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27 décembre 2014 6 27 /12 /décembre /2014 12:01

"Marcel Légaut, une parole féconde" de Paul Fleuret, Bernard Lestriez, Jacques Musset (Karthala, novembre 2014). On peut trouver le livre en librairie ou auprès de Jacques Musset (12, rue du Ballon, 44680 Ste Pazanne, jma.musset@orange.fr, 19€ + port 3€85).

 

Marcel-Legaut-Une-parole-feconde.jpgmessage du 7 décembre 2014 de Jacques Musset à la Correspondance unitarienne :

Marcel Légaut (1900-1990) a été l'un des grands spirituels du XXème siècle. Sa rencontre et ses livres ont profondément marqué des générations d'hommes et de chrétiens en recherche de leur propre humanité et d'une vie chrétienne adulte. Ceux-ci ont trouvé auprès de lui souffle et nourriture pour inventer leur voie personnelle en expérimentant une liberté exigeante. C'est que le témoignage de son existence, patiemment mûrie à travers une série de choix qui se sont imposés à lui, inspirés par son souci constant d'authenticité, rejoignait les aspirations intérieures de ses interlocuteurs et lecteurs.
Vingt-cinq ans après sa mort, la parole de Marcel Légaut est toujours d'actualité. Ses livres sont réédités, des groupes d'hommes et de femmes, chrétiens ou non, les lisent et la maison communautaire qu'il a créée en 1967 dans la Drôme avec ses amis ne désemplit pas chaque été.

Cet ouvrage atteste la fécondité de son témoignage à travers les voix singulières de trois contemporains : deux l'ont fréquenté de son vivant, le troisième l'a découvert par ses livres après sa mort. Chacun des trois auteurs a fait fructifier à sa manière la parole reçue. Ils partagent ici les échos personnels qu'a suscités en eux un des grands textes de Marcel Légaut, tiré de « Prières d'homme », qui est comme un condensé de sa démarche spirituelle. Leurs paroles plurielles et situées sont les fruits uniques à la fois de leur propre démarche intérieure et de l'auteur qui les a inspirés. 

Ce livre illustre ce qu'écrivait Marcel Légaut en 1980 dans « Devenir soi » : «  En se disant en toute fidélité, avec exactitude, sans rien voiler, majorer, extrapoler, l'auteur offre à son lecteur l'occasion et peut-être la possibilité de se déchiffrer lui-même ». Ainsi d'humain en humain les paroles vraies reçues, recréés et partagées deviennent indéfiniment source, souffle et nourriture.

 

Table des matières
Introduction : Une voix, trois échos actuels
1. Infimes, éphémères mais nécessaires
2. Ensevelis dans l’immense, mais conscients
3. Perdus dans l’innombrable, mais uniques
4. Façonnés d’éléments complexes et ambigus mais encore essentiellement simples
5. Limités de toutes parts dans le faire et le dire mais en soi proprement mystère
6. Inachevés par nature et sans cesse perturbés, mais en puissance de s’accomplir
7. Livrés aux lois de la matière et de la vie, liés sans recours aux cadences des temps et des lieux
mais libres et responsables dans notre centre même
8. Sujets au malheur, voués à la mort, mais appelés à être
9. Solitaires parmi des solitaires qui se côtoient plus qu’ils se connaissent, mais sur le chemin de l’Unité
10. Très improbables dès la naissance, toujours plus improbables dans la croissance, tâtonnant face à l’inextricable, trébuchant, affrontés à l’impossible, sollicités sans cesse vers le moins être,
par la foi et la fidélité, nous existons dans la stabilité au milieu de tout ce qui se dissipe, nous devenons avec sécurité au milieu de tout ce qui se corrompt
11. Héritiers d’un labeur immense
12. Visités par une  présence qui appelle plus qu’elle ne commande,
poussés, soulevés, sollicités au-dessus de nous-mêmes,
émergeant de la servitude, atteignant à la liberté, ouvriers d’un avenir sans fin,
inséparables de vous, mon Dieu, nous vous magnifions !
13. Quel que soit notre destin, même misérable, même tragique, nous sommes pour votre plénitude. Elle est notre béatitude. Quand nous serons purement nous-mêmes à notre place dans le réel,
au delà du faire et du paraître, hors des plaisirs et des souffrances, des désirs et des projets,
des soucis et des angoisses, nous partagerons la joie d’être avec l’ensemble des vivants qui dépassent l’appétit de vivre, ces échos de votre bonheur, Père
14. Pour le croire en vérité, malgré tout ce qui le nie, donnez-nous la force de porter en votre présence nos misères dans la dignité,  notre grandeur malgré nos pauvretés, notre être en devenir dans son autonomie au cœur des contingences tout au long de la vie
15. Que notre foi dans sa nudité par son enracinement en nous l’emporte sur notre cécité
16. Que notre parole dans sa vérité par son action sur nous affermisse nos pas sur le chemin de l'être
Synopse des quatre versions de la « prière » écrite par Marcel Légaut
Bibliographie

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8 mai 2013 3 08 /05 /mai /2013 08:45

Extrait de « Patience et passion d'un croyant », 1990, éd. DDB, pages 66-68, envoyé à la Correspondance unitarienne par Antoine Girin. Publié dans le bulletin n° 127, mai 2013, de la Correspondance unitarienne consacré à Charles-Henri Matile, lui-aussi "homme de la terre" (lien).

