C’est sans cesse une intrusion du niveau national dans les affaires régionales et locales (département et commune) que ce soit pour le choix des têtes de liste lors des élections européennes, régionales, parfois cantonales et communales, dans les alliances électorales à établir, et dans le programme à présenter. En d’autres termes, nos partis politiques sont hyper centralisés. Pire, à l’instar du pape de Rome, ils émettent des rappels à l’ordre et des excommunications pour ceux dont le discours ne s’aligne pas sur la ligne du parti, laquelle est décidée par un bureau national.

Au milieu du XIXème siècle, l’Eglise catholique rappela le principe de subsidiarité dans l’encyclique Rerum Novarum, qui définissait sa doctrine sociale, afin de régler les affaires humaines à partir des niveaux les plus bas : le ménage, la famille élargie, le quartier, la commune, le département, la région, l'Etat, l'Europe. Ce principe, appliqué par les synodes protestants (et non dans le système « papal » !) reste d’actualité et nous ne pouvons que le conseiller. Certes le niveau national peut donner des conseils, proposer des ressources humaines, mais en aucun cas donner des ordres au nom d’une cohérence qui est celle des partis totalitaires.
Le théologien unitarien américain James Luther Adam, de sensibilité chrétienne, en appelait lui aussi, à la veille de la Seconde guerre mondiale, à la mobilisation des communautés de base contre la montée du fascisme (lien). C'est dans la mesure où les gens vivent la démocratie directe dans leurs appartenances locales (les collectivités territoriales, mais aussi les associations sportives, ethniques, religieuses, etc.), qu'il y a une éducation à la démocratie, à la liberté de penser et de s'exprimer, et en même temps le sens des relations à autrui afin de pouvoir prendre des décisions communes.
Lors des dernières présidentielles, on a vu les Français accorder leurs suffrages à des candidats qui avaient eu le mérite de faire bouger les lignes habituelles de leur parti et prendre des risques personnels, proposer le dépassement des clivages habituels. Mieux, une personnalité centriste a fait le score remarquable de 18% en proposant un dépassement du sempiternel clivage Droite Gauche. Mais il se retrouve aujourd’hui avec des sondages de 4 à 5 % en vue des régionales pour avoir finalement choisi un camp contre l’autre à l’inverse de son premier discours qui était de faire la politique autrement : après avoir perdu la plupart de ses députés aux présidentielles (car il ne souhaitait pas que ceux-ci rejoignent ’un Gouvernement de Droite), la moitié de ses électeurs aux Européennes (car ayant préconisé une alliance avec les seuls partis de Gauche), le voilà maintenant qui perd ses présidents de région et de département car il veut leur imposer des parachutés ! Ce n'est bien entendu qu'un cas parmi d'autres meneurs politiques.
Alors, lorsqu’on adhère à un parti, non seulement on est encarté (c’est à dire possesseur d’une carte qui témoigne de votre cotisation), mais on est aussi mobilisé, encadré, guidé, surveillé, et mis en quarantaine s’il le faut ! Bref, la « discipline du parti », le resserrement des rangs avant les échéances électorales pour «gagner», le besoin de cohérence rappelé par la hiérarchie … Et qu’importe si vous avez été élu par le peuple, si vous êtes député et ayez déjà une bonne expérience, vous êtes toujours redevable du parti qui vous a fait connaître et qui vous tient en laisse ! Vos électeurs, avec vous, sont pris en otage, certes pour la bonne cause.
On nous dit qu’il nous faut des partis politiques, mais ceux-ci alimentent un système hyper compétitif où c’est la prise du pouvoir qui compte avant tout et non pas l’éducation civique ; d’ailleurs question formation, les témoins de Jéhovah sont des enfants de chœur par rapport à la pédagogie de certains partis politiques. Lorsqu’il y a des débats publiques, les mêmes partis, à qui mieux mieux, font d'ailleurs tout pour qu’ils dégénèrent en polémique.
Ne peut-on pas faire de la politique autrement, avec un autre style et dans un système moins barbare, plus civilisé ?
En attendant que nos sphères politiques veuillent bien se réformer ( ce qui prendra un certain temps ! ), venez dans les communautés religieuses ! Au moins vous pourrez y discuter sans animosité, échanger vos connaissances, être écoutés, réfléchir à plus long terme, faire des propositions qui ne soient pas immédiatement sanctionnées par un vote dit « majoritaire » mais qui aient le temps de cheminer dans les esprits ; avec, cerise sur le gâteau, l’amitié fraternelle en prime ! En plus, c’est gratuit !
Et puis, chez les unitariens, on ne vous ennuiera pas avec une doctrine ni avec un programme à la clef ; on vous acceptera avec vos convictions philosophiques, spirituelles ou religieuses, dès lors qu’elles sont tolérantes, avec votre propre tradition et culture dès lors que vous sachiez les partager avec les autres ; surtout on vous accueillera vous-mêmes dès lors que vous écoutiez aussi les autres et faite effort avec amitié pour les comprendre dans leur propre cheminement. On vous demandera seulement de ne pas vous exciter contre tel ou tel homme ou femme politique et de respecter le travail qu’ils font comme le respect dû à tous les métiers et à toute personne.
Eh oui ! la démocratie, çà s’apprend, car, de plus en plus, elle devient l’art de gérer la diversité de nos sociétés composites.