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30 avril 2009 4 30 /04 /avril /2009 13:40

La foi d’une femme syro-phénicienne (Marc 7, 24-30 et Matthieu 15, 21-28) par Régis Pluchet (Le Mans). Version légèrement remaniée d'un texte écrit pour un numéro spécial du bulletin de Croyants en liberté Sarthe, mai 2003

" Partant de là, il s’en alla dans le territoire de Tyr. Etant entré dans une maison, il voulait que personne ne le sache, mais il ne put rester ignoré. Car aussitôt une femme, dont la petite fille avait un esprit impur, entendit parler de lui et vint se jeter à ses pieds. Cette femme était grecque, syro-phénicienne de naissance, et elle le priait d’expulser le démon hors de sa fille. Et il lui disait : " Laisse d’abord les enfants se rassasier, car il ne sied pas de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens." Mais elle de répliquer et lui dire : " Oui, Seigneur ! et les petits chiens sous la table mangent les miettes des enfants ! " Alors, il lui dit : " A cause de cette parole, va, le démon est sorti de ta fille." Elle retourna dans sa maison et trouva l’enfant étendue sur son lit et le démon parti (Marc 7, 24-30, traduction de la Bible de Jérusalem).

C’est au groupe biblique de l’Eglise réformée du Mans que je dois la (re-)découverte de ce texte. A première lecture, il m’était apparu significatif d’entendre cette étrangère, une païenne, une femme qui plus est, qui ose répliquer à Jésus. Mais les paroles de celui-ci semblent bien mystérieuses. Bizarre : cette histoire d’enfants et de petits chiens. Là, on a besoin de l’exégèse pour comprendre : à l’époque de Jésus, ce sont des expressions habituelle pour désigner le peuple juif (les enfants) et les païens (les chiens, un terme quelque peu méprisant). Autrement dit Jésus rudoie cette femme. Mais la femme lui réplique aussitôt et Jésus se laisse toucher.

Si Jésus a des mots durs pour cette femme, c’est sans doute qu’il est las qu’on le sollicite, mais c’est peut-être aussi pour l’éprouver. Il vient de s’affronter aux Pharisiens, de remettre en question les notions de pur et d’impur, et même ses disciples avaient du mal à le comprendre. Sans doute a-t-il besoin de prendre un peu de recul vis-à-vis de la foule qui l’entoure. Il quitte la Galilée pour passer en terre étrangère (même s’il s’agit toujours d’une province romaine), en terre païenne. Mais voilà que même là on ne le laisse pas en paix. Même s’il a besoin de repos, la dureté des mots de Jésus me semble assez stupéfiante par rapport à l’image habituelle de compassion que l’on peut avoir de lui, lui que l’on présente sous un jour convivial, qui peut en découdre, certes, avec certaines autorités, mais qui respectent ceux qui viennent à lui, surtout s’ils souffrent.


la femme "Cananéenne", miniatures du Codex Egbert (vers 980), lien  

Mais en y réfléchissant, je crois que cette dureté montre bien son humanité. Contrairement à ce que l’on nous dit traditionnellement dans les Eglises, je pense que Jésus est un homme imparfait, qui fait des erreurs, qui a ses limites comme chacun(e) de nous. Ici, il se laisse aller à une expression peut-être compréhensible dans la bouche d’un autre homme, mais qui est presque méprisante et en tout cas digne d’un " macho " qui ne va pas s’en laisser conter par une femme. Mais celle-ci ne se démonte pas. Sa réponse, du tac au tac, en touchant Jésus, provoque chez lui une prise de conscience. Pour l’exégèse classique, cette histoire marque un tournant : désormais la prédication de Jésus ne s’adressera plus seulement aux Juifs, mais aura une portée universelle.

