Ne l’oublions pas ! l’actuelle « Congrégation de la Doctrine de la foi » est l’ancienne héritière de la « Sacrée congrégation de l'inquisition romaine et universelle » fondée le 21 juillet 1542 et qui avait pour mission de lutter contre les hérésies, et plus particulièrement de faire obstacle aux progrès du protestantisme, renommée le 29 juin 1908 « Sacrée congrégation du Saint-Office », puis le 7 décembre 1965 avec son nom actuel (lien). Certes les sinistres méthodes judiciaires et les tortures de l’Inquisition * ne sont plus de mises et les livres ne sont plus mis à l’index (le 7 décembre 1965, à la veille de la clôture du concile Vatican II, Paul VI supprime aussi la « Sacrée congrégation de l'index » en même temps qu’il renomme le « Saint-Office »).
* Le concile de Latran II, en 1139, proclame l’anathème contre les ennemis de la Foi. Les hérétiques doivent être punis. En 1148 a lieu l’Arrangement de Vérone entre le Pape et l'Empereur : les hérétiques doivent être jugés par l'Église avant d'être remis au bras séculier. L’Eglise a donc désormais l’initiative des procès, alors qu’auparavant c’était le pouvoir politique qui, pour des raisons d’ordre public ou autres, sévissait directement – ce qui se fit très tôt : en 385, l'évêque Priscillien, dont les thèses avaient été condamnées au synode de Saragosse en 380, est exécuté par l'empereur Magnus Maximus auprès duquel il avait fait recours à Trèves ; mais ce « meurtre » suscite à l'époque le scandale et la protestation de nombreux évêques parmi lesquels Ambroise de Milan et l'évêque de Rome Sirice.
Le témoignage de Pascal Vesin, reçu brièvement par la Congrégation de la Doctrine de la foi, est accablant. Il montre combien les mentalités n’ont guère évoluées ; certes on ne tue plus, mais on met des évêques à la retraite anticipée (Gaillot en Fance en 1995, William Morris en Australie en 2011, etc.), on écarte les théologiens des chaires catholiques comme l’Argentin Ariel Alvarez Valdès (lien), on excommunie des prêtres comme Pascal Vesin, etc. Les Actualités unitariennes se sont faites l’échos de plusieurs affaires dans ses rubriques « La Contre Réforme » (lien) et « Vies de prêtre » (lien).
Dessin accompagnant l’article « Pascal Vesin dans le collimateur du Vatican » paru le 3 juin 2013 dans Librinfo74 (« L’info locale alternative »), média on line édité par une association d’Annecy (Association annécienne pour la promotion de la liberté d’expression, AAPLE), lien.
Pascal Vésin (message du 13 septembre 2013 sur le site où il s’exprime, lien) : « Mon rendez-vous à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi me laisse un goût amer. Une rencontre ? Pour qu’il y ait rencontre, il faut un langage commun. Face à mon souci du dialogue, face à mon désir d’avancer, face à ma proposition de travail (en cessant pendant ce temps-là toute participation à une activité en loge maçonnique), j’ai trouvé la rigidité de la loi, la froideur de la règle énoncée dans la déclaration de 1983 (aujourd’hui désuète !), l’irrespect dans sa manière de me considérer comme quantité négligeable. Comment peut-il s’accrocher ainsi à la loi et rester prisonnier de l’ignorance ?
Une seule certitude : derrière la soutane [ndlr – des membres de cette congrégation], derrière la condamnation et la sanction il y a un homme (d’accord, je vous l’accorde, certains se donnent vraiment beaucoup de mal pour le dissimuler !). Malgré cette expérience douloureuse, je garderai cette exigence : n’avoir peur de personne et respecter chacun. Voilà ce que nous enseigne le Christ : être des hommes libres.
L’Eglise n’a pas changé : son silence espère faire taire la question et fatiguer ceux et celles qui la portent. Les signes d’ouverture entrevus depuis le début du pontificat de François ne seraient-ils qu’un leurre ? En tous cas, cette fin de non-recevoir est sa réponse. »
Rappelons que cette organe de la Curie romaine est une usurpation de pouvoir. Le rôle de « surveillant » de la foi (épiscope en grec) appartient en effet à chaque évêque dans son propre diocèse selon l’institution épiscopale qui s’est mise en place au début du IIème siècle (lien). Rome confisque ce rôle, s’ingère dans la gestion des diocèses, impose des sanctions. Dans le cas de Pascal Vesin, la Congrégation de la Doctrine de la foi a profité de l’abdication de Benoît XVI et de l’intérim en attente de l’élection d’un nouveau pape pour faire son coup (bas !) et mettre la pression sur l’évêque d’Annecy. Quand donc les évêques réclameront-ils leur droits ?
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