marcel legaut bergerCe qui m'a le plus apporté, ce n'est pas la vie paysanne en elle-même, mais le fait d'accomplir ce que j'avais à faire. Cependant la vie paysanne a ses vertus propres. C'est une certaine manière d'être, une certaine familiarité avec les choses - chien, troupeau, champs, arbres... - qui journellement nous entourent, dont on use avec sobriété, avec le souci de les économiser, de les faire durer, de les accroître ; une certaine solidarité et même une communion avec ce qui naît, pousse, vit et meurt dans le grand silence et l'anonymat fraternel de la nature ; cette terre, qui me nourrit, où je suis enraciné, où je suis chez moi, au sein de laquelle je suis enfoui, où mon corps sera enseveli, mais que je transcende par ce que je suis. De là, une vigueur, une rusticité, une sobriété de vie où le soin et l'ordre règnent, soutiennent aux heures de fatigue par une présence maternelle. Sans conduire à l'abondance, elles évitent le gâchis, le gaspillage, ces affronts au labeur de 1'homme, ces péchés qui préparent la pénurie, et peut-être les famines de demain. De là aussi, quand on s'exprime, des images qui viennent spontanément à l'esprit, sur les lèvres, un ton personnel, une présence. J'ai connu ici des êtres qui marquaient les lieux de leur présence et dont le souvenir y est ineffaçablement attaché, comme s'ils en avaient fait partie non seulement pendant leur vie, mais encore maintenant, même lorsque, à cause de leur absence, tout s'ensauvage là où ils avaient tant travaillé et peiné. Eh oui ! durant trente ans, j'ai mené cette vie paysanne. J'ai ralenti mon effort dans les dernières années. J'ai tenu les terres dans l'espoir que mes enfants m'y succéderaient. Un de mes f1ls a repris les Granges, deux autres Val-Croissant. (…)

Le rôle d'un pays comme celui-ci est de favoriser la conversion intérieure. Devant les dimensions de la nature, on prend conscience de sa petitesse, mais aussi de la grandeur spécifique de son humanité. Là où l'homme travaille, la nature la plus sauvage prend un visage fraternel. Sans doute, on ne trouve pas ici l'excitation que donne la ville, ce style, ce brillant. Mais la profondeur demande le silence. Ici il est plénier comme en plein ciel, ce ciel de Provence immense, profond, lumineux. (…)

Mais n'améliorons pas le tableau. Il faut dire honnê-tement que je n'étais pas placé dans les conditions d'insécurité des autres paysans. J'avais hérité de mes parents et de mes beaux-parents une certaine fortune. J'avais d'autre part demandé à être mis en congé de l'Université, ce qui m'avait été accordé. - L'Admi-nistration est plus compréhensive à l'égard des « fonc-tionnaires d'un certain grade» qu'envers les lampistes. Je conservais ainsi mes droits à une retraite, qui s'est montrée tellement plus copieuse que celle d'un paysan d'ici ! Cela m'a permis de donner à mes enfants une éducation et des possibilités d'avenir qu'un paysan est rarement en mesure de procurer aux siens. Il est nécessaire de préciser cela, afin de ne pas farder la réalité.

Beaucoup de jeunes d'aujourd'hui rêvent d'un retour à la terre. Ils voient le dessus du problème. Mais la vie est faite des dessous. Il faut qu'ils le sachent. Même en vivant pauvrement on est obligé de prévoir l'avenir. Il n'y a que dans les monas-tères riches où les moines vivent pauvrement, qu'on n'est pas obligé de le faire. Il est difficile de trouver un équilibre dans sa manière de vivre quand on vient de la ville, car les mœurs paysannes ne sont pas spon-tanément naturelles pour un citadin, ou alors on vit en farfelu ; ce n'est pas sérieux, cela ne dure pas long-temps. Ce qui paraît normal à celui qui est enraciné depuis toujours dans le pays met le citadin en porte--à-faux s'il se force à s'y conformer. La vie paysanne, elle aussi, est rude et contraignante. En somme, rien de moins facile, rien de moins idyllique. Mais au vrai, ces jeunes n'ont pas tort, et s'ils réus-sissent, ils ont raison. Peut-être la voie qu'ils s'efforcent de réouvrir se montrera-t-elle à plus ou moins longue échéance une impasse. Qui peut l'assurer devant les problèmes gigantesques que posent les civi-lisations citadines et industrielles ? Mais du moins peut-on affirmer que de telles voies, même si elles sont conduites à échouer, aideront ceux qui s'y consa-crent à atteindre à une profondeur humaine et à une foi dont le monde, de toute façon, aura besoin pour surmonter les situations critiques qui se présenteront dans l'avenir.

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8 mai 2013 3 08 /05 /mai /2013 07:28

Le bulletin n° 127 de la Correspondance unitarienne, de mai 2013 (lien), est tout entier consacré à Charles-Henri Matile, protestant libéral de sensibilité unitarienne-universaliste du canton de Neuchâtel en Suisse.

 

Suite à notre article sur ce site où nous le présentions comme "un homme de la terre" avec, en écho, la référence à Marcel Légaut (lien), ce bulletin de la Correspondance unitarienne comporte un extrait du livre de ce dernier auteur "Patience et passion d'un croyant" qu'il publia en 1990, et que nous avons mis en ligne sous le titre "Marcel Légaut : les vertus de la vie paysanne" (lien).

 

Emile Mihière s'est montré sensible au "plaidoyer pour une religion d'avenir" de l'auteur.

 

Dans un style alerte et lisible pour tous, l’auteur du « Miroir des Eglises », ancien enseignant, nous expose son point de vue et ses expériences sur la réalité du monde, des religions qui nous proposent chacune à leur manière l’idéal d’une vie et d’une pensée qui, pour la plupart du temps, ne tiennent pas la route scientifiquement, ni même raisonnablement.

