La mairie de Douai (département du Nord) a été amenée à interdire le "burkibini" (de burka et de bikini !) dans les deux piscines municipales qu'elle gère, en principe pour des raisons d’hygiène (de même que le short de baignade est interdit aux hommes depuis belle lurette) car les vêtements non collants sont porteurs de microbes et résistent aux douches, lesquelles sont obligatoires avant d’aller plonger dans la piscine ( lien)
De tout temps, les populations se sont réciproquement distinguées par des vêtements, des tatouages, des scarifications, leur langue ou idiome, leur religion, leurs produits, leur habitat, leurs interdits, etc. Cette affirmation identitaire s’est faite au niveau des clans, des ethnies, des régions, des nations, des religions. C’est ce qu’on peut appeler des particularismes culturels, lesquels sont respectés sauf par les Etats qui veulent uniformiser leur sujets afin de les assimiler à une culture dominante.
On appelle communautarisme des particularismes qui s’opposent aux règles et lois admises par la société globale, voire qui diabolisent les autres. Des communautés revendiquent des règles à part pour leurs adhérents. Faut-il alors négocier ? adapter les règles générales ? admettre des exceptions ? procéder à des aménagements raisonnables ? créer des alternatives ?
L’attitude libérale consiste à mettre en avant les droits des individus, leur liberté, et donc elle fait preuve de la plus grande des tolérances. Certains au contraire pointent, dans certains cas, les incompatibilités avec une société moderne. Peut-on affirmer au sein d’une même société qu’il y a des gens purs et des gens impurs (1) ? des castes ou des races inférieures ? peut-on admettre la polygamie ? Peut-on enseigner encore aujourd’hui des théories scientifiquement fausses comme le créationnisme (2) ? Peut-on refuser des actes médicaux et chirurgicaux lorsque le pronostic vital est engagé (3) ? peut-on enseigner la diabolisation des autres, qu’on détient seuls la Vérité, que le monde court à l’apocalypse et que ne seront sauvés que les adeptes ? Etc. A défaut de choc des civilisations, n’y a-t-il pas dans ces cas de véritables heurts de culture ? ou bien encore lobbying de certains milieux sectaires ?
(1) mais aussi pour les pratiques, les aliments, etc. Voir notre article "Entre islamophobie et islamophilie, 6ème article – le pur et l’impur" (lien)
(2) à ne pas confondre avec le "Dessein intelligent" qui, lui, est une hypothèse de recherche toujours fiable, du moins au niveau philosophique (lien)
(3) les témoins de Jéhovah refusent la transfusion sanguine dans tous les cas, pour des raisons « bibliques » (ils sont les seuls lecteurs de la Bible à arriver à cette norme, ce qui suppose que les autres ne savent pas bien lire !)
Contre les emprises religieuses et leur cortège de préjugés et de prétentions, la France a été amenée à prendre des mesures comme les lois laïques du début du XXème siècle, puis, plus récemment, contre l’offensive des islamistes qui cherchaient à visualiser leur influence auprès des jeunes musulmanes, en interdisant tout signe religieux ostentatoire à l’école, puis celui du voile intégral dans nos espaces publics. Contrairement à la « prudence » - ou disons le crûment la lâcheté - et aux contorsions à n'en plus finir d’autres mouvances chrétiennes, les Actualités unitariennes ont résolument menés campagne tambour battant et sans état d'âme contre la burqa et le niqab (voir notre rubrique « l’islam en Europe », lien).
Mais l’Etat est-il obligé de répondre à toutes les demandes communautaristes ? Celles-ci ne peuvent-elles pas se tourner vers le privé : des établissements scolaires avec des crucifix dans les classes, des cliniques qui acceptent que leur personnel soignant soit de même sexe que le patient, des piscines qui acceptent le burkibini, etc. Bien entendu, les tarifs ne sont plus les mêmes !
En rappelant que même dans ces situations, l’Etat doit resté dans son rôle de surveillant : une transfusion sanguine non faite en cas de nécessité équivaut à une non assistance à personne en danger, l’enseignement (même non conventionné) doit suivre les programmes officiels, les entreprises ne doivent pas faire de discrimination à l’embauche, etc. La loi est applicable par tous !
Il reste bien entendu, dans les cas les plus extrêmes, les clubs privés (encore plus chers !) qui, eux, ne font entrer que leurs clients inscrits et peuvent refouler les "indésirables".