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de la laîcité
Circulaire de Jules Ferry, ministre de l’Instruction publique (1890) aux recteurs : " Les élèves entrent en classe tête nue." (texte lapidaire mais bien trop simple ...). On a su par les gazettes que la récente loi française [rappel : ce texte a été rédigé en février / mars 2004] interdisant le voile à l’école avait suscité non seulement à Téhéran (ce qui n’étonnera personne) mais aussi en Occident (anglo-saxon notamment) une émotion-réprobation attristée devant "l’intolérance française". C’est finalement assez "normal" dès lors que l’Histoire (avec un grand "H") a conduit nos démocraties occidentales sur des chemins passablement divergents au regard de la laïcité : depuis la Grande Charte de 1215, la devise britannique proclame "Dieu et mon droit" ; auquel répond le "Gott mit uns" de l’Empire allemand (repris à la Deuxième guerre mondiale jusque sur les boucles de ceinturons de la Wehrmacht ...) ; quant aux Etats-Unis, on a le choix avec le "In God we trust" (et pas n’importe où : sur les billets de 100 dollars !), outre (la main sur le cœur) "God bless America", etc.
Alors que dans le même temps, nous avions en France (avant même la chute de la Royauté) le scepticisme des "Lumières", les encyclopédistes Diderot, Voltaire. Et avec la Révolution, la proclamation en 1792 d’une République laïque qui tout au long du XIXème a enfanté les Jules Ferry, Viviani et Clémenceau qui furent les cauchemars de l’Eglise de l’époque ... Car il n’y a pas que l’islamisme : les "Born again Christians" et autres évangélistes américains qui parlent avec George Bush de " Croisade de l’axe du Bien contre l’axe du Mal" seraient bien mal placés pour critiquer le communautarisme des autres !
et pourquoi occulter la montée en puissance du communautarisme juif même hors d’Israël :
Juste une expérience personnelle pour illustrer le phénomène. J’ai depuis cinquante ans un ami proche, Albert D., Juif sépharade de son état et côté religion "n’en a rien à cirer" (...), qui vit depuis que je le connais un agnosticisme tranquille. Et qui aurait volontiers épousé naguère (si ça n’avait dépendu que de lui) une fille goy que je connais bien : tout ça pour dire que l’apartheid communautaire, ça n’est pas du tout sa tasse de thé.
Mais Albert a eu deux filles au mariage desquelles j’ai été convié. Réception les deux fois dans un restaurant connu du Bois de Boulogne avec une pléiade d’invités. Bref le grand truc ! Les mariés : juifs ultra-religieux (pourquoi pas ?) ; dîner intégralement "casher" (y compris les vins et le champagne !). Morceaux joués par l’orchestre : uniquement du folklore israélien. Nous qui faisions partie des 2% de goys invités, on se sentait un peu "étrangers" car risquant par ignorance, tels Louis de Funès dans Rabbi Jacob, de commettre Dieu sait quel impair ...
deux pêcheurs dont l'un s'appelle Moïse et, jouant de sa spécificité, reproduit le miracle de la traversée de la Mer rouge au grand dam de son meilleur ami !
En fait, cet apartheid d’un autre genre ne devait rien au hasard, les mariés ayant récusé pour la cérémonie la synagogue la plus proche de leur domicile - au motif qu’y officiait un rabbin "libéral" qui acceptait de bénir les mariages mixtes ! On pourrait qualifier ce comportement d’un peu "raciste" - s’il était le fait de toute entité ethnique autre que la communauté juive. Impensable ! à cause de la Shoah dont l’évocation, vite dégainée, continue à nous culpabiliser. Mais après ça, critiquer "l’arrogance" du communautarisme musulman devient ... difficile !
retour au voile islamique
On a tout dit et tout écrit ces derniers temps sur la "symbolique" du voile : asservissement de la femme à l’homme, etc. Moi je trouve (pour une fois) qu’on "charge un peu la barque" de l’islam en oubliant le contexte historique de l’Hégire (VIIe siècle) où est apparu le Coran - et pour qui il a été écrit : des chameliers illettrés et rustiques dont il fallait (peut-être) freiner les réflexes de "mâles prédateurs" vis à vis des femelles ... En protégeant donc ces dernières ! Ce rapport inégal entre les sexes était d’ailleurs inscrit dans la culture commune de l’époque : si ça se trouve, le Prophète (vu les innombrables emprunts qu’il a faits à la Bible) a aussi "pompé" saint Paul dont la 1ère Epître aux Corinthiens - sortie de son contexte historique – susciterait un infarctus à n’importe quelle féministe du XXIe siècle (si elle oublie que l’apôtre écrivait pour la société de ses contemporains du 1er siècle ap. J-C).