Si l’auteur s’en prend avec un humour vigoureux à toutes les institutions qui disent posséder « La Vérité », il souligne plus fortement encore les convergences positives qui aboutissent au Dieu universel au-dessus et parfois en dehors de nos « boutiques » cléricales. « Dieu », une source de vie aimante qui nous accompagne de notre naissance jusqu’à la mort et (pourquoi pas) au-delà …

Cette énergie divine, diffuse dans les textes dits sacrés des diverses religions, n’est-elle pas aussi inscrite dans notre patrimoine génétique, nous incitant à œuvrer ensemble, que nous soyons croyants ou incroyants, pour un monde juste et fraternel, suscitant des hommes de bonne volonté …

 

Et Jean-Claude Barbier évoque la correspondance commencée en janvier 2012 qu'il a eue avec Charles-Henri Matile : "Les mots de l'auteur".

 

charles-henri_matile_CH-fond.jpgConstatant la forte déchristianisation en cours en Suisse romande comme dans d’autres pays de l’Europe occidentale, tant chez les catholiques que chez les protestants, Charles-Henri Matile, au terme d’une vie active (il va vers les 70 ans) comme enseignant, s’appuie sur son expérience, ses lectures et ses réflexions personnelles pour prôner une « théologie sans œillères », loin des cercles religieux bien pensants et unanimistes (qui, bien qu’en nette perte de vitesse, n’en continuent pas moins, pense-t-il, à être protégés « d’une façon intéressée par les médias et les politiciens »).

Charles-Henri Matile : randonnée en ski.

Sa fibre est résolument populaire : « Ce n’est pas pour moi que j’ai écrit Le  Miroir des Eglises, mais  pour vous, pour le peuple, pour tous les gens qui se posent des questions ». Il a écrit dans « un langage aussi simple et accessible que possible ; donc pas à l’intention d’intellectuels concepteurs de théories sinueuses auxquelles les gens ne comprennent rien ! ».

Son livre ne manque pas d'optimisme puisqu’il vise un changement de nos mentalités : « Au travers d’une conception d’un christianisme réellement ouvert qui ne cherche pas à proclamer La Vérité, il contient quelques vérités pas toujours dans  la ligne  inamovible d’une certaine société bien pensante et religieusement correcte ». Une œuvre  destinée  à secouer l’inertie d’une société qui baigne dans un matérialisme béat, égoïste et suffisant. En perspective, ni plus ni moins, « le développement d’une charte, espèce de manifeste éthique de tolérance au service de la liberté et de la paix religieuse ».

Son livre est la synthèse de nombreuses questions que les gens se posent sur leurs problèmes existentiels  et sur les Eglises qui ont de plus en plus de peine à convaincre. A l’exemple de sa vie, il est encyclopédique : « Des avis et réponses sur Dieu, les Eglises, la vie, la mort, l’éducation, l’environnement et la société, entre autres », mais il donne aussi des informations sur l’histoire religieuse : l’histoire du christianisme, de ses origines à la mosaïque d’Eglises actuelles,  sur l’histoire de l’Eglise protestante neuchâteloise de 1848 à nos jours (un point fort de son livre), sur l’islam et les religions asiatiques. Finalement, le lecteur y trouvera par touches successives « une analyse du phénomène religieux ».

Qu’on ne s’y trompe pas, ce livre sous son aspect touche à tout révèle non seulement un fort bon sens, mais aussi une bonne culture de l’auteur ainsi que le prouvent ses nombreuses citations. Ce livre est certes éclectique, mais il invite à un vagabondage curieux où l’on redécouvre des choses que l’on croyait connaître.

En prime, et c'est le projet de livre qui lui confère une bonne architecture interne, une vision élargie, au-delà du seul christianisme. Une « foi de camisard » comme aime le rappeler l’auteur, mais désormais ouvert sur le monde entier. D’où une bonne présentation de l’interfaith (l’inter-convictionnalité ; la mise en commun et le partage des spiritualités de l’Humanité) si chère à l'unitarisme-universalisme américain. Nous en avions déjà parlé dans nos Actualités unitariennes du 22 janvier 2012 : « Dialogue inter religieux et principes universels : une proposition de Charles-Henri Matile ». Nous reprenons volontiers avec lui sa devise préférée : « L’union dans la diversité pour un monde meilleur ».

 

Bibliographie :

 

- « Le miroir des Eglises », par Charles-Henri Matile, août 2012, Editions à la Carte, Genève, 150 p. ,

Fr. 28.00 (francs suisse) + frais de d’envoi. Vous pouvez commander le livre auprès de l’éditeur ou encore auprès de l’auteur : Charles-Henri Matile, avenue Robert 55 ; CH 2052, Fontainemelon NE, canton de Neuchâtel, Suisse, courriel (lien) ; tél. 0041 / (0)32 853 31 55, en versant 30 francs suisse par CCP 34-156081-0 (ce qui fait environ 25 euros).

 

dans La Besace des unitariens, à la rubrique : « sur le protestantisme libéral »

- « Après le départ de Ferdinand Buisson : le témoignage d'un protestant de Neuchâtel », par Charles-Henri Matile, message du 29 mars 2012 mis en ligne le 19 avril 2012 (lien).

dans les Actualités unitariennes, à la rubrique « A contre courant, le temps des prophètes »

- « Dialogue interreligieux et principes universels : une proposition de Charles-Henri Matile », par Jean-Claude Barbier, mis en ligne le 22 janvier 2012 (lien).
- « Le miroir des Eglises : un livre pour mieux regarder l'avenir », par Jean-Claude Barbier, mis en ligne le 21 février 2013 (lien).
- « Charles-Henri Matile : un homme de la terre », par Jean-Claude Barbier, mis en ligne 21 février 2013 (lien).
- « Charles-Henri Matile : les mots de l’auteur d’après une correspondance avec lui », par Jean-Claude Barbier, Correspondance unitarienne n° 127, mai 2013, mis en ligne le 8 mai 2013 sur cette page,
- « Charles-Henri Matile : son plaidoyer pour une religion d’avenir », par Emile Mihière, Correspondance unitarienne n° 127, mai 2013, mis en ligne le 8 mai 2013 sur cette page.

