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21 juin 2010 1 21 /06 /juin /2010 16:27

Vois les coquelicots de nos landes cathares

Longtemps après les cendres humaines des bûchers cathares
Seuls les coquelicots ont repoussé, car leur couleur sont de sang.
Longtemps après les paroles du dernier prêcheur occitan,
Le vent des landes murmure encore la vie parfaite
De ceux qui furent des bons hommes et des bonnes femmes


Ils voulurent à la fois mener vie laïque et sainte
En restant au village, cultivateurs et artisans,
Dans des maisons à toute autre pareil.
A Montségur se réfugièrent protégés par un seigneur
Mais la croisade vint les y brûler par nuit de Noël


Désormais, pour son salut, l’âme humaine devra quitter famille,
Aller au séminaire, entrer dans les ordres grégoriens,
Renoncer au mariage, mais, hypocrite, non point aux plaisirs de chair !
Obéir à un pape lointain, l’Anté-Christ de Rome,
Qui désigna les hérétiques et les fit massacrer


La Bête immonde de l’Apocalypse,
Qui est le visage de tous les empires cruels
De toutes les croisades fanatiques
De tous les intégrismes religieux
De tous les totalitarismes qui imposent leur uniformité.


Elle avait, la Bête, des habits en noir et blanc.
Prêcheurs de saint Dominique devenus bourreaux ;
Passant de village en village pour confession et délation.
Elle avait, la Bête, le bruit du galop des chevaliers venus du Nord
Pour prendre, sans vergogne, les maisons et les terres


Oui le vent des landes murmure encore la vie parfaite.
Si tu passes par là, prêtes y l’oreille car l’Histoire réveille ses morts
Les étendards se lèvent d’une armée de fantômes
Qui sort de l’ombre comme on sort à la lisière d’un bois
Après tant d’années refuge, tant de siècles d’oubli.


Les coquelicots des terres cathares
Sont pour nous présages d’espoir, tâches revivancielles,
Espérance d’un renouveau chrétien loin de Rome,
D’un christianisme libéré, multicentré en autant d’Eglises locales
Qui savent si bien épouser la terre patrimoniale.


Poème de Jean-Claude Barbier, le dimanche 20 juin 2010

 

coquelicots_vus_sur_sulamite.jpg

 

« Je vais te dire la raison pour laquelle on nous appelle les hérétiques : c’est que ce monde nous hait. Et il n’est pas étonnant que ce monde nous haïsse (1 Jean 3.13), car il a haï avant nous Notre Seigneur, qu’il a persécuté ainsi que ses apôtres … C’est qu’il y a deux Eglises : l’une fuit et pardonne, l’autre possède et écorche » (Bon homme Pèire Autier, début 14è siècle)

 

Ce poème a été inspiré par le visionnement de deux films réalisés par France 3 Sud avec la contribution d'Anne Brenon, Jean-Louis Gasc, Pilar Jimenez, et Gwendoline Hanke (vidéo 1, vidéo 2).


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19 juin 2010 6 19 /06 /juin /2010 07:00

michel_servet_guillerm_farel.jpg

photo envoyée aux Actualités unitariennes par Ugo Rizzato

 

Dans la pièce historique d'Ugo Rizzato "Georges Biandrata, le renard et le lion", mise en scène par Valter Scarafia et jouée par la compagnie du Théâtre du Marquis (Saluzzo, Piémont, Italie) (lien). Ici, Michel Servet (joué par Ugo Rizzato lui-même), dans sa prison, reçoit la visite de Guillerm Farel (joué par Franco Bellino), pasteur réformé et bras droit de Jean-Calvin.

 

La conviction sincère et têtue de l'accusé et la morgue de l'inquisiteur. Tout cela parce que Michel Servet n'était pas favorable au baptême des jeunes enfants (le pédobaptême) et qu'il ne trouvait pas le dogme trinitaire dans le Nouveau Testament, ce qui est tout à fait exact (voir le récent billet de Michel Théron dans Golias-hebdo, rubrique "le blog du sacristain", intitulé "Trinité") !