Je pense que l’on peut aussi l’envisager avec une autre perspective. Jésus comprend mieux sa mission. Autrement dit, il n’a pas su d’emblée quelle est sa mission. Il doute, il hésite, il se trompe sans doute parfois. Car il n’est qu’un homme et non pas un Dieu au sens où on nous l’a enseigné. Dans ce texte, il nous montre ses faiblesses d’homme, de rabbi un peu " macho ", mais aussi sa force intérieure quand il est pleinement homme, en accédant progressivement à une certaine intériorité qui révèle sa filiation divine. Peu après, ce sera d’ailleurs la Transfiguration, cette manifestation de sa divinité. Mais ce n’est pas, à mon avis, une divinité qui le met à part des hommes, mais la révélation de la divinité qui existe au fond de chacun(e) de nous. Rares sont les hommes et les femmes qui arrivent à vivre cette divinité dans une telle plénitude, au-delà des conditionnements, des émotions, des blessures. C’est d’ailleurs justement ce qu’il a enseigné auparavant (Marc 7, 14-23) : c’est tout ce qui emprisonne le cœur de l’homme qui est impur, et qui doit être dépassé.

Quant à cette histoire de démon qui a motivé la démarche de cette femme, je pense qu’on peut la comprendre à un niveau psychologique. Sa fille est en proie à un problème grave. Qui sait s’il ne s’agit pas d’un problème de relation avec sa mère ? En tout cas, je me demande si ce n’est pas la démarche de la mère qui a guéri la fille, plus qu’un pouvoir " magique " de Jésus (même s’il a aussi des capacités de guérisseur). Peut-être la fille est-elle guérie parce que la racine du problème venait de la mère et que la mère s’est elle-même guérie d’une blessure personnelle dont elle a su se libérer en osant s’adresser ainsi à Jésus et lui répliquer.

Régis Pluchet est membre de l'Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU) et représente cette association au sein du Conseil des unitariens et universalistes français (CUUF)

 

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29 avril 2009 3 29 /04 /avril /2009 12:03

Avec le site Unitarian Ministries, lien, animé par le pasteur Maurisa Brown-Latham * et son mari Mitchell Latham (pasteur assistant), les chrétiens unitariens américains disposent désormais d’une base logistique de qualité. Alors que ces derniers avaient parfois tendance à se faire plutôt discrets au sein des congrégations unitariennes-universalistes, lesquelles acceptent des croyants de tous les horizons et des non-croyants, Unitarian Ministries prône la même ouverture mais affirme haut et fort une foi chrétienne centrée sur le rabbi Jésus et en pleine continuité avec l’unitarisme historique des Eglises hongroises.

* voir une présentation de Maurisa Brown-Latham sur le site de l’AFCU.
Comme quoi, avoir une foi vive, faire un choix religieux ou philosophique précis, n’est nullement incompatible avec un partage avec les autres et une ouverture à l’universel. Nous l’avons dit nous même dans une présentation de l’unitarisme contemporain * mis en ligne sur le site de l’Eglise unitarienne francophone (EUfr)
le lundi 28 août 08.
* en français "Une théologie à l’usage de l’unitarisme contemporain", et en anglais "A Theology Adaptable to Present Day Unitarianism".

A un cardinal Ratzinger boudant les rencontres d’Assise organisées par le pape Jean-Paul II et peu doué, dès lors qu’il est devenu pape lui-même, pour les relations inter-religieuses, ces chrétiens américains témoignent d’une décontraction relationnelle sans laquelle l’inter religieux n’est pas possible.

Prier ensemble, faire culte ensemble, louer Dieu ensemble, OUI c’est possible ! Sans doute avec un zest de charisme et de prophétisme.

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29 avril 2009 3 29 /04 /avril /2009 11:51

Le courant "interfaith" est important aux Etats-Unis. Il s’agit d’éveiller nos enfants aux sagesses philosophiques et religieuses du monde entier, de former des pasteurs qui puissent servir des communauté diverses, de louer Dieu en plusieurs langues et religions.

Est-ce la tour de Babel reconstruite sur des bases architecturales plus solides ?

