Nous avons tous été impressionnés par le succès de nos amis Franciscains avec leur initiative des Cercles du silence lien qui ont été fortement fédérateurs localement. Il faudrait y ajouter - moins anecdotique qu'on pourrait le penser - les rencontres occasionnelles suscitées ici et là et, quant à elles d’une façon purement festives ou relationnelles, par des membres du vaste réseau Facebook. Ceci montre que des moyens modernes de mobilisation existent et qu'elle sont à exploiter.
Or les positions vaticanes par rapport aux acquis de Vatican II touchent profondément l’opinion publique et suscitent un très net changement du paysage catholique français, ce dont témoignent les sondages d’opinion, voir notre article précédent. Ne serait-il pas temps de témoigner publiquement des propositions alternatives de nos mouvances chrétiennes libérales ?
"Faire Eglise autrement " est un thème partagé et débattu par plusieurs mouvements, notamment au sein de la Fédération des réseaux des parvis, laquelle réunit une cinquantaine de mouvements pour la plupart catholiques mais qui est ouverte à d’autres chrétiens (les unitariens en font partie, ainsi qu’un mouvement d’inspiration protestante). Une application concrète sur " les parvis " d’églises pourrait avoir du succès.
En effet, si nos mouvances libérales ont des points faibles (effectifs insuffisamment nombreux, jusqu’à présent faible capacité de mobilisation, manque de renouvellement de leurs élites et donc vieillissement, disparition de mouvements locaux et nationaux qui s’essoufflent, etc.), elles disposent par contre de réseaux d’information multiples et bien pourvus d’adresses, également de sites et de blogs.
Elles ont aussi et surtout des choses à proposer avec la riche et originale expérience qu’elles ont de célébrations libres : la lecture des évangiles (une relation directe à Jésus sans langue de bois ou discours confessionnel), le partage de la parole où chacun peut prendre le micro et dire aux autres ce qu’il pense, ce qu’il croit, ce qu’il ressent (sur un parvis d’église, cela peut se faire AUSSI avec des passants qui s'arrêtent un temps), le partage du pain et du vin (jus de raisin pour certains) au nom de Jésus, là aussi sans exclusive avec invitation à tous, lectures de textes interpellant relatifs à l’actualité des Eglises, à l’avenir du christianisme, à la croyance en Dieu, etc.
En Belgique, des célébrations libres ont déjà eu lieu sur des places publiques, à l'initiative du réseau des Pavés (la Fédération "Pour une autre vie d'Eglise et de société"). Aux Etats-Unis, des congrégations unitariennes-universalistes ont invité le public à participer à la cérémonie des fleurs, lien.
Pour les mouvements catholiques contestataires, prendre ainsi l’initiative vaudrait mieux que de devoir sans cesse réagir à posteriori (et donc nécessairement avec un temps de retard) par rapport aux faits et gestes de la hiérarchie vaticane.
Rendez-vous donc sur les parvis d’église ! Je précise qu’il ne s’agit pas de faire cela à la sortie des lieux de culte, ce qui serait perçu comme de la provocation et diviserait l’opinion des croyants. Bien entendu, l’ambiance devra y être attractive, accueillante, positive, voir festive (eh oui, le culte est une fête en louage à Dieu !), et non point ronchonne et vindicative.
Evidemment une telle opération devrait se préparer longtemps à l’avance, avec acquisition de matériel sono, confection de banderoles, relations avec les journalistes locaux. Elle devrait aussi utiliser les ressources relationnelles des réseaux d’amis, entre autres Facebook - certains commentateurs ne nous prédisent-ils pas déjà que nos prochaines élections présidentielles se joueront sur ce réseau – ainsi que ceux de la blogosphère.
En tout cas, dans un monde de plus en plus sur-médiatisé, l’avenir est aux témoignages publics, aux actes symboliques partagés, aux rassemblements temporaires mais forts comme des points d’orgue, aux convictions dans le respect de la démocratie.
Ceci est un appel pour action afin de témoigner d'un christianisme moderne, ouvert, transconfessionnel et d'avenir. Contact pour tous ceux qui sont intéressés par cette perspective : pour l’instant le réseau de la Correspondance unitarienne en attendant qu’un collectif en prenne le relais.