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23 avril 2013 2 23 /04 /avril /2013 11:06

Comme toute idéologie, le progressisme est volontariste et militant. Il attire à lui car il invite au progrès, au dépassement des moeurs et des coutumes jugés archaïques, à l’ouverture aux influences étrangères estimées plus évoluées, plus « modernes ». Il est généreux, voulant le mieux être de toute l’Humanité. Il défend des valeurs qu’ils jugent universelles. Il milite pour les combats dits « de Gauche », mais il est très largement partagé par beaucoup de gens qui peuvent voter à Droite. A son actif, on lui doit historiquement de grands et longs combats et des progrès décisifs. Toutefois, comme toute idéologie ne doit-il pas être soumis à la critique de la raison ?


Des succès parfois mitigés
Le divorce, oui, mais quid de l’instabilité matrimoniale qui fait souvent d’un mariage une comédie humaine de courte durée ! L’avortement, certes oui, mais quid des avortements à répétition qui sont pratiqués par certaines jeunes filles comme contraception ! La suppression de la peine de mort, mais que fait-on des récidivistes dangereux ! Le traitement médicamenteux des violeurs, mais que fait-on lorsqu’ils refusent ou cessent leur traitement ? Etc. Tout se passe comme si les progressistes abandonnaient la partie dès que la loi était votée, comme s’ils s’en désintéressaient après l’acquis, volant au secours d’autres causes, et occultant les incidents de parcours. Pas de service après-vente ! Ce sont des conquérants qui ne doutent pas des bienfaits de leurs victoires et non point des gestionnaires …


Parfois, la négation des réalités
Volontariste, désireux de modifier l’état des choses, dénonçant les mentalités installées, le progressisme en oublie de tenir compte des réalités. Il s’enfonce alors parfois dans des négations qui font fi à la fois du bon sens et des connaissances scientifiques.
Tour à tour on nous a doctement expliqué que tous les bébés naissaient égaux en intelligence et que c’étaient les milieux sociaux plus ou moins aisés, plus ou moins cultivés, qui faisaient toute la différence ; or les tests d’intelligence montrent des différences énormes et que les petits Mozart existent tout autant dans les milieux pauvres – l’observation courante le savait déjà fort bien.
On nous a aussi expliqué, toujours doctement, que le caractère, lui aussi, dépendait tout entier de l’éducation, mais force est de reconnaître que, au sein d’une même famille, la diversité existe bel et bien et est parfois extrême. La génétique nous explique d’ailleurs comment chaque individu résulte effectivement d’une combinaison particulière à partir des gènes transmis par les parents. Les études actuelles sur le monde animal vont dans le même sens.
Les théories anglo-saxonnes du « Gender » - le Genre en français – partant du constat que les valeurs traditionnelles d’une société et la culture influencent notre façon de vivre notre sexualité – ce qui est tout à fait vrai – en arrivent à nier tout substrat biologique, comme quoi ce serait la façon d’élever nos enfants et nos choix culturels qui détermineraient notre orientation sexuelle. Dans certains milieux féministes on éduque désormais les enfants en prenant soin d’éviter toute « discrimination », d’une façon indifférenciée par rapport au sexe de l’enfant : plus de rose ni de bleu, mais aussi plus de robes pour les filles et surtout plus d’armes pour les garçons ! et ces derniers obligés de faire pipi assis sur la cuvette des WC et invités à jouer avec les poupées.
On nous a prédit la fin du patriotisme, des appartenances particulières ; on nous a invité à une universalisation de la citoyenneté, et voilà que des rebelles identitaires se multiplient allant jusqu’aux drames liés à des immigrations mal digérées (affaire Mérah en France, affaire des deux frères tchétchènes à Boston aux Etats-Unis, etc.). Apprenons plutôt à mieux vivre nos identités héritées ou choisies et à vivre ensemble avec nos différences.
Au nom de la liberté, le progressisme veut accepter tous les mouvements, toutes les organisations, mais voilà que les courants les plus sectaires, les plus extrémistes, et les terroristes de tout poil s’engouffrent dans la brèche, révélant ainsi la fragilité de nos systèmes démocratiques libéraux.


La permissivité libérale
L’individu est roi, à commencer d’ailleurs par les enfants, et bien sûr les élèves dans nos établissements scolaires. Haro sur l’autorité qui est tout de suite soupçonnée d’être excessive, d’avoir enfreint les droits élémentaires (ce qui s’avère vrai dans certains cas, mais ce qui, de loin, n’est pas « automatique »). La répression est condamnée et les récidivistes ont toujours le droit à une nouvelle chance, sinon plusieurs ! Les droits à ceci et à cela se multiplient et on n’ose plus parler des devoirs, ce qui est une rupture du contrat social tel que le concevait par exemple Jean-Jacques Rousseau. Bien sûr, on condamne les excès trop voyants ; mais on se garde bien de réformer le système mis en place malgré ses ratées et d’exiger concrètement leurs devoirs aux citoyens.

 
L’effet de mode
Si vous ne suivez pas la mode, vous êtes classé comme ringard, conservateur, réactionnaire, etc. L’évolution des mœurs – quelle qu’elle soit – est non seulement permise, mais encouragée, valorisée comme espace d’innovation. Suivre devient une nécessité, indépendamment du contenu. C’est ainsi qu’on trouve toujours de bons arguments pour autoriser la prostitution, la consommation de drogues, la pornographie, le matraquage publicitaire poussant à la consommation, etc. Le profil de « bobo » s’est installé dans les milieux urbains, toujours plus à Gauche que les autres malgré son standing aisé.