Dans ce cas, il ne s’agit pas d’un dépassement des religions particulières par un théisme ou un déisme, ni d’une nouvelle religion qui proposerait un nouveau syncrétisme pour plus d’universel, mais d’une acceptation de ces religions étant entendu qu’elles ne sont plus incompatibles entre elles, qu’elles sont mises sur un pied d’égalité, qu’elles sont librement choisies sans qu’il y ait rejet des autres, qu’elles vivent en pleine cohabitation tout à fait fraternelle, peuvent même partager les mêmes lieux de culte, organiser des activités communes, etc.

Des rosaces ou autres configuration représentent les symboles de toutes les religions.


A New-York, le Nouveau Séminaire (the New Seminary, lien ), forme dans cette optique des ministres du culte en quelque sorte polyvalents. Sa devise est "honoring all paths" (nous respectons toutes les voies) ; dans cette optique, il va de soi que les fanatismes et les exclusivismes n’ont pas leur place.



Initié par les unitariens-universalistes et les bahaïs, depuis de nombreuses années, ce courant prend de l’ampleur. Il embraie aussi sur des Eglises chrétiennes, déjà anciennes, qui refusent les carcans confessionnelles et s’affichent non-dénominationnelles.

Il correspond à une société composite, vivant en démocratie apaisée, inter-convictionnelle, où le partage de la foi est désormais possible loin des extrémismes de tout bord et des scléroses institutionnelles. Il y a là un appel à un Réveil religieux des temps modernes.

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27 avril 2009 1 27 /04 /avril /2009 09:32

Les catholiques américains fidèles à Vatican II se mobilisent pour un concile - entre eux – à l’horizon de 2011. En Europe, avec des mouvements comme "Nous sommes aussi l’Eglise" et le Réseau européen Eglises et Libertés (RE) *, un Grand rassemblement européen est prévu à l’horizon 2015.

* voir la liste des membres du RE sur le site de l’AFCU ; pour les activités du RE, voir la rubrique "Europe" des Actualités unitariennes.

Dans cette perspective, la Fédération des réseaux du parvis vient de décider de coupler son assemblée générale de 2010 avec un Grand rassemblement national, étape importante vers cette mobilisation européenne. Le choix s’est porté sur Lyon et sa région, du jeudi 11 au samedi 13 novembre. Le jeudi 11 novembre un "marché Saint-Martin" se mettra en place avec des stands tenus par les diverses associations participantes ; le vendredi auront lieu les ateliers et, le samedi, la Fédération tiendra son AG.


"Le Grand rassemblement", sculptures en béton de Marcel Gagnon sur les rives du Saint-Laurent, à Saint-Flavié, Québec, photo Yvon Corriveau.

Voilà pour tous les chrétiens libéraux une échéance fortement mobilisatrice. Oui, les catholiques libéraux ne se contentent pas de contester, de ronchonner dans leur coin, de quitter leur Eglise sur la pointe des pieds, mais ils ont des propositions à faire pour un mieux vivre en Eglise, pour un christianisme plus ouvert et moderne à transmettre à nos enfants.

Les chrétiens unitariens sont avec eux, en tant que compagnons de route, mais aussi en tant que "chrétiens d’abord" dans la perspective d’un christianisme post-confessionnel où les identités pourront être conservées mais qui ne seront plus des prisons idéologiques. Oui, cette échéance est proche ...

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27 avril 2009 1 27 /04 /avril /2009 09:10

GR pour "Grand rassemblement", voir tous les articles de cette série à notre rubrique "catholiques libres en action".

L’association Femmes et Hommes en Eglise (FHE) vient de lancer une proposition d’action publique pour tous les catholiques qui désirent que leur Eglise soit davantage à l’écoute des malheurs de ce monde : le port d’une écharpe verte sur le parvis des églises catholiques. Une date a été choisie : le dimanche 31 mai qui est le dimanche de la Pentecôte, à 15 heures . 
L
’écharpe verte, de la couleur de l’espoir ... alors que les habits liturgiques sont, ce jour là, rouges de la couleur du Saint-Esprit. Contraste voulu ?