 

Avec Michel Servet (brûlé vif à Champel, hors des murs de Genève) et d'autres anti-trinitaires emprisonnés et exécutés, l'unitarisme a ses martyrs. Elle en garde le souvenir ; elle en fait souvenance ; ce sont ses racines historiques. L'unitarisme a une histoire héroïque avec des personnalités dont elle est légitimement fière (voir notre site documentaire de La Besace des unitariens) et qui jalonnent son développement dans le temps et dans l'espace. Le dernier martyr fut le révérend Norbert Capek, gazé au camp nazi de Dachau en octobre 1942 (le culte des unitariens de ce mois de juin lui rend particulièrement hommage).

 

Une tradition est faite de personnes qui y croient et s'y consacrent.

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18 juin 2010 5 18 /06 /juin /2010 12:07

La mouvance unitarienne est résolument moderniste et sait utiliser l'Internet. Un groupe Yahoo "Unitariens francophones" depuis avril 2005 et qui marche toujours bien avec plus de 110 membres et une moyenne mensuelle de 600 messages par mois (lien). Et puis de nombreux blogs apparus depuis décembre 2006. Elle a donc les moyens de s'exprimer, de faire circuler des textes et de publier des inédits, etc. Mais de là à se faire largement connaître, il y a un pas !

 

Certes les moteurs de recherche sont efficaces et captent fort bien les nouveaux articles, mais la Toile est foisonnante et il faut y jouer des coudes pour faire surface ! En cela, nos Actualités unitariennes constituent une véritable locomotive entraînant le reste des blogs unitariens, ou - pour reprendre son logo - un engin volant à la tête d'un vol d'oiseaux sauvages !  Elles tournent avec près de 200 visiteurs par jour, lesquels lisent au total plus de 400 articles.

 

Pegase--vu-sur-loudie--Over-blog.JPGEn plus, Depuis plus d'un mois et demi, les voici classées dans le Top des blogs de la plateforme qui nous gère, Over-blog, la toute première en France en importance, actuellement à la 1 672ème position de ce classement. Son blogrank (l'indice sur lequel est basé ce classement) tourne autour de 75 sur 100 pour les 6 derniers jours.

 

Au sein des blogs d'Over-blog consacrés aux religions, les Actualités unitariennes se débrouillent fort bien au milieu de blogs piétistes et charismatiques qui connaissent un grand succès, consacrés au culte marial ou bien à l'édification salafiste, si ce n'est aux illumatis cosmiques !  ou encore par rapport à des blogs d'institutions, tels que diocèses et mouvements importants. Elles arrivent en 15ème position parmi les blogs qui disent traiter de la Religion (soit 554 blogs) et en 13ème position pour "Religions" au pluriel (soit 343 blogs).

 

Par ses points de vue nourris d'une tradition religieuse et culturelle, en mettant en avant une réflexion éthique et morale, ses analyses sans langue de bois, par son indépendance politique, également par ses inédits en provenance du réseau de la Correspondance unitarienne, qui compte quelques 250 membres, et par sa présentation soignée et ses illustrations, les Actualités unitariennes ont su fidéliser une clientèle et se faire apprécier. Elles continuent plus que jamais sur leur lancée ! Merci à toutes celles et ceux qui nous lisent, se sont abonnés ou nous ont mis dans leurs favoris ou qui nous rendent visite de temps à autres, et nous encouragent.

 

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18 juin 2010 5 18 /06 /juin /2010 06:57

La Ville de Genève vient de compléter le monument expiatoire à la mémoire de Michel Servet qui, à l’occasion du 350e anniversaire de sa condamnation, avait été érigé en 1903 sur l’emplacement présumé de son bûcher, par une plaque explicative.


En rappelant les propos de Sébastien Castellion, contemporain de Jean Calvin, celle-ci, non seulement apporte des informations mais rectifie aussi l'affirmation de la stèle selon laquelle il s'agissait d' "une erreur de son temps". Or l'erreur fut bien d'abord celle de Jean Calvin qui via ses relations dénonça Michel Servet à l'Inquisition catholique, ce dernier habitant Vienne (en France), puis le fit arrêter lorsque qu'il s'aventura à Genève (c'est son domestique qui servit alors d'accusateur), mena bel et bien un procès inquisitorial, s'y acharna manifestement jusqu'à donner lieu au soupçon d'un règlement de compte personnel, le justifia par la suite haut et fort par un libelle et en fit une théologie de la condamnation de l'hérésie avec appel au bras séculier. L'opinion publique constata (soit pour applaudir, soit pour réprouver) que les protestants, en la matière, faisaient comme les catholiques !