La diabolisation des réfractaires
Gare à ceux qui ne marchent pas dans le même sens ! Le courant progressiste se veut populaire, au nom du peuple, et ne peut pas accepter que certains traînent les pieds, fassent des objections, voient autrement. Ils sont tout de suite traités de tous les noms. Cela devient une marche forcée ! Or, les changements de mœurs souhaitables et souhaités font l’objet de propositions et l’on entre alors dans une phase politique. A ce niveau, il est bien normal de discuter en toute démocratie des meilleures solutions, de celles qui peuvent être acceptées par la majorité des gens, qui ont des chances de durer. Le progressiste n’en a cure et va de l’avant, au pas de charge, quitte à scinder la société en deux. Il suit son évidence qui est celle – pense-t-il – des droits universaux … et qu'il veut imposer à tous et à toutes au nom d'une égalité des droits qu'il assimile à une uniformisation des statuts.

 

veilleurs-pour-la-famille.jpg

 

Aux partisans du « mariage pour tous », les veilleurs pour la famille, qui se réunissent chaque soir sur les Invalides à Paris et dans d'autres espaces verts en province, opposent une action non-violente (en rupture avec les catholiques intégristes de Civitas) pour exprimer leur attachement au droit des enfants à avoir un père et une mère qu’ils connaissent (et si possible avec qui ils puissent vivre). Valeurs refuge diront les progressistes. Quoiqu’il en soit, il est possible que la vague libertaire partie des révoltes estudiantines de 1968 marque le pas et que le balancier de l’Histoire reparte dans l’autre sens. Tout courant social, même les mieux intentionnés, s’accompagne en effet d’excès et d’effets pervers qui suscitent une réaction, d’où cette dynamique de balancier qui appelle à un rééquilibrage. On aurait tort de la sous-estimer. Ndlr - ajout du 4 mai 2013 : ces manifestations persistent bien après que la loi ait été votée et s'amplifie à Paris et dans des villes de province, voir le journal La Croix (lien).


En voulant élargir le mariage actuel aux couples homosexuels, le gouvernement français a touché à ce que de nombreuses personnes considèrent – à tort ou à raison - comme un fondement de notre société, d’autant plus que – en filigrane – se profile la légalisation à plus ou moins long terme des mères porteuses et des pères relégués au statut de simples géniteurs. Des voix isolées ont pensé qu’il eut mieux valu faire un statut matrimonial adapté aux seuls couples homosexuels, compte tenu de leur spécificité, lequel aurait certainement été mieux accepté.


Il ne nous appartient pas bien sûr de dire qui a tort ou qui a raison tant le débat est complexe et qu’il y a des arguments valables des deux côtés. Mais constatons que, parmi les manifestants, il y a une très forte majorité de jeunes. Sont-ils catholiques, chrétiens évangéliques, bourgeois, conservateurs, réactionnaires, extrémistes ? Le journal La Croix remarque que cela fait penser aux Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) que le pape catholique arrive à mobiliser lors de grands show internationaux – et que les jeunes mettent d’abord à profit pour le plaisir de se rencontrer entre eux ; on peut penser aussi à la reprise des pèlerinages qui drainent bien au-delà des seuls croyants.


Est-ce une « nouvelle Droite décomplexée » cette fois-ci hors parti, en quelque sorte populiste, indépendante, branchée directement sur Internet ? Je dirais volontiers qu’ils sont d’abord eux-mêmes, qu’ils ne se laissent pas conter par les partis politiques et les organisations religieuses, qu’ils ne sont pas blasés ni indifférents, qu’ils sont capables d’indignation, de faire la fête autour de valeurs qui leur sont chers, de persévérer dans l’action. Une émergence qui a surpris bien des observateurs ; qui s’amplifie au nez et à la barbe des médias qui y sont majoritairement très défavorables ; certains parlent même de vague.


En tout cas, la Non-violence est pour tout le monde et nous ne pouvons que saluer cette forme de manifestation pacifique (indépendamment de son contenu) en espérant qu’elle pourra contribuer à mettre fin aux dérapages violents et aux actes odieux d’homophobie qui sont survenus ces dernières semaines.


Comme tout article d’auteur, je n’engage que moi-même dans ce texte. Jean-Claude Barbier

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21 février 2013 4 21 /02 /février /2013 10:19

Il fait penser indéniablement à un Marcel Légaut (lien) optant pour une vie rurale : « Je me sens plutôt un homme de la terre avec assez d’instruction pour le métier que j’ai exercé [instituteur] . C’est pour des gens comme moi que j’écris. J’ai passé ma vie dans un village du Val de Ruz entre Neuchâtel et la Chaux de Fonds et je ne pourrais pas m’imaginer en ville !  Il me vient maintes idées en soignant mon jardin, en promenade, en faisant du  ski de fond ou en coupant mon bois ».

charles_henri_matile_fendant_du_bois.jpg

Ne nous y trompons pas ! ces hommes ont une longueur d’avance sur bien de milieux intellectuels plus classiques dont certains sont complètement coupés des réalités, dans leurs bulles abstraites. Karl Marx l’avait déjà pensé : l’artisan et l’ouvrier, avec leurs mains, ont une meilleur connaissance des rapports sociaux car ils les vivent à la base ; … bon, il avait oublié semble-t-il les paysans qui pourtant, eux aussi, travaillent de leur main !
 

D’ailleurs le terme d’intellectuel ne s’adresse pas forcément aux diplômés de nos enseignements, mais suppose que la personne soit capable de produire des idées nouvelles, d’écrire des textes originaux, qui ne soient de simples duplicata. L’intellectuel est tout sauf un perroquet ! Combien de supposés intellectuels qui bavardent, se contorsionnent, retombent toujours sur leur pied avec des argumentaires à ne plus en finir, fuient les questions gênantes, sélectionnent les informations qui leur plaisent, manquent manifestement de courage, font preuve d’une générosité démagogique. Oui, retrouvons le bons sens et le contact direct avec les réalités de ce monde, avant d’écrire quoi que ce soit !