Pour les promoteurs de cette action, il s’agit, en signalant par panneaux, tracts, manifeste à faire signer, etc., de témoigner de nos engagements, de nos refus, de nos espoirs. Un slogan " bouge ta foi ". La Fédération des réseaux du parvis, dont la FHE est membre, encourage cette action.

Ici, dans les Actualités unitariennes, nous avions déjà suggéré de "faire Eglise autrement" sur les parvis des églises, lien. Voilà que cette idée gagne du terrain : des manifestations en ces lieux afin de signifier l’ouverture de l’Eglise, le contact avec les autres croyants et les non-croyants, et d’une façon plus large avec les passants.

Une idée est à retenir : que les catholiques libéraux se reconnaissent entre eux grâce à un insigne, un logo (cela pourrait être celui du Parvis), un vêtement (un tee-shirt, une écharpe de couleur) *. Le même insigne attirerait ainsi vers eux tous ceux qui sympathisent avec leurs idées et qui attendent que çà bouge ! Le même insigne pourrait être reproduit sur les sites de leur mouvance ou ceux qui soutiennent leur action.

* au temps des persécutions, aux XVI et XVIIème siècles, les unitariens, portaient des médailles qui leur servaient à se reconnaître entre eux, voir l’une d’entre elles en en-tête du site de l’AFCU.

Les catholiques libéraux sont présents et efficaces dans les relations de proximité. Ils le sont malheureusement moins au niveau d’Internet et des médias, peut-être du fait que leurs militants sont sur-occupés et que les jeunes (habitués aux moyens moderne de communication) ne prennent pas suffisamment la relève. Face à une offensive en règle des milieux catholiques ultra conservateurs puissamment outillés, lien, il leur faut dorénavant faire preuve d’une politique de communication assurément plus élargie.

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27 avril 2009 1 27 /04 /avril /2009 08:53

La Fédération des réseaux du parvis, fondée en février 1999, quatre ans après les remous provoqués par l’exclusion de Mgr Jacques Gaillot de son évêché d’Evreux, a su mobiliser cette mouvance libérale qui fonctionne en marge de l’institution romaine, sinon tout à fait à l’écart. Aucun aumônier, aucune tutelle hiérarchique, la grande liberté des enfants du Bon Dieu !


Certains militent pour défendre les acquis de Vatican II au sein de leur Eglise et ne désespèrent pas d'y arriver – ce sont des catholiques qu’on peut désigner comme contestataires, ou encore réformateurs ; ils sont dans la lignée des mouvements d’Action catholique et sont abonnés à la presse catholique de Gauche : Témoignage chrétien et Golias. Mais d’autres (de plus en plus nombreux) ont tourné la page et se réfèrent désormais aux seules valeurs de l’évangile sans plus établir de liens avec une quelconque institution ecclésiale – ce sont des chrétiens libres. Déjà, l’enseignement d’un Marcel Légaut encourageait à une telle indépendance de la pensée et de la spiritualité.

Cette mouvance est théologiquement libérale dans la mesure où elle ne met plus en avant les dogmes et autres règlements, laissant chacun libre de ses convictions et de l’expression de sa foi. Elle pratique des célébrations libres où le partage du pain et du vin au nom de Jésus ne s’accompagne plus de credo communautaire, encore moins de spéculations théologiques – mais où chacun peut exprimer sa foi personnelle en n’engageant que lui-même. Chants et louanges, rites symboliques, sans aucune connotation dogmatique, réunissent l’assemblée dans une ferveur plus spontanée.

Il est donc tout à fait naturellement que cette mouvance ait été rejointe par deux associations non catholiques : Théolib qui préconise pour tous une théologie libérale à partir de l’expérience du protestantisme libéral et l’Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU).