Voici ce que dit cette plaque dont on ne peut que souligner l'opportunité.

 

RIMG1532-copie-1.JPGRIMG1532.JPG


Michel SERVET, (1509 ou 1511 – 1553), médecin et homme de science espagnol, né à Villanueva de Sigena, province de Huesca, région d'Aragon. On lui reconnaît la découverte de l’oxygénation du sang. Il publia plusieurs ouvrages théologiques, refusant la trinité et le baptême des enfants, qui furent jugés blasphématoires par les catholiques et les protestants de son époque.
Il chercha à faire reconnaître ses idées par Jean CALVIN, sans succès. Condamné à mort par les autorités de la Ville de Genève, pour hérésie, il fut brûlé le 26 octobre 1553.
Sébastien CASTELLION, régent du Collège de Rive, exilé à Bâle, s’éleva en défense post mortem contre le traitement subit pour hérésie et écrivit : «Tuer un homme, ce n’est pas défendre une doctrine, c’est tuer un homme. Quand les Genevois tuèrent Servet, ils ne défendirent pas une doctrine, ils tuèrent un homme
Ce monument, commandé à l'initiative d'Emile DOUMERGUE, historien français, doyen de la faculté de théologie de Montauban, est gravé sur les deux faces.

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17 juin 2010 4 17 /06 /juin /2010 10:42

Alors que la communauté protestante de Hautepierre, en banlieue de Strasbourg, vient de recevoir les témoignages de réconfort des autres communautés religieuses en une cérémonie interreligieuse le 15 juin (pour des incidents passés les 20 et 28 mai) (lien), on apprend que les murs de l’église catholique du petit village de Rittershoffen (qui fait partie de la paroisse Saint-Pierre du Hattgau *) ont été taguées d’un « fuck Israël » [je baise Israël] de 2m de long, avant le dimanche 13 juin. Le lieu est historique car il fut le théâtre d’une importante offensive de chars américains en 1944 qui a percé le front allemand et contribué à la victoire finale.
* à l’extrême nord de l’Alsace, le Hattgau était un bailliage protestant du landgrave de Hesse ; les protestants y sont toujours majoritaires.

rittershoffen_eglise_catholique.JPGrittershoffen_eglise_catholique_tag.JPG

 

Plus de doute ; la réprobation générale qui a suivi l’arraisonnement sanglant de la flotille « humanitaire » contre le blocus de Gaza par les commandos de l’armée israélienne a créé l’opportunité pour un passage à l’acte de groupes anti-israéliens / anti-sionistes / anti-sémites (= anti-Juifs) / pro-palestiniens / pro-musulmans. Dans une même haine, sont englobés les suppôts d’Israël qui sont automatiquement les ennemis de Gaza et plus largement des Palestiniens et de l'islam.


Un chapelet de lieux vandalisés maculent de tâches la carte d’Alsace. Le 20 mai, le panneau d’affichage de l’église protestante d’Hautepierre est incendié sans doute parce qu'il y présentait un voyage en Israël ; le 28 du même mois, la bible posée sur la table est déchirée ; on s’en prend aussi au psautier. Le fait que cette Eglise s’enorgueillit en son sein d’une chorale gospel réputée, "High Rock Gospel Singers », n’est peut-être pas étranger à son ciblage. Avant le dimanche 13 juin, c’est au tour de l’église catholique de Rittershoffen. Puis le 14 juin, le cimetière américain de Sigolsheim (au nord-ouest de Colmar) est couvert pour la première fois d’une vingtaine de graffitis. Ceux-ci renvoient à des noms de quartiers populaires de Belfort, Mulhouse, Strasbourg … et à un héros comique du cinéma turc « Cilali Ibo ». Au passage, on « Niouf les Français » et on « Nique la Bac » (Brigade anti-criminalité), etc. Quant au drapeau américain, il y est retiré en moyenne une fois par mois ! (voir l’article  d’Alsace.fr « Vandalisme au monument aux morts américains », le 15/06/2010) .


