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16 mars 2007 5 16 /03 /mars /2007 03:02

Icône de la Trinité d'André Roublev (Moscou, 1411) :  " Le Seigneur apparut au chêne de Mambré. Abraham, ayant levé les yeux, vit trois hommes et courut de l'entrée de la tente à leur rencontre." (Gn 18)

Théologien catholique, Joseph Moingt reste très attaché au concept de l’Incarnation d’où il puise son sens de l’humain et qui, à ses yeux, nous aide à préciser le statut de Jésus par rapport à Dieu : " Ce concept signifie que Dieu s’est identifié à Jésus comme à un autre lui-même. Qu’il a exprimé en lui sa parole qui est vie, qui est amour, qui est liberté. L’Incarnation nous apprend que nous sommes, nous aussi, prédestinés de toute éternité à devenir en Jésus, Fils de Dieu, comme Jésus l’est devenu par l’impression de la Parole de Dieu en lui.

Le concept de l’Incarnation nous aide à comprendre le sens de la création, à savoir que nous sommes créés pour l’immortalité, par un appel à la liberté, par l’appel à être libres devant Dieu même. Être fils, cela veut dire être libres. Celui qui est à la droite de Dieu, c’est celui qui est libre, qui n’est pas sous le pouvoir d’un autre. Donc Dieu de toute éternité se projetait en Jésus pour venir habiter avec nous en lui.

L’Incarnation nous révèle ce projet de Dieu d’être avec nous, dans l’un de nous, pour habiter finalement en nous par son Esprit. Le concept d’Incarnation se déploie dans l’Histoire, en forme de Trinité. Dieu par son Verbe dirige l’histoire vers Jésus, vers celui en qui Dieu veut mettre son Fils au monde pour répandre à travers lui, dans toute l’humanité, son Esprit.

Ce concept d’Incarnation nous révèle l’humanité de Dieu en cela même qu’il est pour nous. "

(Extrait de la conférence intitulée " L’Homme qui venait de Dieu " donnée en 1997 dans la paroisse St-Germain-l’Auxerrois de Châtenay-Malabry).

Pour lui, cette Incarnation nous pousse à l’action au service d’autrui. En ce début de 2007, dans le cadre de l’entretien qu’il a accordé au Parvis (voir message précédent), il maintient tout l’importance qu’il accorde à ce dogme. Mais notre théologien en convient : " j’ai beaucoup peiné là-dessus, car il n’est pas facile de construire un discours qui garde à Jésus sa véritable humanité, c’est à dire son existence d’homme, avec sa connaissance d’homme, et qui en même temps respecte le dogme du Verbe incarné "

Parvis : "Peut-on se satisfaire de ce qui se dit beaucoup actuellement : Jésus, le nazaréen, un homme extraordinaire qui a satisfait le besoin de libération ?"

Joseph Moingt : " Vous trouvez des juifs qui traitent avec respect la figure de Jésus pris comme prophète ou rabbi : ils la tirent dans leur camp. Je n’en disconvient pas : il faut tout à fait respecter la judaïté de Jésus. Mais à ce moment là, il devient un grand rabbi comme ceux du Talmud et rien de plus. On peut dire aussi quelque chose de plus : c’était un grand prophète envoyé par Dieu. Mais le dogme dit autre chose. Si Jésus devait redescendre au rang de simple prophète, c’est toute la foi chrétienne qui s’écroule … ".

Heureusement qu’il y a nous autres les unitariens pour que la foi chrétienne ne s’écroule pas à cause d’un seul dogme,  par ailleurs aussi difficile à expliquer !  En dépit de cette divergence - irréductible - d’appréciation sur l’Incarnation, nous vous recommandons la lecture de ce grand théologien qui a épousé notre siècle et notre époque et qui a su nous expliquer la Trinité d'une façon si humaine.

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