Signe des temps que ces chrétiens là sont bel et bien entrés dans une ère post-confessionnelle *, c’est que, parmi, la cinquantaine de mouvements et associations qui sont membres de la Fédération des réseaux du parvis, aucun n’a jugé nécessaire un intitulé "catholique", tous préférant des dénominations plus ouvertes : "chrétiens sans frontière", "croyants libres", "Eglise" (sans mention de la confession), etc.
* Jean-Claude Barbier,
2005 - Le christianisme post-confessionnel, mis en ligne sur le site Profils de libertés, le 20 janvier 2005, dans la rubrique " Chroniques "

, reproduit par le site du Réseau européen des protestants libéraux (ELPN), en lien sur le site des Croyants libres Sarthe, publié dans Le Protestant ( "mensuel roman fondé en 1831" ), n° 3, mars 2005, p. 6.

Signe des temps aussi : il ne s’agit pas pour eux d’organiser une dissidence, de faire sécession, mais de prôner une autre façon de faire Eglise, un autre visage d’Eglise, de faire Eglise autrement. Le mouvement international Nous sommes aussi l’Eglise fait tout naturellement partie du Parvis. En Belgique, la fédération correspondante est celles des Pavés : "Pour un Autre Visage d’Eglise et de Sociétés".

La mouvance est donc résolument prophétique : au-delà de la contestation des Eglises existantes, du moins de leurs pesanteurs institutionnelles et théologiques, c’est un christianisme rénové, plus fidèle à l’Evangile, qu’il convient de préparer pour les générations futures. Nous ne sommes pas loin d’une Réforme au sens protestant du terme, continuée à la suite de l’élan qui fut donné par Vatican II

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24 avril 2009 5 24 /04 /avril /2009 12:35

Des escouades de nouveaux prêtres catholiques sortent des séminaires tenus par des mouvances réactionnaires de l'Opus Déï, les Légions du Christ, l’institut Bon Pasteur, et d'ici quelques temps la Fraternité Pie X, etc. Ils sont jeunes, ne doutent pas de leur célibat, se consacrent à 100% au fonctionnement de l'Eglise, renvoient les laïcs à leurs engagements temporels, sont directement prosélytes, etc.
Le heurt est assuré entre cette élite, efficace et qui vise la restauration, et les laïcs que les Eglises diocésaines forment pour de nombreuses tâches ecclésiales : accueil des personnes dans les presbytères, gestion financière et administrative des paroisses, services funéraires, animation liturgique, visite des gens malades ou en difficulté, etc. Voir un exemple concret, particulièrement éloquent, sur le blog de Michel 64 (membre de la communauté de blogs "Religions en toute liberté" que nous animons).


Ce sera l'Eglise post-Vatican II, non seulement rectifiée par Jean-Paul II puis Benoît XVI, mais restaurée. Ceci ne sont pas nos oignons puisque s'agissant d'une autre Eglise que la nôtre. Nous n’en sommes pas moins attristés et nous en aurons très probablement des répercussions, à savoir l'accueil au sein de nos mouvances libérales (catholiques, protestantes et unitariennes) de diacres et autres assistants pastoraux qui auront été mis à l'écart, par rabaissement et subordination extrême. Que nous sachions les accueillir le moment venu avec la tolérance qui doit être la nôtre.

Après la génération des mouvements d’Action catholique qui a pourvu en catholiques les partis politiques et les syndicats de Gauche ; après la génération Jacques Gaillot, dont l’exclusion en 1995 de l’évêché d’Evreux suscita la formation de la Fédération des réseaux des Parvis (aujourd’hui avec 50 mouvements), il faut s’attendre à cette nouvelle vague de laïcs toute acquise à la promotion du laïcat dans les activités paroissiales mais que leur Eglise n’aura pas su retenir.

analyse parue dans le bulletin de la Correspondance unitarienne n° 91, mai 90, à la rubrique "Information"

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24 avril 2009 5 24 /04 /avril /2009 11:10

La Pentecôte : et si le Souffle était en nous ?

par Charles Nicol
prédicateur laïc de l’Eglise réformée de Nantes et Loire-Atlantique, secteur Saint-Nazaire,
prédication du dimanche 18 mai 2008 au temple de Saint-Brévin l’Océan,
publié en article à la Une dans le bulletin n° 91, mai 2009, de la Correspondance unitarienne.