La profanation d’une quinzaine de tombes de soldats britanniques du cimetière de Loos-en-Gohelle (Pas-de-Calais) le 10 juin, avec des inscriptions nazies, semble par contre être l’œuvre des nazillons de la nébuleuse d’Extrême droite.  


Et demain ? Le message est clair : on ne s’attaque plus seulement aux synagogues, mais aussi à tous ceux qui de près ou de loin sont supposés soutenir Israël. La logique est celle de la guerre : les libéraux et les modérés, tous ceux qui sont dans l’expectative, qui prodiguent des conseils de bonne volonté, sont bien malgré eux happés dans la tourmente. Il en fut ainsi du communisme et des fascismes du XXème siècle. Les intégrismes musulmans de ce début du siècle, très certainement en collusion avec des mouvances politiques françaises gauchistes qui leur assurent soutien et assurance psychologique (certains milieux anarchisants, trotskistes, etc. ), génèrent des nébuleuses glauques particulièrement activistes et empruntent le même chemin des Révolutions de haine.

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15 juin 2010 2 15 /06 /juin /2010 19:40

On sait que les églises catholiques sont souvent vandalisées et profanées par les satanistes, mais qui donc peut s’en prendre à l'église protestante * de Hautepierre, en banlieue nord-est de Strasbourg ?

* Temple protestant luthérien de l'Eglise de la Confession d'Augsbourg d'Alsace et de Lorraine (ECAAL), aujourd'hui regroupée avec des Eglises réformées au sein de l'Union des Eglises Protestantes d'Alsace et de Lorraine (UEPAL)

 

Hautepierre.jpg

Bizarrement la presse protestante au niveau national (Réforme, hebdomadaire protestant) n’en dit mot par crainte de représailles ? par profil bas ? par manque de dire tout haut ce qu'on pense tout bas ? parce que ce n’est pas politiquement ni religieusement correcte de désigner une certaine piste ? Seule une paroissienne a fait circuler un courriel pour protester : une bible déchirée, un livre de cantiques jeté à terre …. Bon, ce n’est pas tout à fait le Coran descendu du ciel, mais quand même ! Les fidèles sont sous le choc. En plus, ils ont l’amertume de voir que, pour les médias, on fait du buzz pour les autres lieux de culte que le leur : deux poids, deux mesures.


Subrepticement, grâce à 20 minutes.fr du 15 juin 2010 (lien), on apprend qu'un panneau d’affichage avait été brûlé ; il présentait un projet de voyage en Israël. Tiens ! ben la voilà la pisteCe ne sont pas des Ovni qui sont venus par deux fois vandaliser le temple (le 20 mai pour le panneau d’affichage sous le porche, puis le 28 pour la bible), mais très probablement ce qu’on appelle les islamo-gauchistes (ceci dit en attendant l’enquête de police) : interdit de commercer avec Israël, interdit d’y organiser des voyages ; bref, le blocus de Gaza en sens inverse et sur le dos des Français, avec à la clef des représailles pour ceux qui ne comprennent pas le message (car il s’agit de diktat et non point de proposition démocratique).


Le Hamas (qui émarge aux Frères musulmans *) n’est pas une organisation d’enfant de chœurs et on peut supposer qu’il noyaute largement les mouvements pro-palestiniens … ce qui n’est pas pour simplifier les choses. Comment ces mouvements pourront-ils nous faire croire qu’ils font simplement de l’humanitaire ? Et pourtant, comment ne pas protester contre la politique israélienne qui brime le peuple palestinien en général et ceux de Gaza en particulier ? La situation est humainement douloureuse, politiquement inadmissible, et les mouvements de protestations malheureusement de plus en plus suspects …
* voir notre article « L’OPA des Frères musulmans sur l’islam de France » (lien)


Le temple protestant de Hautepierre après la mosquée de Drançy * et avant quel autre lieu de culte ?
* voir notre article : « Hassen Chalghoumi, un imam républicain à protéger » (lien)


