Du 30 janvier au 3 février 2010, à l’invitation de l’association française Gandhi International et du mouvement indien Ekta Parishad, 120 personnes provenant de 20 pays se sont réunies à Bhopal (Inde) à un colloque international sur le thème «Vers une économie non-violente».
Constat
Alors que la moitié des habitants de notre monde sont agriculteurs, les trois quarts d’entre eux, dans les pays du Sud, travaillent encore uniquement à la main, en préservant l’environnement et sans contribuer au réchauffement climatique. Beaucoup n’ont pas de titre de propriété et leurs droits sont menacés par des projets menés par des Etats ou des entreprises minières, d’agriculture intensive, d’exploitation forestière, touristiques, etc.
Pourtant, lorsque des projets de ce type peuvent produire des effets négatifs, il existe en droit un principe de consentement libre, préalable et informé des communautés locales et des peuples indigènes, reconnu par divers textes de l’ONU, par l’Organisation Internationale du Travail (Convention n° 169) et par l’article 22 de la déclaration de Rio adoptée en juin 1992.
Par ailleurs, les marchés du Sud sont envahis par des denrées agricoles du Nord, produites avec d’énormes moyens mécaniques et subventionnés par les pouvoirs publics. De ce fait, l’agriculture vivrière et la production artisanale locales sont ruinées par cette concurrence et éliminées de l’économie.
Dans les pays occidentaux aussi, l’accès à la terre est devenu très problématique pour les paysans.
Engagements
- Nous avons une foi profonde dans la force des plus pauvres et nous voulons reconnaître les peuples dans leur dignité, leurs savoir-faire et leur culture.
- Nous nous engageons pour le droit d’accès des personnes aux ressources naturelles (terre, eau, forêts, semences, minerais, etc.) en vue d’un nouveau type de développement harmonieux, respectueux de l’homme et de la nature.
- Nous demandons qu’en droit international, le droit de souveraineté alimentaire soit reconnu comme supérieur aux droits du commerce.
Action
Les actions politiques que nous proposons s’appuient sur des réalisations concrètes qui sont les prémisses d’une économie et d’une société non-violentes.
Une marche nommée Jansatyagraha (« La marche non-violente du peuple ») de 100 000 personnes sera organisée en 2012 par Ekta Parishad pour faire respecter ces droits. Le point d’orgue de cette mobilisation aura lieu entre le 2 octobre (Journée internationale de la non-violence) et le 17 octobre 2012 (Journée internationale du refus de la misère).
Cette marche est en rapport avec des enjeux vitaux à l’échelle mondiale : l’accès aux ressources naturelles, la souveraineté alimentaire, le sort des plus démunis dans nos sociétés, la place des femmes, mais aussi la démocratie participative, le rôle des sociétés multinationales, le système économique international, le modèle de développement.
C’est pourquoi, nous voulons soutenir cette marche indienne, et affirmer ces droits d’accès aux ressources naturelles et à la souveraineté alimentaire en menant en 2012 sur plusieurs continents des actions non-violentes simultanées et concertées (marches, sit-in, chaînes humaines, heures de silence, manifestations sportives, etc.)
Les hommes n’ont pas seulement des droits, mais aussi des responsabilités, telles que définies par exemple dans la Charte des responsabilités humaines. Nous faisons appel à la responsabilité de toutes les personnes et de tous les groupes soucieux de justice à travers le monde pour que cette mobilisation de 2012 ait le plus grand impact possible.
A Bhopal, le 3 février 2010
Les délégués de : Algérie, Angleterre, Bangladesh, Birmanie, Brésil, Canada, Finlande, France, Inde, Japon, Malaisie, Maroc, Mexique, Népal, Paraguay, Sénégal, Soudan, Sri-Lanka, Suisse, Thaïlande.
texte envoyé à la Correspondance unitarienne par Etienne Godinot
Pour juin 2011, la section française de Gandhi International prépare une rencontre de 3 jours à Saint Antoine l'Abbaye (en Isère) pour la mobilisation 2012. Il y aura une journée inter-religieuse sur le thème : Une spiritualité de l'action.