La Pentecôte ! […] quelle curieuse histoire que ce "Saint-Esprit" qui vient dont on ne sait où, sous forme de flammèche sur la tête des apôtres. Essayons d’y voir plus clair. Il faut bien reconnaître que chez les protestants, la Pentecôte ne fait pas vraiment recette. La tradition libérale réformée ne cache pas son scepticisme - moi le premier- à l’égard de ce passage raconté dans les Actes des apôtres et qui devient dogme au IIème siècle. Ce scepticisme a même divisé les protestants au XVIème siècle et envoyé certains d’entre eux au bûcher comme ce malheureux Michel Servet.

Pour commencer mon propos, il faut aussi admettre que beaucoup ne connaissent pas la réelle signification et l’origine de cette fête qui est juive avant tout. On venait de loin pour célébrer à Jérusalem la Pentecôte. Elle avait lieu au temps des premières moissons, cinquante jours après la pâque, d’où son nom grec qui signifie 50.


Ces 50 jours qui séparent Pâques de la moisson étaient aussi chez les juifs, un temps fort pour commémorer la promulgation de la loi, des dix commandements, donnée par Dieu à Moïse au Sinaï. Dans l’Ancien testament, la première partie de notre Bible, il s’agit alors de remercier Dieu, de se souvenir du long exode, de remercier la moisson fruit de l’alliance entre un Dieu créateur de toutes choses et les hommes. C’était un moment important durant lequel il était rappelé que l’alliance ne pouvait être rompue sinon le pire pouvait se produire : sécheresse, inondation, famine… La Pentecôte était aussi la fête du travail des hommes, une sorte de 1er mai de l’époque. Bref tout avait été donné par Dieu à Pâques, lorsque le peuple d’Israël se mit en marche pour fuir l’Egypte. La Pâque était la célébration de la libération du peuple hébreu. C'est la traversée de la mer Rouge qui sépare le pays de la servitude de la terre promise. C'est le passage de l'esclavage à la liberté. C'est la renaissance du peuple d'Israël, comme le printemps est la renaissance après l’hiver.

Pâques, c'est le triomphe de la liberté sur l'esclavage. Pâques, c'est la fête de la libération, la fête de la liberté. Maintenant à nous de faire un effort et de récolter la moisson qui nous est offerte.
 

Pour les premiers chrétiens, ce qui se passe est un peu différent même si la Pentecôte revêt cette même symbolique. A Pâques, Dieu a donné son fils Jésus. Mais sans lui, les apôtres et disciples sont perdus, isolés, déconcertés parfois. Ils ont peur de l’extérieur. Ils sont désarmés, sans la force de la parole de Jésus. Il n’est plus là ; que faire ? Repliés sur eux-mêmes, effrayés à l’idée de propager les paroles du Christ, ils étaient voués à une disparition quasi certaine. Et dans cet épisode de l’Acte des apôtres, Dieu intervient. Quoi en penser ?
 
Ascension et Pentecôte, peinture de Françoise Burtz

Ce qui a été appelé " le Saint-Esprit ", est avant tout le souffle de Dieu, ce souffle qui nous met en marche, qui nous donne du courage, que nous percevons parfois ou pas du tout la plupart du temps. Les Hébreux avaient le Livre. Les premiers chrétiens n’ont rien. Les évangiles ne sont pas encore écrits. Les Eglises ne sont pas organisées. Plus tard, les auteurs du Nouveau testament se sont inspirés du judaïsme : ils ont retrouvé une fête juive en lui donnant une nouvelle signification. Ce n'est pas le don de la Bible que le christianisme célèbre mais le don de l’Esprit. Le judaïsme est une religion du livre ; le christianisme est dorénavant une religion de l’Esprit.