Je le cite dans l’excellente traduction de Louis Segond (éditée par la Maison de la Bible à Genève) "Toute femme qui prie la tête non voilée déshonore son chef : c’est comme si elle était rasée (...). L’homme ne doit pas se couvrir la tête puisqu’il est l’image et la gloire de Dieu – tandis que la femme est la gloire de l’homme (...). L’homme n’a pas été créé à cause de la femme mais la femme a été créée à cause de l’homme. C’EST POURQUOI la femme doit porter sur la tête une marque de l’autorité dont elle dépend ... " Texte auquel fait écho le Coran : Sourate II, 228 : " Les femmes ont des droits (compatibles à leurs obligations et à l’usage). Les hommes ont cependant prééminence sur elles ..." .
Quel "macho" oserait écrire ça en 2004 ? C’est quand l’islam se crispe sur une interprétation littérale de la charia - entre autres - qu’il confine pour nous à l’odieux : la "lapidation de la femme adultère" (pas de l’homme adultère, non !) et l’amputation de la main du voleur ... Alors qu’il s’agit de prescriptions destinées (voici quinze siècles !) à des Bédouins faméliques de la péninsule arabique - pour qui le vol de leur chameau était effectivement un drame (justifiant la vengeance sur le poignet du "criminel", quand on arrivait à le rattraper ...). Sauf qu’en 2004 en Arabie saoudite, la charia qui édicte cette barbarie est toujours appliquée ... aux voleurs de scooters !
"Mon voile, ma burqa, ma pudeur, ma liberté, c’est ma religion, etc."
1 – "ma pudeur..."
La répétition "en boucle" d’une absurdité n’en fait pas une vérité ... En quoi les cheveux féminins seraient ils plus indécents à la vue des hommes que l’inverse ? Je cite littéralement le président du Parti islamique de Malaisie : " Tout ce qui incite à l’adultère doit être interdit. Si une femme ne se voile pas, moi-même je risque d’être excité " J’ai lu ailleurs que "dans la tradition musulmane, les cheveux féminins seraient pour l’homme une évocation insupportable des poils pubiens (sic)". C’est n’importe quoi, voir le jugement lapidaire de Michel Houellebecq ...
Le voile (le mot faisant peur, on le détourne avec des litotes dérisoires : "foulard", "bandana") mais qu’est-ce d’autre qu’une pièce de tissu que des traditions "culturelles", fétichistes et machistes, imposent à la moitié féminine des populations en terre musulmane ? Pas partout d’ailleurs ! Il est plaisant de constater que de très jeunes filles d’origine tunisienne ou turque tentent en France d’imposer leur voile dans l’enceinte de l’école de la République... alors que ledit voile est proscrit dans leur pays d’origine (où personne ne se risquerait à contester !).
2 – " ... ma liberté "
Il serait bien intéressant dans l’absolu (car impossible à mettre en œuvre dans la pratique) d’organiser un referendum à bulletins secrets invitant les femmes de Kaboul à dire si le port de la burka résulte de leur plein gré ... Comme si une religion honorable pouvait conditionner ou réduire une "conduite juste" au port d’un carcan destiné à masquer l’œuvre du Créateur ...
Quel mâle afghan accepterait de ne se déplacer qu’à demi-étouffé (avec un été à 50° Celsius) par le port de cette burka, variante grillagée du voile mais imposée aux femmes exactement à partir des mêmes principes islamiques que le "foulard" ? Je ne désespère pas d’apprendre qu’un jour, dans tel collège du Val Fourré (ou des Minguettes), une de nos jeunes suffragettes musulmanes se sera pointée en "burqa". Rien que pour guetter les réactions des copines ...
Ce choix qui est refusé aux afghanes, les navigants d’Air France le constatent de facto dès que leur appareil décolle de l’escale de Téhéran pour regagner Charles de Gaulle : en un éclair les tchadors sont escamotés dans les bagages à main ! Au profit de la trousse à maquillage ...
En matière de conclusion ...
Il faut rappeler en passant que le Kosovo, terre chrétienne orthodoxe durant mille ans, a fait l’objet d’une immigration musulmane continue depuis l’occupation turque et que la majorité serbe-orthodoxe y est devenue minorité à l’époque moderne : certains y réclament déjà l’application de la charia. Alors que la "liberté" de chacun (si souvent invoquée à tort) doit trouver ses limites dans celle des autres, de ceux qui ont eux aussi le droit de penser !
Comment faire comprendre à nos nouveaux fondamentalistes que la religion, la relation de l’homme avec le sacré ne doit se pratiquer, s’affirmer, exister, que dans la sphère privée. Que la foi est affaire personnelle. Et qu’elle n’a donc rien à faire dans l’espace public.
ndlr : Qu'on se le dise ! Les unitariens, adeptes de la liberté de pensée individuelle, ne s'interdisent pas les coups de gueule ! Ils le font toujours en leur nom personnel et signent des textes d'auteur. De là leur franchise, parfois / souvent à contre courant des opinions publiques bien pensantes