Une jeune française au Canada, Aurélie, fait part, sur son blog, de ses impressions. Ici sur le communautarisme : http://aurelie-au-canada.over-blog.com/article-5372882.html
Chronique 144 - Accommodements incommodants
Depuis un certain temps au Québec, il est une notion qui défraie la chronique, celle d’accommodement raisonnable. " Késaco ? " me direz-vous (et pas " cossé ça ? " car tous les Québécois le savent fort bien !).
L’accommodement raisonnable consiste à modifier certains règlements ou certaines lois qui devraient normalement s’appliquer à toute la société, pour les adapter aux besoins particuliers de certaines communautés culturelles, par souci de respect des identités.
L’autorisation du port du kirpan par les Sikhs à l’école, dont je vous ai déjà parlé, en est un exemple. Dans le même ordre d’idées, il y a les arrangements qui sont pris hors du cadre de la loi, et sans passer devant les tribunaux. Dans ce cas là cependant, on ne devrait pas – théoriquement – parler d’" accommodement raisonnable ".
La décision du YMCA du Parc d’installer des vitres givrées à certaines fenêtres de ses salles d’entraînement pour contenter une communauté de Juifs hassidiques (la congrégation de Yetev Lev – et ne me demandez pas ce que c’est…) qui se plaignait que ses enfants puissent voir des femmes en tenue légère, fait partie de cette seconde catégorie. Bon soyons objectifs, le principe qui sous-tend cette façon de faire reste le même, que l’on chipote sur le vocabulaire ou non.
Aujourd’hui, j’ai entendu à la radio qu’une commission scolaire avait accepté de dispenser des élèves musulmans des cours de flûtes à bec, la pratique de cet instrument étant interdite par le Coran (si l’on en fait une lecture très rigoureuse, que ne fait pas la très grande majorité des musulmans, ne l’oublions pas). Accommodement, encore. Raisonnable ? Si c’était à moi d’en juger, je dirais que non. Mais, moi, j’irais jusqu’à dire que c’est la religion qui est assez déraisonnable. Pas une en particulier, hein, la religion en général, avec ses dogmes et ses rites et tout le tralala. Enfin, la question n’est pas là.
Le principe d’accommodement raisonnable est inscrit dans la loi québécoise. C’est le moyen que le Québec a choisi pour lutter contre la discrimination et favoriser l’intégration, en développant chez les immigrants un sentiment d’appartenance. Comme je le disais dans la chronique sur le kirpan, c’est une conception de l’égalité radicalement différente de celle qui prévaut en France. (Je ne dis pas meilleure ou moins bonne, mais différente.)
La question est : où cela doit-il s’arrêter ? Ces derniers mois, on sent un certain agacement dans l’opinion publique, et il apparaît que ce qui procède d’une volonté louable d’intégrer les étrangers pourrait avoir l’effet contraire…
C’est peut-être ce qu’ont voulu démontrer TVA, le Journal de Montréal et 98,5 FM en commandant à Léger marketing une " grande enquête sur la tolérance au Québec ". Selon ce sondage, dont les résultats publiés la semaine dernière ont créé un vent de panique, 59% des Québécois dits " de souche " se considèrent comme racistes (un peu, beaucoup, passionnément ou à la folie). Résultat, toute la semaine, les hommes/femmes politiques ainsi que beaucoup de journalistes ont crié au scandale, au mensonge, à l’usurpation et que sais-je encore. " NON, LES QUÉBÉCOIS NE SONT PAS RACISTES ! "
Il faut reconnaître que pour une société dont le développement repose en grande partie sur l’immigration, ça la fout mal… Tout le monde s’est alors empressé de dénoncer les lacunes méthodologiques du sondage. Moi je veux bien, hein, mais il me semble que quand les gens eux-mêmes se déclarent racistes, il n’y a pas grand-chose à redire. Quelle que soit la définition que les sondés ont du mot " racisme ".
La bonne nouvelle là-dedans c’est que les immigrants eux aussi sont racistes!! Envers les Québécois de souche et entre communautés… Je me demande pourquoi on gaspille encore de l’énergie et de l’argent pour démontrer l’évidence : l’homme est raciste. Et l’homme est intolérant, cruel et imbécile. Mais c’est parce que l’homme est trouillard. Il a peur des différences, peur de ce qu’il ne connaît pas, peur qu’on lui retire son petit confort, peur de ne pas avoir raison. Et c’est aussi pour cette raison que l’homme est religieux.
Allez, dans la paix d’Allah, de Yahvé ou de Jésus… mais arrêtez donc de foutre le bordel en son nom.
Aurélie, ni Dieu, ni maître, mais des amis de toutes les couleurs.
P.S. - Pour ceux que cela intéresse, les résultats du sondage se trouvent à "ddata".