N’oublions pas en effet que les autorités religieuses ont condamné Jésus parce qu'ils lui reprochaient que sa parole n’était pas fidèle à la loi de la Bible. Il ne s'agit pas de condamner l’Ancien testament, mais de comprendre que l’Esprit est plus important que le Livre. A cet instant, plutôt qu'une religion, le christianisme est avant tout une spiritualité.

Avec le christianisme, on change radicalement la façon de concevoir Dieu. Jésus est le dernier prophète, l'homme qui fait descendre Dieu sur Terre. Celui qui aime Dieu mais n'aime pas son prochain n'aime pas Dieu. L'amour de Dieu n'est rien sans l'amour du prochain. La Pentecôte, c'est avant tout l’Esprit de fraternité. Un être saint, c'est un être de grande bonté, un être qui aime son prochain plus que tout. C'est l’Esprit d'amour qui nous anime et nous fait aimer notre prochain comme nous-mêmes. Célébrer la Pentecôte, c'est rendre grâce à l’Esprit de fraternité, esprit d'amour fraternel, amour universel qui agit en nous comme une force extraordinaire. C'est cet amour qui fait transporter des montagnes !

Pour comprendre l’Esprit de Jésus, il suffit de lire la parabole du Bon Samaritain.
Jésus réprouve les prêtres, qui disent ce qu'il faut faire mais ne sont pas capables d'aimer leur prochain.

Dans l’épisode de la Pentecôte, les apôtres se mettent à parler dans toutes les langues. Ils nous rappellent ainsi par ce beau symbole, que le monde n’est pas uniforme et que certaines grandes puissances feraient bien de s’en inspirer. Ils nous rappellent aussi que pour aller vers autrui, il faut aimer le monde et chercher à comprendre, à connaître ce qui nous entoure et rencontrer l’étranger. Et il est vrai - c’est bien naturel - que nous avons peur de ce que nous ne connaissons pas. Ici c’est tout le contraire qui se produit. Non seulement les apôtres reprennent confiance en eux-mêmes mais Dieu leur manifeste sa confiance. De nos jours on appellerait cela un contrat de confiance.

Ce contrat nous rappelle aussi que notre destin est entre nos mains. Fini de compter tout le temps sur les autres ou sur Jésus. Fini de croire que Dieu détient tout entre ses mains. Il n’est pas là. Ce Dieu là autrement serait un Dieu liberticide, un Dieu de superstition. Fini d’invoquer Dieu quand ça ne va pas et de l’oublier quand tout va bien ou mieux.

Notre Dieu, est un Dieu optimiste, confiant dans les hommes. Il n’attend pas de nous que nous soyons des adorateurs d’idole ni des peureux, mais des femmes et des hommes veillant à conduire le mieux possible nos vies et nos familles.

Le souffle de Dieu est en nous ! C'est à nous d'aimer l'autre ! C'est à nous de faire le premier pas ! Cessons de réclamer un esprit qui nous vienne du ciel ! Aide-toi et le ciel t'aidera ! Aime et tu seras aimé ! Aime avant de chercher à être aimé !
  

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21 avril 2009 2 21 /04 /avril /2009 20:23

Roger Parmentier, pasteur de l’ERF n’hésite pas à poser carrément la question. Afin d’accompagner le passage d’une culture religieuse à un monde sécularisé, ne serait-il pas temps de se mettre à une lecture " non religieuse " de la Bible.  R. Parmentier s’en expliquera lors d’une session d’étude en Ariège, au hameau de Raynaude où il habite, dans les collines de l’Ariège, à deux km du Mas d’Azil et à 80 km au sud de Toulouse, du vendredi 24 au mardi 28 juillet.
S’inscrire auprès de R. Parmentier, Raynaude, 09290 Le Mas d’Azil. Hébergement sur place, Prévoir de 16 à 25 euros par jour.