Nous avons souvent dit ici que chaque mouvance devait balayer devant sa porte, faire le ménage dans ses rangs ; les mouvements pro-palestiniens devront le faire aussi pour garder toute leur crédibilité …


L’adjoint du maire nous dit que c’était seulement « un acte stupide qui comme un incendie d’école aurait pu se produire n’importe et où » et qu’il ne faut donc pas dramatiser. Bon ! on se calme ! Vous avez dit islamo-gauchisme ? Honni soit qui mal y pense …


Sauf que le philosophe français Alain Finkielkraut ne semble pas lui non plus dupe de ce qui se trame. Invité à la 7e conférence sur l'enseignement de la Shoah, organisée par le mémorial de Yad Vashem à Jérusalem, il a déploré que l'enseignement de la Shoah, notamment dans les écoles, " soit si difficile en France ". Selon lui, " la situation au Proche-Orient risque d'amplifier ce mouvement de rage contre la mémoire de la Shoah qui existe " dans le pays. Dans une interview à l'AFP, le philosophe a désigné ce mouvement comme " l'union de gens issus de l'immigration et d'intellectuels progressistes, une sorte d'arc islamo-gauchiste qui m'inquiète ". "Je crois que le moment où Auschwitz sera boycotté comme un produit israélien peut arriver ", a-t-il ajouté, en faisant allusion au mouvement international pro-palestinien qui appelle au boycottage économique et culturel d'Israël. (Le Monde, du 13 juin 2010) (lien)


Ce mardi 15 juin, une cérémonie interreligieuse de soutien aux paroissiens est organisée. Les unitariens français s’y joignent de tout cœur et témoignent de leur entière solidarité. Côté vigilance, une enquête de police s’avère elle aussi nécessaire.

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15 juin 2010 2 15 /06 /juin /2010 04:32

michel theron portraitparu dans Golias Hebdo, mis en ligne avec l'autorisation de l'auteur, lequel est membre du comité de rédaction de cette revue.


Elle est affirmée et vantée dès le début de la Bible. Ainsi dès la Genèse Dieu crée, dans les eaux, les airs, et sur la terre, toute espèce vivante qu’il trouve bonne, bénit et engage à se multiplier : 1/20-25. Aucune exclusive donc, et les écologistes d’aujourd’hui se retrouveraient sans nul doute dans cet accueil de bienvenue, chaleureux et inconditionnel, réservé à tout ce qui vit.


Cependant le malin génie qui me souffle souvent à l’oreille des initiatives incongrues et iconoclastes m’a poussé à ouvrir mon "Rituel romain", en latin, édité à Tournai en 1952. À côté des bénédictions diverses et applicables à tout usage, y compris les plus insolites (bénédiction de navire, de véhicule de toute sorte, y compris de voiture de pompiers, de sismographe destiné à prévenir des tremblements de terre, etc.), j’y ai trouvé des formules de malédiction ou d’exorcisme, destinées à éloigner les « rats, sauterelles de diverses espèces, les vers, et autres animaux nuisibles », qui constituent des « pestes » dévorant les récoltes : p. 626. La demande n’y va pas par quatre chemins : « Où que vous alliez, soyez maudits, diminuez en nombre jusqu’à ce que plus rien ne reste de vous en nul lieu ! » : p. 627.


Nous voilà donc au rebours du « croissez et multipliez-vous » de la Genèse. Un tri est donc fait entre tout ce qui vit, pour séparer ce qui sert l’homme et ce qui, au moins le pense-t-il, lui nuit. Apparemment le Dieu biblique des origines n’avait pas prévu ce scénario.


Gageons que François d’Assise n’aurait pas aimé ces formules anthropocentriques de « déprécation », lui qui écrivit le Cantique des créatures, les unissant toutes dans un commun accueil. Pourquoi ne pas parler à sa suite de « mon frère le pou », et de « ma sœur l’araignée » ? Mais de même qu’à son éloge de la pauvreté nous avons préféré l’activité capitaliste de son père, riche commerçant, de même à la bénédiction de tout ce qui vit nous préférons encore l’anathème et l’hostilité.

