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11 novembre 2011 5 11 /11 /novembre /2011 19:25

Conférence de Peter Moralès, président de l’Unitarian Universalist Association of Congregations (UUA), à Saragosse, le 28 octobre dans le cadre du congrès international pour le 500ème anniversaire de la naissance de Michel Servet (lien) : « Etat du mouvement unitarien dans le monde : le libéralisme religieux en face du dogmatisme ». Ici un résumé par l’auteur de sa communication, écrite en anglais et traduite en français par Jean-Claude Barbier.


Peter_Morales_et_dalai_lama.jpg

Peter Moralès, président de l'UUA, s'entretenant avec le dalaï-lama

 

Imaginons que Michel Servet revienne aujourd’hui à la vie ; que penserait-il du mouvement religieux qui le vénère comme un héros et martyr ? Que pourrait-il penser en voyant ce mouvement, les unitariens et les unitariens-universalistes, embrasser chrétiens libéraux, agnostiques, athées, bouddhistes, païens, sans compter toutes les combinaisons qui peuvent se faire entre les courants que je viens de citer.  Que penserait-il d'une religion qui rejette toutes les croyances ? [ndlr –plutôt qui ne les rend pas obligatoires].


Il y a, cependant, quelques similitudes importantes entre Servet et la version moderne que représentent les unitariens-universalistes. Alors que la plupart des unitariens-universalistes ne se reconnaîtraient pas dans les arguments théologiques du XVIe siècle, la façon dont nous abordons la religion est somme toute très proche de celle de Servet lorsqu’il débuta sa vie publique. En effet, une fois que nous allons au-delà des détails de la théologie, les parallèles sont frappants : la liberté de pensée qui est une valeur fondamentale, l’usage de la raison qui est tenu en haute estime, une indépendance par rapport aux enseignements acceptés qui fondent l’orthodoxie, le fait de ne pas craindre d’être considéré comme hérétique, l’assurance qu’il ne doit pas y avoir de conflit entre la religion et la science.


En plus, on peut établir d’importants parallèles entre son époque et la nôtre. Comme Servet, nous vivons à une époque où une révolution dans les communications se répand rapidement et permet un changement culturel. Au temps de Servet, ce fut l'imprimerie. Pour nous, bien sûr, ce sont les communications électroniques et l'Internet.


Cependant, il y a aussi de profondes différences. La religion était au centre de la vie en son temps. Aujourd'hui, surtout ici en Europe, la religion a connu un déclin dramatique. Les églises sont presque vides aujourd'hui.


[Et puis,] aujourd'hui, dans le monde moderne, nous voyons des gens qui, trop souvent, présentent des options négatives. D'un côté la religion qui est [souvent] rigide et anachronique - pire encore, le fondamentalisme rejette le monde moderne, se cantonne à la défensive et tend vers la violence - d'un autre côté, c'est la banalité et la vacuité d’une société de consommation sécularisée. Dans un tel contexte, la religion libérale, comme le mouvement que je représente, apporte une autre offre, et, je crois, une option plus viable. Nous cherchons à construire sur ce qui est de meilleur dans nos traditions religieuses tout en embrassant l'ouverture et de nouvelles possibilités pour l'avenir.


En ce sens, j’ai présenté l’unitarisme-universalisme en Amérique, et l'unitarisme d’une façon générale [et sa version américaine] l'universalisme-universalisme en particulier dans le monde entier. J'ai donné quelques repères historiques. J'ai parlé des grands groupes, en Transylvanie, Inde du Nord-Est [ndlr – en pays kashi], au Royaume-Uni, Canada et Philippines. J’ai aussi évoqué les multiples groupes émergents en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Ceci pour montrer l’urgence qu’il y a à promouvoir les religions libérales, à réexaminer les enseignements du passé et à chercher une spiritualité nouvelle et vitale ; bref ce qui a existé [aussi, plus ou moins,] en tout temps et dans toutes les cultures.


Les défis futurs sont nombreux. Nous sommes confrontés à de nouvelles formes de communication et de mobilité, lesquelles nous mettent au défi de trouver de nouvelles formes de rassemblement qui vont au-delà du modèle traditionnel d'une paroisse locale. Plusieurs millions de personnes croient aux principes de la religion libérale et ont faim d’une profonde spiritualité. Nous devons apprendre comment les engager dans de nouvelles voies.


Nous vivons finalement dans des temps très proches de ceux dans lesquels Servet vécut. Ce sont des temps de changements rapides, de recherche de nouvelles formes d'expression religieuse. Notre défi, comme au XVIe siècle, est de laisser derrière nous ce qui est rigide, vide et sans vie. Nous honorons Michel Servet comme un martyr et un héros, non pas pour ses propres formulations théologiques, mais pour son amour de la vérité, son ouverture aux nouvelles compréhensions, son esprit d'aventure.

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