Le malaise est grandissant au sein de l’Eglise catholique romaine. Des prêtres, des sœurs, des laïcs, très attachés à leur Eglise, à leur culture catholique, au sens du sacré qui s’y est développé, sont désemparés par l’immobilisme voulu par Rome alors que le concile Vatican II avait soulevé tant d’espoirs. Ils ont mal à leur Eglise comme les communistes eurent mal à leur parti lorsqu’ils comprirent la collusion de celui-ci avec le stalinisme. Cette fidélité se respecte car elle est profonde et touche aux entrailles. Devant cette souffrance, il est vain d’inviter au changement de bergerie (car, enfin, s’il y a un seul berger, Jésus, il existe depuis belle lurette plusieurs bergeries !).
Le mal est profond, car il semble lié au degré de centralisation, de type monarchique, qui est celui de l’Eglise catholique romaine. Par exemple, ce " mal à son Eglise " n’est pas du tout vécu de la même façon chez les protestants, alors qu'ils connaissent pourtant eux aussi une certaine tension interne entre conservateurs et progressistes. Ils ont des synodes régionaux et nationaux pour en débattre et les " paroisses " sont autant d’églises locales où les laïcs dirigent un conseil presbytéral. Ce faisant, ils n’ont pas besoin d’attendre un concile ou une autorisation venue d'en-haut pour progresser, certes lentement afin de ménager le consensus au sein de leur Eglise, mais d’une façon continue – c’est la " Réformation " pour reprendre un terme qui leur est cher.
une bougie au creux d'une paume ouverte comme représentation du calice des unitariens, image choisie par le Groupe francophone de la communauté unitarienne-universaliste d'Ottawa (Canada). Chaque communauté ou groupe se choisit ainsi un logo pour s'identifier.
Dans l’affaire, ce sont les unitariens qui sont les plus heureux : pas de hiérarchie sur le dos, pas de dogme à respecter, la liberté de penser vivement encouragée, l’indépendance de leur communauté nettement affirmée, se rattachant aux autres sur la base du seul volontariat, la possibilité de créer une nouvelle communauté sans que les autres ne crient à la dissidence, etc.
Alors que l’Eglise catholique romaine déclare des bienheureux et des bienheureuses (en grand nombre par les temps qui courent) – mais seulement après leur mort - , c’est de leur vivant que les unitariens veulent avoir la joie de louer Dieu au sein de communautés fraternelles !
Les unitariens aiment leurs Eglises historiques (en Roumanie, en Hongrie, en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis). Ils en sont fiers, très fiers.
Ils n’en reçoivent aucune directive, aucun ordre, aucun commandement ; et, réciproquement, ils n’exercent aucune pression sur elles pour que celles-ci prennent position pour ceci ou pour cela. Comme la famille, la communauté religieuse est un lieu d’épanouissement où chacun respire en toute liberté, se sente aimé et aidé dans son propre itinéraire intellectuel et spirituel. On n’a pas à lui rabattre les oreilles avec des discours théologiques plus ou moins sinueux, des sermons à n’en plus finir, des cours de morale sexuelle, ou encore lui dire ce qu’il faut voter ou ne pas voter …
Les prises de position doivent être proclamées en d’autres lieux, au sein d’associations militantes (unitariennes et autres), de partis politiques, de groupes de pression, etc. L’engagement est non seulement important, mais nécessaire ; toutefois, contrairement au tout politique qui est à la mode, ne confondons pas les espaces ...