 

C’est bien dommage, car, toute question religieuse mise à part, la biodiversité est bénéfique. Les scientifiques qui l’étudient nous montrent bien qu’il suffit de la gérer, que tout sert d’une façon ou d’une autre dans un biotope donné, et que la notion d’espèce nuisible ou de mauvaise herbe est dépourvue de sens.

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15 juin 2010 2 15 /06 /juin /2010 04:20

michel_theron_portrait.jpgparu dans Golias Hebdo, mis en ligne avec l'autorisation de l'auteur, lequel est membre du comité de rédaction de cette revue


Il a fort mauvaise presse aujourd’hui, où l’on ne parle que de droits, qu’on ne cesse de revendiquer. Pourtant un minimum de réflexion montre que droits et devoirs sont inséparables. Tout rapport entre les hommes repose sur un pacte tacite : tout devoir crée un droit, et tout droit suppose un devoir. On ne peut penser l’un sans l’autre. Est devoir une obligation dont la non-observation lèse l’autre partie entrant dans le contrat.


Les parents ont le devoir de subvenir aux besoins de leurs enfants, jusqu’à ce qu’ils soient en état de se suffire à eux-mêmes. Si par malheur ce moment n’arrive jamais, dans le cas des grands handicapés par exemple, ce devoir ne s’éteint jamais. En contrepartie, les parents ont le droit d’être obéis de leurs enfants. Ces derniers ont de leur côté à la fois le droit d’exiger l’assistance de leurs parents, et le devoir de leur obéir – je ne dis pas de les respecter, car le respect est un sentiment, qui ne se commande pas : on dit très bien : « inspirer le respect ».


Si je suis attaqué par un malfaiteur, j’ai le droit d’exiger du policier qu’il me vienne en aide, et lui a le devoir de le faire. En contrepartie, si je commets une infraction, le policier a le droit de me sanctionner, et j’ai le devoir de me conformer à la sanction.


Aujourd’hui, l’aveuglement ou la superficialité des esprits sont tels que le devoir apparaît souvent comme une limite insupportable, une part de destin à récuser. Voyez aussi ce qui est arrivé à l’ancienne idée de noblesse. Est noble initialement celui qui s’impose un but, plus élevé que ce qu’il est lui-même, par lequel il se sent jugé, parfois condamné. Noble celui qui se donne des devoirs : « Noblesse oblige ». Non pas celui qui se donne ou revendique des droits.

 

Mais une fois oublié le fait que chaque droit est l’envers d’un devoir, on n’a pensé qu’à jouir de ses droits, vus dès lors comme prérogatives ou privilèges sans contrepartie. Toute la tragédie de la noblesse héréditaire est là : la vraie noblesse, disait pourtant Molière dans Dom Juan, ne consiste pas dans le nom que l’on porte, mais dans les actions que l’on fait. Cet oubli, qui a perdu l’ancienne noblesse, ne le fait-on pas encore aujourd’hui ?

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14 juin 2010 1 14 /06 /juin /2010 11:28

"La burqa, un problème du vivre ensemble", par Jean-Claude Devèze, dans Démocratie et spiritualité (D&S), lettre n° 88 du 22 mai 2010, lien

Le vote le 12 mai d'une résolution par la chambre des députés « sur l'attachement au respect des valeurs républicaines face au développement des pratiques radicales qui y portent atteinte » est un point positif. Par contre, du fait de la complexité des problèmes soulevés par une loi sur l'interdiction totale de la burqa, le débat devrait se poursuivre pour dégager le plus large consensus possible.

Chacun de nous a son point de vue sur le débat en cours sur la burqa, y compris celui de penser que c'est une façon pour certains responsables politiques de nous détourner des problèmes essentiels. On ne peut cependant ignorer que ce sujet se retrouve au centre de questions cruciales comme le statut de la femme, l'égalité homme-femme, l'importance dans la relation à l'autre de voir son visage *. Le débat engagé est difficile, car il pose des questions mettant en cause diverses sphères :
 dans la sphère juridique, celles du respect du droit français et européen en matière de manifestation de ses convictions en public ;
 dans la sphère culturelle, celles de la mise en oeuvre d'accommodements raisonnables entre les expressions personnelles d'identité et le respect des us et coutumes dominants ;
 dans la sphère sociale, celles du respect d'autrui dans ses comportements et dans ses vêtements, mais aussi celles des pratiques favorisant l'ouverture à l'autre et la lutte contre l'exclusion ;
 dans la sphère de l'ordre public, celles de l'exigence de pouvoir identifier chaque personne  à visage découvert et de mettre des barrières aux manoeuvres des intégristes et des provocateurs ;
 dans la sphère politico-religieuse, celles de la place des religions, de leur rapport au politique et d'une mise en oeuvre constructive de notre laïcité.