Charles-Henri Matile est un homme de cette trempe, habitué aux longs hivers de sa Suisse natale, connaissant bien les histoires locales de son canton, méditant à la Jean-Jacques Rousseau durant ses longs périples en ski ou lors de ses promenades champêtres, lisant avec curiosité le soir au coin du feu. Un homme de grand cœur parlant un langage direct, parfois rude à entendre car ce qu’il dit est de l’ordre des convictions.


Lisez son livre car il vous étonnera par sa force (lien) !

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21 février 2013 4 21 /02 /février /2013 09:01

charles_mathilde_le_miroir_des_eglises_couverture.JPGLe miroir des Eglises, par Charles-Henri Matile, août 2012, Editions à la Carte ( lien), Genève, 150 p. , Fr. 28.00 (francs suisse) + frais de d’envoi
Vous pouvez commander le livre auprès de l’éditeur ou encore auprès de l’auteur : Charles-Henri Matile, avenue Robert 55 ; CH 2052, Fontainemelon NE, canton de Neuchâtel, Suisse, courriel (lien) ; tél. 0041 / (0)32 853 31 55, en versant 30 francs suisse par CCP 34-156081-0 ou à son compte bancaire à la Banque Cantonale Neuchâteloise (BCN) à CH-2053 Cernier (canton de Neuchâtel),  n° H010 130 05 (ce qui fait environ 25 euros).

Présentation de l’éditeur en 4ème de couverture :
Né le 9 janvier 1943 à Fontainemelon, dans le Val-de-Ruz, Charles-Henri Matile est demeuré attaché à sa terre et a profité de sa retraite pour mettre le style sobre, intelligible et non moins élaboré qu’il a tenté d’inculquer à nombre d’élèves, au service de la spiritualité et de la paix dans le monde.
Au travers du développement d’un manifeste pour une fraternité humaine, un christianisme de tolérance, la liberté de conscience et le respect des croyances les plus diverses, l’auteur s’attache à démontrer que toute religion crédible découle nécessairement de l’Energie universelle qui soutient la vie et la création, et dont Jésus a été l’un des plus illustres ambassadeurs auprès de l’Humanité.
L’effort entrepris pour distinguer l’authentique de l’invention dans la religion devrait ne pas laisser le lecteur indifférent, sinon apporter des réponses aux questions d’une foule de gens que les Eglises ne parviennent plus à convaincre et pourtant en quête de spiritualité.
En tous les cas, Le Miroir des Eglises invite à réfléchir et arrive à point nommé pour s’associer au 300ème anniversaire de la naissance de Jean-Jacques Rousseau.

Et pour l’auteur :
Plus précisément, LE  MIROIR DES EGLISES c’est :
- une analyse du phénomène religieux,
- l’image d’un christianisme altéré par l’histoire,
- une critique des Eglises dont les gens se détournent de plus en plus,
- des informations sur l’histoire de l’Eglise  neuchâteloise,
- une référence culturelle et spirituelle indispensable pour les gens qui ne veulent plus confier leurs enfants à l’Eglise !
- un plaidoyer pour un christianisme réellement ouvert, la liberté de conscience et le respect d’autrui,
- un effort pour distinguer la spiritualité de la religion,
- faire la part des choses sur cet islam qui défraye la chronique,
- un rappel de l’alternance universelle du yin et du yang,
- une synthèse de l’éthique commune aux grands sages de l’Humanité,
- une suite de réflexions sur la société, l’économie, l’éducation et l’environnement,
- le développement d’une charte au service de la paix dans le monde,
- une œuvre destinée à secouer l’inertie d’une société qui baigne dans un matérialisme béat, égoïste et suffisant.
- un livre écrit dans un langage accessible, loin des théories sinueuses d’intellectuels auxquelles les gens ne comprennent rien !

 

Jean-Claude Barbier : les mots de l'auteur à partir d'une correspondance (depuis janvier 2012) avec lui

 

Constatant la forte déchristianisation en cours en Suisse romande comme dans d’autres pays de l’Europe occidentale, tant chez les catholiques que chez les protestants, l’auteur, au terme d’une vie active (il va vers les 70 ans), s’appuie sur son expérience, ses lectures et ses réflexions personnelles pour prôner une « théologie sans œillères », loin des cercles religieux bien pensants et unanimistes (qui, bien qu’en nette perte de vitesse, n’en  continuent pas moins, pense-t-il, à être protégés "d’une façon intéressée par les médias et les politiciens").

 

Sa fibre est résolument populaire : « Ce n’est pas pour moi que j’ai écrit Le  Miroir des Eglises, mais  pour vous, pour le peuple, pour tous les gens qui se posent des questions ». Il a écrit dans « un langage aussi simple et accessible que possible ; donc pas à l’intention d’intellectuels concepteurs de théories sinueuses auxquelles les gens ne comprennent rien ! »


Son livre ne manque pas d'optimisme puisqu’il vise un changement de nos mentalités : « Au travers d’une conception d’un christianisme réellement ouvert qui ne cherche pas à proclamer La Vérité, il contient quelques vérités pas toujours dans  la ligne  inamovible d’une certaine société « bien pensante et religieusement correcte ». Une œuvre  destinée  à secouer l’inertie d’une société qui baigne dans un matérialisme béat, égoïste et suffisant. En perspective, ni plus ni moins, « le développement d’une charte, espèce de manifeste éthique de tolérance au service de la liberté et de la paix religieuse ».