Excellente formule avec étude le matin et découverte de la région l’après-midi : au Mas d’Azil même, visite de la grande grotte préhistorique, Musée de la préhistoire, Musée de la verrerie (l’œuvre des Gentilhommes-Verriers) ; ballades sur les collines du Plantaurel ; musée du philosophe Pierre Bayle à Carla Bayle ; plus loin, châteaux de Foix, de Monségur, de Roquefixade ; les grottes de Niaux, de Lombrive, la rivière souterraine de Labouiche, etc.

Il est encore fréquent chez les chrétiens d’idolâtrer la Bible comme "Parole de Dieu", comme si Dieu avait tenue la plume des auteurs. L’acquisition d’une culture biblique est le meilleur moyen de se préserver de ce genre de naïveté qui conduit tout droit au fondamentalisme le plus littérale et, au-delà, aux dérives dogmatiques : la Bible a dit ...

Lisons la Bible pour ce qu’elle est, à savoir les croyances religieuses d’un peuple (par ailleurs non monolithique et à la configuration variable) sur plusieurs siècles. Une expérience communautaire tout à fait passionnante, où s’est inscrite, comme un fleuron, la figure remarquable de Jésus, mais qui n’en fait pas pour autant un absolu. D’autres cultures, d’autres sagesses existent de par le Monde et Jésus n’est pas un surhomme, encore moins un dieu, ni Dieu qui se serait incarné on ne sait par quel miracle.


Les unitariens tiennent à le rappeler pour une meilleure compréhension de ce que fut Jésus et de ce qu’est la Bible. Celle-ci n’est nullement le monopole des Juifs et des chrétiens Sa lecture est ouverte à tous et des non croyants la lisent parfois d’une façon beaucoup plus intelligente que nombre de croyants ! Eh oui ! comme aime le dire l’Evangile, les derniers seront les premiers ...

Cessons ces interprétations littérales au mépris des connaissances scientifiques d’aujourd’hui qui alimentent la rhétorique des prêcheurs et qui surfent sur la crédulité des fidèles prêts à tout avaler dès lors qu’on leur parle de religion et de foi à avoir comme un trésor tombé du ciel dans leurs mains de bienheureux élus.

En cela, merci à Roger Parmentier de nous déniaiser.

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20 avril 2009 1 20 /04 /avril /2009 17:35

Quid des associations unitariennes en France ?

Ont été dissoutes l'Association unitarienne francophone (AUF juillet 1986 - janvier2006, l'Association unitarienne-universaliste de Paris – Île-de-France (AUUP-IdF, avril 2003 – janvier 2006), l'Association culturelle des dieunites (ACDD, 2008), ou en cessation d'activité, la Fraternelle unitarienne (novembre 2006 - 2008), ou en fonctionnement pratiquement interne, la Fraternité unitarienne / Eglise unitarienne de France (localisée à Nancy, fondée en 1990).

Pour l'instant seule l'Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU, fondée en septembre 1996) tient régulièrement ses assemblées générales. Mieux, elle le fait annuellement alors que ses statuts ne l'y obligent que tous les 2 ans.

Choisir un lieu et y réunir suffisamment d'adhérents, mobiliser les absents afin qu’ils envoient une procuration, élaborer un ordre du jour répondant aux désir des uns et des autres, prendre des décisions collectives, assumer des responsabilités extérieures, etc. , c'est là un exercice nécessaire pour qu'il y ait une vie démocratique au sein d'une association. De nouveau, l'AFCU a tenu son pari ce samedi 18 avril.

Le résultat en est un pilote dans l'avion en la personne de Noëlle Colle, nouvelle présidente (par ailleurs engagée dans Amnesty International dont elle a été conseillère nationale et fondatrice de la commission "Femmes"), une nouvelle répartition des tâches, bref un nouvel organigramme. Vous trouverez tout cela sur le site de l'AFCU.

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