La Mairie de Toulouse, à l’instigation des Libres penseurs – dont nous saluons ici l’heureuse initiative – vient d’inaugurer (voir notre message précédent) une plaque en hommage " aux penseurs précurseurs des Lumières et victimes de l’obscurantisme ".
Etienne Dolet (1509-1546), supplicié à Paris, http://fr.wikipedia.org/wiki/Etienne_Dolet
Michel Servet (1511-1553), supplicié à Genève, http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Servet
Giordano Bruno (1548-1600), supplicié à Rome, http://fr.wikipedia.org/wiki/Giordano_Bruno
Giulio Cesare Vanini (1585-1619), supplicié à Toulouse, http://fr.wikipedia.org/wiki/Giulio_Cesare_Vanini
Ils sont parmi nos martyrs du XVIème siècle
Qu’ont-ils de commun ? Avoir étudié ou enseigné à Toulouse, être des humanistes du XVIème siècle, avoir étudié le droit, la philosophie, la théologie, s’être intéressés aux auteurs de l’Antiquité, aux sciences expérimentales (physique, astronomie, astrologie *, médecine, etc.).
Aucun ne fait profession d’athéisme, mais tous ont eu des ennuis avec les Eglises de leur époque (à commencer par la Romaine, mais aussi l’Anglicane, la Luthérienne et la Calviniste) pour finir entre les mains de l’Inquisition (catholique ; catholique et calviniste pour Michel Servet).
Le Français Etienne Dolet a étudié le droit et la jurisprudence à l’université de Toulouse dans les années 1530, mais il fut impliqué, par son humeur turbulente, dans de violentes disputes entre groupes d'étudiants. Il est emprisonné et finalement banni par un décret du parlement en 1534. Il a une rue à son nom à Toulouse dans le quartier " La terrasse " et avait sa statue à Paris à la place Maubert (jusqu’à l’Occupation où l’armée allemande eut besoin de son bronze).
L’Espagnol Michel Servet a étudié le droit dans la même université. Il y est durant deux ans, de 1528 à 1529. Il a alors 17-18 ans, est protégé par le franciscain Juan de Quintana (le futur confesseur de Charles Quint), lit déjà le latin, le grec et l’hébreu. Il découvre la lecture personnelle et fervente de la Bible avec un groupe d’étudiants sensibles aux idées de la Réforme et témoignera plus tard dans ses écrits de " L’Esprit-Saint qui vous pénètre comme un courant d’eau vive ".
L’Italien Giordano Bruno est entré dans l’ordre des dominicains mais son absence de culte marial, ses réticences vis-à-vis de la Trinité (et son non-dogmatisme en général à la suite d’un Erasme) et son manque d’appétit pour la Transubstantiation (dogme catholique portant sur la transformation des espèces en " vrai " corps de Jésus) le rendent suspect et il doit jeter son froc aux orties. Il erre en Italie de ville en ville, puis il s’exile à Chambéry, puis dans la Genève calviniste (mais une dispute avec la hiérarchie lui vaut arrestation et excommunication le 6 août 1578). Il rejoint alors Lyon, puis Toulouse où il arrive en 1579. Il y est tranquille pendant deux ans, acquiert le titre de magister artium et commente Aristote, R. Lulle et assimile les auteurs de la Tradition hermétique. Il publie un ouvrage sur la mnémotechnique : Clavis Magna. Toujours turbulent, l’Inquisition se rapproche et il part pour Paris où il devient le philosophe attitré de la Cour, Henri III se montrant intéressé par sa prodigieuse mémoire et ses connaissances en cosmogonie.
L’Italien Giulio Cesare Vanini est à Toulouse après avoir publié, en 1615 à Lyon, un livre qui sera brûlé par la Sorbonne. Il est supplicié le 9 février 1619 sur la place du Salin (voir notre message précédant).
Hommage à eux