Son livre est la synthèse de nombreuses questions que les gens se posent sur leurs problèmes existentiels  et sur les Eglises qui ont de plus en plus de peine à convaincre. A l’exemple de sa vie, il est encyclopédique : « Des avis et réponses sur Dieu, les Eglises, la vie, la mort, l’éducation, l’environnement et la société, entre autres », mais il donne aussi des informations sur l’histoire religieuse : l’histoire du christianisme, de ses origines à la mosaïque d’Eglises actuelles,  sur l’histoire de l’Eglise protestante neuchâteloise de 1848 à nos jours (un point fort de son livre), sur l’islam et les religions asiatiques. Finalement, le lecteur y trouvera par touches successives « une analyse du phénomène religieux ».


Qu’on ne s’y trompe pas, ce livre sous son aspect touche à tout révèle non seulement un fort bon sens, mais aussi une bonne culture de l’auteur ainsi que le prouvent ses nombreuses citations. Ce livre est certes éclectique, mais il invite à un vagabondage curieux où l’on redécouvre des choses que l’on croyait connaître.


En prime, et c'est le projet de livre qui lui confère une bonne architecture interne, une vision élargie, au-delà du seul christianisme. Une « foi de camisard » comme aime le rappeler l’auteur, mais désormais ouvert sur le monde entier. D’où une bonne présentation de l’interfaith (l’inter-convictionnalité ; la mise en commun et le partage des spiritualités de l’Humanité) si chère à l'unitarisme-universalisme américain. Nous en avions déjà parlé dans nos Actualités unitariennes du 22 janvier 2012 : « Dialogue inter religieux et principes universels : une proposition de Charles-Henri Matile » (lien).

Nous reprenons volontiers avec lui sa devise préférée : l’union dans la diversité pour un monde meilleur / In der Vielfalt verbunden für eine bessere Welt

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19 février 2013 2 19 /02 /février /2013 19:06

parmentier_portrait_au_culte.jpgNous avons ouvert sur le site "Unitariens français", qui est le média officiel du Conseil des unitariens et universalistes français (CUUF), une rubrique permettant de regrouper et de publier tous nos documents concernant Roger Parmentier (1918-2012). Cette rubrique est à son nom. Nous y renvoyons bien volontiers nos lecteurs : ils y trouveront des photos inédites, une bibliographie, des articles, des témoignages, etc. (lien).

 

Nous vous conseillons aussi le site "Protestants dans la ville" de Gilles Castelnau qui présente aussi une rubrique à son nom (lien), sans oublier le propre site de Roger Parmentier "Guetteurs rebelles" (lien) qui est toujours maintenu ouvert.

 

En décembre 2012, la famille de Roger a diffusé auprès de ses amis un "cahier" de 32 pages récapitulant tous les témoignages reçus.

 

Photo vue sur le site "Les cathares, images d'hérésie" (lien), prise lors de la bénédiction du mariage de Gwendoline (historienne du catharisme) et Raphaël au Temple de Pamiers en Ariège, été 2012 ; sans doute l'une des dernières photos prises de lui.

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1 octobre 2012 1 01 /10 /octobre /2012 19:45

C’était un rendez-vous donné à tous ses amis pour le dimanche 14 octobre. Il est mort le vendredi 22 septembre avant d'avoir pu réaliser ce geste rassembleur au soir de sa vie ...

Ndlr - nous remercions Roger Gau, l'un des destinataires de cette lettre circulaire, de nous en avoir fait copie.

 

roger_parmentier_derniere_lettre.JPGChers Amis.


Enfant des Bordes sur Arize, né pendant la guerre de 14-18 (çà ne nous rajeunit pas !), j’ai des choses importantes à vous dire, de vive voix. C’est pourquoi je vous invite le dimanche 14 octobre à 11 heures au temple des Bordes (lieu commode pour sa position). Ceux qui le souhaitent pourront déjeuner sur place en apportant leur repas (stationnement sur la grande place, avant la passerelle). La rencontre se poursuivra dans l’après-midi, à partir de 14h 30 avec ceux qui n’auront pas pu venir avant.

Une coutume africaine est très intelligente : quand un grand vieillard est à la fin de ses jours, on réunit autour de lui, famille, amis, connaissances, tout le village, pour qu’il fasse connaître ce qu’il pense de sa vie et de l’existence. C’est formidable. Je voudrais faire la même chose, même si, comme tout le monde, je ne sais ni le jour ni l’heure (si je suis consulté, je demeure disposé à continuer !). Mais il vaut mieux prendre ses précautions.

Je suis né le 25 juillet 1918. Mon père, Alphonse Parmentier, né près de Lille, mutilé de guerre, « gueule cassée », était sorti trois jours de l’enfer des tranchées pour se marier à Paris en 1917 et, si j’ai bien compris, « me mettre en route ». Blessé à plusieurs reprises, il était venu en convalescence aux Bordes, chez son ami Camille Delord et avait trouvé à son goût, lui catholique, élevé chez les Jésuites, la fille du pasteur des Bordes, Laure (1891-1932), dont le seul frère, Roger Peloux, avait été tué à 20 ans au début de la guerre. On m’a donné son prénom.


A mon tour, je suis devenu pasteur après avoir été élève officier d’infanterie à Cherchelle, puis d’aviation à l’école de l’Air de Versailles, puis de Rabat) et ayant fait mes études de théologie à Paris sous l’Occupation et participé à un réseau de renseignement de la Résistance. J’ai commence par être pasteur volontaire à Sétif, en Algérie, où venaient d’avoir lieu les terribles évènements du jour de la victoire, le 8 mai 1945. Le reste, je vous le raconterai peut-être le dimanche 14 octobre.


Mais ce n’est pas surtout de ma vie que j’aimerais vous parler, mais d’une découverte extraordinaire dont j’ai été informé, il y a une dizaine d’années. Je n’aimerais pas disparaître en emportant ce secret, car il devrait enchanter aussi bien chrétiens que non chrétiens, croyants aussi bien que non religieux. C’est pourquoi, je suis heureux de vous inviter chaleureusement le dimanche 14 octobre.


