Les diacres catholiques sont encore peu nombreux, mais c’est une élite assurément montante : 11 848 diacres européens (dont 2 169 Français), 23 256 Américains (dont 16 578 en Amérique du Nord), mais seulement 163 en Asie et 403 en Afrique ; soit un total de 35 942 diacres permanents du monde.
Tout comme les prêtres diocésains, ils sont ordonnés par l’évêque du lieu. Ils ont en charge le ministère de la parole, à savoir qu’ils peuvent lire l’Evangile et le commenter dans le cadre d’un sermon en bonne et dû forme, même en présence d'un prêtre officiant, et bien entendu lors des assemblées dominicales en l’absence de prêtres (adap). S’y ajoute un " ministère des pauvres " qui fait écho aux services des tables dont parlent les Actes des apôtres (6, 1-6) où le diaconat fut institué.
Mais au-delà des belles paroles généreusement fournies par la hiérarchie *, c’est le flou artistique : s’agit-il des activités seulement internes à l’Eglise (catéchuménat, liturgie de la Parole, œuvres caritatives) ou bien d’un engagement " dans le monde ". Dans le second cas, c’est certainement fort généreux, mais la tâche devient alors immense ! Elle est en principe celle des laïcs envoyés en mission dans le monde à la fin de chaque messe.
* le cardinal Cláudio Hummes, préfet de la Congrégation pour le clergé et par ailleurs archevêque émérite de São Paulo, vient d’adresser ce 10 août une lettre " aux diacres permanents " ; mieux, il a écrit aussi aux familles ! – voir l’article dans La Croix de Frédéric Mounier, envoyé spécial permanent de ce quotidien à Rome.
Quant au pape, il a déjà pris ses précautions en avertissant les diacres qu’ils ne devaient pas remplacer les prêtres dans leur rôle spécifique, à savoir la consécration des espèces. Sur ce point, les adap risquent de renforcer ce côté "distribution des hosties" que l’on peut reprocher à la messe catholique *
* du moins par ceux qui sont habitués au partage du pain et du vin dans le cadre de célébrations libres où l’eucharistie retrouve son véritable sens de repas ; voir notre article paru en novembre 2004 dans le n° 1 des Cahiers Michel Servet ", célébrer en liberté ".
Clinique protestante des diaconesses de Strasbourg
Choisis par leur évêques, les diacres et les autres agents pastoraux au service des paroisses ne sont pas des révolutionnaires, ni même des réformateurs, mais, du fait de la crise des vocations à la prêtrise (en grande partie à cause du célibat qui est imposé), ils seront amenés à plus de responsabilité. Assisterons-nous, avec cette promotion des laïcs au sein de l’Eglise catholique, à des changements significatifs ? ou bien, comme (parfois) au sein des conseils presbytéraux chez les protestants à une certaine tendance à devenir des notables locaux se contenant de leur statut ?
message du 21 août reçu de Xavier Martin-Prével
le diaconat permanent a été rétabli à cause de la crise des vocations (il y a plus de 40 ans déjà, au concile Vatican II), mais avec une très grande peur d'une partie du clergé qu'il ne devienne une prêtrise bis mais mariée ! Tout le flou vient de là. La motion a été acceptée par plus de 90 % des membres du concile, mais parce qu'elle ne spécifiait pas expressément que les diacres pourraient être mariés ; elle laissait cette question pour une décision ultérieure personnelle du pape ! Sinon, les intentions de 'vote' auraient été trop partagées à 50/50.
Paul VI n'a pas traîné ensuite pour prendre cette décision ; peu avant sa mort d'ailleurs, il avouait que selon lui le prochain chantier urgent à ouvrir par son successeur était l'accès à la prêtrise pour les hommes mariés, mais qu'il n'avait pas eu le courage de s'y attaquer devant les montagnes qu'il aurait dû affronter. Depuis, il semblerait que nous ayons eu des papes qui ne pensaient pas comme lui ... ou qui étaient encore moins courageux !