Compte tenu de mon histoire et de ma réflexion au sein de D&S, je cherche une position équilibrée et constructive entre l'aspiration au rappel ferme du respect de règles du vivre ensemble et le dépassement de la multiplication des interdits pour bâtir une histoire commune porteuse de sens.

J'ai été frappé au Mali de voir l'évolution d'une collègue musulmane qui d'abord se voila, puis expliqua gentiment qu'il ne fallait plus lui serrer la main. Cela me conduisit à me poser la question de savoir si certains comportements, remettant en cause nos règles de vie en société, me sembleraient acceptables en France. Au moment où notre effort doit porter sur la prise en compte de la diversité culturelle, l'apparition de burqas, signe de repliement sur une communauté fermée, me semble remettre en cause l'ouverture sur l'autre indispensable pour vivre en société ; de plus ceci contribue à donner une fausse image de l'Islam et à accroître les ressentiments et les peurs vis à vis des « étrangers ». Pour ces raisons, il me semble indispensable de lutter contre le port d'une burqa dans l'espace public en l'interdisant déjà dans tous les services publics.

Convaincu par ailleurs que le vivre ensemble ne se décrète pas, je suis sensible aux arguments du conseil d'Etat quand il rappelle "l'injonction de médiation sociale", "question d'efficacité et de pédagogie", le souci étant de "ne pas provoquer de réactions disproportionnées par rapport au phénomène que l'on souhaite résorber". Ceci doit conduire à revoir comment donner à tous les éléments indispensables de compréhension des diverses religions et à mettre en place les instruments indispensables de médiation entre demande de reconnaissance de sa spécificité et nécessité de règles communes favorisant la fraternité.

Ce qui est en jeu, c'est notre capacité à trouver des réponses à un problème qui fâche dans le cadre d'une approche ambitieuse du vivre ensemble dans la durée. Ceci devrait nous conduire à replacer le problème de la burqa, et plus largement celui de communiquer à visage découvert, dans les démarches en cours de prise en compte de la diversité culturelle et des marginaux; ces dernières préoccupations sont au coeur de la démarche « Pacte civique ».

* Emmanuel Levinas nous rappelle que «le visage est signification, et signification sans contexte » et qu'il est « sens à lui seul », nous invitant à une éthique du face à face.

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14 juin 2010 1 14 /06 /juin /2010 09:57

LAÏCITÉ ET CITOYENNETÉ ; une chance pour les religions ; un Colloque organisé par le CEDEC (Chrétiens pour une Église dégagée de l’école confessionnelle), SAMEDI 23 OCTOBRE 2010, « Espace Rivoli » 61, Boulevard Rivoli, LA ROCHE-SUR-YON, contact


8 H 30 - Accueil des participants
9 H - Ouverture du colloque par Didier Vanhoutte, ancien Président du CEDEC, rédacteur en chef de la Revue les Réseaux des Parvis.
9 H 30 – 10 H 45 - "Laïcité et citoyenneté : deux dynamiques indissociables" par Laurent Laot, prêtre, sociologue, ancien enseignant à l'Université de Bretagne occidentale.
11 H – 12 H 15 -  "La laïcité, une chance pour le christianisme" par Jean Riedinger, secrétaire de l'O.C.L. (Observatoire Chrétien de la Laïcité), vice-président de la Fédération Réseaux du Parvis.
14 H – 15 H 15 -  "La prétendue incompatibilité de l'islam et de la laïcité" par Ghaleb Bencheikh, Président de la Conférence mondiale des religions pour la paix, auteur de "la laïcité au regard du Coran". (Presses de la Renaissance).
15 H 30 – 16 H 30 - Débat avec les participants.
16 H 30 - Conclusions

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