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17 août 2008 7 17 /08 /août /2008 19:24

La Société de New-York pour la culture éthique, qui se compte comme organisation religieuse mais qui se proclame comme une religion sans Dieu, regroupe quelques 3 000 membres, athées, agnostiques ou " humanistes ", et organise, en plein centre-ville, des rencontres dominicales, avec, parallèlement, une école du dimanche pour les enfants. Elle gère un collège important, fort réputé.
Voir une vidéo de l'Agence France Presse (AFP) présentant cette Société
http://fr.news.yahoo.com/afp/20080815/video/vwl-a-new-york-une-religion-sans-dieu-acb3f14.html

A partir de la fin du XIXème siècle, les congrégations unitariennes américaines se sont ouvertes aux agnostiques et aux athées en recherche spirituelle. Cette ouverture a conduit à ce qu’on appelle l’unitarisme-universalisme où, aux chrétiens, se sont ajoutés bien d’autres croyants d’autres religions et des " humanistes ". Dans ces assemblées hétérogènes, la référence à Dieu est souvent remplacée par celle au mystère de la Vie ou autre euphémisme afin de ne pas choquer ceux qui pensent que la croyance en un Dieu providentiel relève de convictions plutôt personnelles et non partageables par l’ensemble des membres. Il n’en reste pas moins que cette référence à Dieu n’est pas interdite et est laissée à l’appréciation de la libre conscience et libre expression de chacun.

Dans le cas présent, un pas de plus est franchi, à savoir que la référence à Dieu est exclue et que seule une approche éthique est acceptée. Les croyants, qui sont et restent partie prenante au sein de l’unitarisme-universalisme, se trouvent ici non desiderata.

Le comble pour cette " Société ", c'est de conserver, malgré tout, toutes les apparences d'un héritage du protestantisme avec office dominicale, sermon, école du dimanche pour les enfants, etc.  L’approche est seulement éthique et non plus cultuelle. Alors pourquoi encore parler de religion ?

siège de la Brooklyn Society for Ethical Culture, maison dessinée pour un particulier par l'architecte William Tubby

A noter, à son actif, que cette organisation qui se dit "religieuse" n'a toutefois pas usurpé le nom d'Eglise et qu'elle a été fondée directement conformément à ses objectifs, donc sans ambiguité. Il n'y a donc pas eu transformation par coucouisme d'une Eglise chrétienne en Société pour la culture éthique.

Pour information, cette Société religieuse n’est pas adhérente à l’Unitarian Universalist Association (UUA) of congrégations et ne revendique aucun lien avec l’unitarisme.

Complément d'information donné par Grégoire Maury le lundi 18 août : 

"la société de culture éthique de New-York est membre de l'organisation International Humanist and Ethical Union. En France cette organisation a pour membres des associations comme l'Union rationaliste ou la Fédération nationale de la Libre Pensée. L'organisation semi-religieuse du mouvement de "Culture éthique" rappelle un peu le culte de la Raison et de l'Être Suprême à l'époque de la Révolution".

Complément d'information donné par Pascal Acker le mardi 19 août :

La New York Society for Ethical Culture fut fondée en 1876 par Félix Adler, fils d’un rabbin allemand immigré à New-York et animateur d’une des plus importantes synagogues de la ville. Il fit ses études en Allemagne à l’université d’Heidelberg et apprit, à la suite du théologien Emmanuel Kant, à valoriser le meilleur dans l’Homme et dans chaque être humain. Il se retrouva ainsi de plain pied au sein du mouvement transcendantaliste américain dont la figure de proue fut le philosophe, ex pasteur unitarien, Ralph Waldo Emerson.  http://www.transcendentalists.com/felix_adler.htm

F. Adler suscita d’autres sociétés du même genre dans tout le pays, réunies au sein de l’American Ethical Union (AEU). En 1952, cette association fut cofondatrice, avec des mouvements " humanistes ", de l’International Humanist and Ethical Union (IHEU) laquelle rassemble des humanistes, agnostiques, athées, rationalistes, libres penseurs, séculiers, sceptiques, etc.

http://en.wikipedia.org:80/wiki/Ethical_Culture
http://www.aeu.org
http://www.iheu.org

La mouvance " humaniste " existe aussi au sein de l’unitarisme-universalisme ; mais là, elle cohabite volontiers avec les autres croyances. Elle y est même importante puisque, au sein de l’Unitarian Universalist Association (UUA) of Congregations, 54% des membres se disent humanistes et 18% athées.
http://archive.uua.org/news/011205.html

Deux communautés UU sont d’ailleurs affiliées à l’American Humanist Association (AHA) : l’Humanist Study Group of the UU Church of Worcester (Massachusetts) et la DuPage Unitarian Universalist Church (à Naperville dans l’Illinois)
http://www.american humanist.org

Complément d'information donné par Pascal Acker le vendredi 22 août :

A Londres, l'histoire de La société pour la culture éthique est significative de toute une évolution de milieux chrétiens non conformistes.

Un groupe de ces chrétiens prend en 1793 le nom de Philadelphiens ; ils sont de théologie universaliste laquelle rejette l'existence de l'enfer puisque le sacrifice rédempteur de Jésus a été fait une fois pour tout et pour tous. Sous l'influence de ses pasteurs, la communauté évolue au début du XIX° vers l'unitarisme (comportant donc le rejet du dogme trinitaire et la croyance en Jésus simplement homme et non dieu, ni Dieu incarné) ; elle devient alors la South Place * Religious Society ; puis, en 1888, elle abandonnera la référence à Dieu, devenant la South Place Ethical Society.
* la première chapelle des Philadelphiens fut construite à South Place en 1824. En 1926, ce qui est devenue l'Ethical Society se déplace à Red Lion Square et emménage trois ans plus tard, en 1929 à Corway Hall. Le nom du premier emplacement est maintenu dans la dénomination.

Pour plus d'informations :
http://www.ethicalsoc.org.uk
http://en.wikipedia.org/wiki/South_Place_Ethical_Society
http://www.secularsites.freeuk.com/spesindex.htm


Pour une réflexion sur l’ouverture des communautés chrétiennes aux non-chrétiens (et éviter le coucouisme), voir notre rubrique sur
le Manifeste d’Avignon (dans notre site de l’AFCU)
 , et le bulletin de la Correspondance unitarienne n° 65, mars 2007Christianisme d’ouverture et post-christianisme. Faut-il inviter les autres à faire partie de nos communautés chrétiennes ? " par Jean-Claude Barbier.

 


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