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6 juin 2008 5 06 /06 /juin /2008 17:51

En voulant une instance qui soit représentative pour les musulmans de France, le Conseil français du culte musulman (CFCM), mis en place au début de 2003 avec l’aide des autorités françaises, a voulu organiser des élections nationales. La prochaine va avoir lieu ce dimanche 8 juin.

Mais ce genre de vote, dans ces conditions, n’introduit-il pas la division, les luttes de pouvoir, les surenchères ? Depuis sa naissance, c’est la joyeuse foire d’empoigne entre communautés de diverses tendances religieuses (des modérés aux intégristes), origines ethniques (Algériens, Marocains, Turcs, etc.), aides étrangères reçues, notables locaux, etc. Ceci bien entendu au bénéfice des activistes qui passent leur temps à faire des alliances " contre nature " pour l’emporter le jour " J ".

Nos voisins musulmans belges ne sont guère mieux lotis, avec un Exécutif des musulmans de Belgique (EMB) reconnu officiellement depuis 1994, et dont l’ex président et autres membres sont interpellés par la Justice.

Le bilan du CFCM n’est guère enthousiasmant si l’on en croit une série d’articles bien documentés qui sont parus dans le journal La Croix :

Le bilan du CFCM,
Les élections de l'islam de France sous tension,
Le Conseil régional du culte musulman de Rhône-Alpes a su trouver sa voie,
L'exécutif des musulmans de Belgique cherche une sortie à sa crise

Quels sont donc les modèles qui marchent le mieux pour regrouper les acteurs religieux et les fidèles au-delà de leurs propres communautés de base ?

Il y a d’abord le modèle pyramidal, centralisé. C’est celui de l’Eglise catholique romaine et de ses conférences nationales épiscopales (mais celle-ci mobilise peu, sinon pas du tout, les fidèles concernés), des Témoins de Jéhovah, etc.  Le même modèle est décentralisé chez les orthodoxes au niveau des patriarcats.

Le modèle synodal des protestants mobilise davantage les fidèles puisqu’il y a des enjeux en terme de résolutions et de vote. A cela s’ajoute une sagesse pratique qui veut que les décisions soient reportées s’il n’y a pas un consensus suffisant ou encore qu’elles n’entrent en application que progressivement lorsque les communautés de base se sentent prêtent à le faire. Les quakers et les baha’is sont également très soucieux de maintenir l’unité en attendant qu’un consensus se dessine.

Le modèle réseau (dont le fonctionnement est grandement facilité par l’Internet) : les membres se coordonnent sur la base du volontariat et d’une instance commune minimale. C’est ainsi que les unitariens se rencontrent au niveau national dans le cadre de " Conference ", " General Assembly " " meeting ", etc., et au niveau international avec l’International Council of Unitarians and Universalists, mais dans ce cas, les décisions sont seulement internes, concernant le fonctionnement du réseau. Aucune décision ne touche aux orientations des membres. Ceux-ci n’ont pas à s’aligner sur une politique qui aurait été décidée à un échelon supérieur. Chaque communauté unitarienne reste totalement souveraine.

C’est ce mode réseau qu’ont adopté les protestants français, avec la Fédération protestante de France, et les catholiques indépendants de la Fédération des réseaux des parvis (voir la rubrique " Parvis " du site de l’AFCU), nonobstant le terme, trompeur en l’occurrence, de fédération.

Autre question. Faut-il maintenir la cohérence d’un projet d’origine en faisant référence à une fondation ou à l’œuvre du fondateur (important entre autres chez les catholiques et les orthodoxes) ? Faut-il mettre en place un conseil d’administration qui garantisse une certaine fidélité à ces origines (cas de l’Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens où les résultats des AG touchant aux orientations sont soumis à une telle instance) ? Faut-il définir nettement les conditions d’adhésion afin d’éviter l’entrisme ?

pilier de mémoire, First Unitarian Congregation of Ottawa. Photo Jean-Claude Barbier, mai 2008.

Les Eglises unitariennes connaissent ce dilemme depuis que ces Eglises aux Etats-Unis, à la fin du XIXème siècle décidèrent de s’ouvrir aux agnostiques, aux athées, puis à d’autres croyants. Cette version, connue sous le nom d’unitarisme-universalisme depuis la fusion en 1961 entre l’Association unitarienne américaine (AUA) et l’Eglise universaliste d’Amérique, conduit à une gestion pas toujours facile de la diversité.

Comment en effet faire cohabiter des chrétiens ou autres croyants (théistes et autres religions particulières) avec des athées qui frémissent chaque fois que d’autres s’adressent directement et explicitement à Dieu ? On voit bien qu’un tel modèle ne peut fonctionner que s’il y a grande liberté de parole, écoute réciproque, tolérance inconditionnelle et que chacun puisse exprimer son identité dans sa propre culture et langue.

Bien entendu de telles Eglises peuvent très bien devenir des auberges espagnoles où l’on discute de tout, ici et maintenant. La référence à une tradition commune, à une histoire partagée est ici fondamentale. Sans ce patrimoine, l’Eglise devient une simple association voguant d’AG en AG selon la majorité du moment, bien loin du projet de ses fondateurs ... Certains pensent d’ailleurs que l’Eglise, nonobstant le Saint-Esprit, aurait ainsi dérivée, concile après concile, bien loin des intentions du rabbi Jésus de Nazareth.

Votez oui, mais à bon escient et pour faire valoir un projet commun ...

Ces considérations valent bien entendu pour l'Eglise unitarienne francophone, une Eglise sur la toile en cours de construction à l'initiative de notre réseau de la Correspondance unitarienne : http://eglise.unitarienne.francophone.over-blog.fr

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