de bien grands écarts qui ont donné le vertige ou le mal de mer à leurs propres partisans ; également l’excellent score du candidat centriste qui avait revendiqué l’abandon des rapports de force et une politique plus consensuelle ; enfin l’opinion publique qui, après un duel télévisé, sanctionna (durement) le candidat jugé le plus agressif, nonobstant ses qualités.

Alors que la plupart des médias (et j’avoue moi-même) avaient estimé le " match " nul, cette opinion jugea à 40% que N.S. avait été " victorieux ", contre 26% à son " adversaire " (selon IPSOS).

Nombre de communautés religieuses, rejoignant en cela les unitariens (déjà Faust Socin au XVI° siècle qui ne croyait plus au Diable), n’évoquent plus les œuvres du Malin. Nous invitons expressément les acteurs politiques à en faire autant et à dépasser l’esprit partisan ou tribaliste qui consiste à s’arroger tous les mérites et à diaboliser son " adversaire ".

Il appartient aux députés et aux citoyens de veiller en toute sérénité au bon fonctionnement de nos institutions, et d’encourager les débats démocratiques où il y a écoute mutuelle, sans à priori et sans étiquetage, sans jugement de valeur et sans procès d’intention, sans humilier les autres par des réparties abruptes, sans attitude hautaine laissant entendre à l’autre qu’il est mal informé où qu’il est dans l’erreur " manifeste ", où chacun est convié à apporter sa pierre au chantier commun et à cheminer par lui-même, avec les autres. A commencer au sein de nos propres familles et à continuer à l’école !

Sachons gérer nos différences.

Paul disait déjà cela en parlant des charismes (qui parfois s’entrechoquaient vigoureusement ! eh oui car il y avait déjà des visionnaires et des prophètes qui " troublaient " le bon ordre des assemblées, etc.).

Depuis le 9 avril 2005, les associations chrétiennes unitariennes animent un groupe de discussion " Unitariens francophones " où nous essayons précisément et bien modestement de vivre cet art du dialogue qui est à la base de la démocratie.

Pour un regard indépendant de la part de quelqu’un réputé pour sa liberté de pensée, voir les derniers propos de Michel Benoît qui n’engage bien sûr que lui même : "Gauche et Droite française : l’héritage du catholicisme ", message du 5 mai ; suivi de " Franchissement des lignes ? ", en date du 6 mai.

Vive la liberté de penser loin des idéologies uniques des totalitarismes religieux et politiques qui ont réponse à tout sur le dos des autres !

L’Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU) est une association loi 1901 à vocation religieuse et donc, de fait, apolitique. Je n’engage bien entendu que moi-même par la présente analyse. Jean-Claude Barbier

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