Soyez assurés de mes sentiments chaleureux à votre égard. Roger Parmentier
P.S. Pouvez-vous me rendre le service d’inviter vos amis ? Merci.

Pasteur à Sétif, Philippeville, Rodez, Montreuil, Créteil (pasteur « au travail » comme les prêtres-ouvriers), chargé d’enseignement à l’université Paris 12 et à l’ENAP


Secrétaire national adjoint au Secours populaire
Co-animateur de la Commission Proche-Orient du Mouvement de la paix
Président de consistoire et Secrétaire du Conseil régional de l’ERF, Région parisienne
Secrétaire national de la Conférence chrétienne pour la paix (relations avec l’Est européen)
Militant syndical et politique (FEN et PSU)
Spécialisé dans les " actualisations " des évangiles
Auteur de 23 ouvrages, dont 18 édités à l’Harmattan, 3 autres sont en chantier.


J’ai épousé Annette Monod (décédée) qui m’a donné 6 fils, puis Agnès de Saint-Blanquat (également décédée), qui m’a donné une fille.

 

Avant ce qu'il voulait être un rassemblement autour de lui, il devait faire une conférence le lundi 1er octobre à Toulouse sur la source "Q", l'un de ses thèmes favoris. Il en avait entre autres averti Roger Gau qui nous a communiqué en copie le mot que Roger Parmentier avait ajouté, à son intention, à la circulaire d'information. Roger Parmentier avait envoyer ces deux lettres circulaires (celle-ci pour le 1er octobre et celle ci-dessus pour le 14 octobre) peu de temps avant sa mort puisque Roger Gau les a reçues le vendredi 22 septembre, le jour même du décès de leur auteur.

roger_parmentier_conference_a_toulouse.jpg

à Roger Gau - cher ami, je vais faire un exposé sur la source Q des paroles de Jésus, lundi 1er octobre, à 17h 30 au Vieux Temple de Toulouse, 70 rue Pargaminière. Si vous pouvez participer, j'en serais très heureux. A bientôt, peut-être ... Sentiments très cordiaux. R.P.

 

Roger Gau - À tout ce qui a été dit après le décès de Roger Parmentier (lien), je voudrais ajouter ce qui suit. Dans un courrier du 22 septembre courant, j'ai reçu son invitation qui est donnée ci-dessus. C’était pour moi et mon épouse une grande joie de le rencontrer, mais le destin en a décidé autrement. Aujourd'hui, ces mots, écrits de sa main, je veux vous les faire partager.

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22 septembre 2012 6 22 /09 /septembre /2012 23:26

roger_parmentier_portrait.jpgOn le croyait éternel depuis si longtemps qu’il vitupérait contre nos engagements trop insuffisants à son goût, lui le prophète saisi par l’esprit de Jésus. A 94 ans, il avait atteint l’âge des cheveux blancs qui ne changent plus de couleur ; un peu voûté mais toujours droit, inflexible dans ses exigences ; toujours persuadé qu’il nous montrait le vrai chemin, qu’il fallait nous mobiliser en toute hâte. Il avait eu la douleur d’enterrer sa compagne et plusieurs de ses enfants. Et puis voilà que son ami et coreligionnaire, le pasteur Simon Sire, vient de m’annoncer, ce soir, qu’il n’était pas de l’éternité, mais bien humain comme tout un chacun.


Une voix s’est éteinte, et quelle voix ! Peu importe que l’on soit d’accord ou non avec ses analyses, avec ses textes, avec ses interventions ; c’était une voix ! Nous l’aimions y compris pour ce que l’on pouvait penser être parfois des excès. Nous l’aimions car la religion chrétienne s’éteint doucement avec nos prudences, nos contorsions d’intellectuels, nos lâches fuyances aussi et que l'on a besoin de prophètes comme lui.

 

Il ne fréquentait plus sa paroisse ne pouvant plus supporter le langage bigot et les proclamations dogmatiques et naïves, d’un autre temps, le rabâchage de vérités toute faites soit disant venues de Dieu lui-même alors qu’elles ne sont que des propos de clercs exerçant leur influence, leur pouvoir institutionnel ; ou encore – il me les avait montrées dans un petit temple le plus près de chez lui, celui de Rieubach, au sud du Mas d'Azil  - les inscriptions murales peintes nous rappelant les versets fondamentaux dans la pure tradition fondamentaliste.


On l’aimait, bien qu'il se soit fait quelques ennemis avec sa façon de tout bousculer, aussi avec ses engagements courageux en faveur des musulmans d’Algérie réclamant leur indépendance, en faveur de l’islam trop souvent méconnu et diffamé, et d’une façon générale en faveur des exploités et des pauvres.


Il avait entrepris de sauver l’héritage chrétien en réécrivant les évangiles, en réactualisant la Bible comme il le proclamait. Il réunissait ses amis et sympathisants lors de stages annuels à son domicile, dans une maison bourgeoise à la campagne, au hameau de La Raynaude. Il voulait nous faire comprendre que le vrai message de Jésus avait été occulté depuis des siècles et des siècles et qu’il nous fallait désormais le redécouvrir dans toute sa brillance, de toute urgence car il s’agissait d’un trésor pouvant sauver notre avenir. Rude impatience, mais c’était pour nous qu’il se levait avec sa voix de prophète, comme un Jean Baptiste des temps modernes.

 

Il avait essayé un come back dans la commune ouvrière de Montreuil où il avait été pasteur et où de nombreux fidèles se souviennent encore de lui et lui témoignent leur affection. Il les avait réunis dans une chapelle catholique mis à sa disposition ... à l'écart du temple où les ouailles sont majoritairement de milieux bourgeois.


Récemment, il avait proposé de venir à Bordeaux, à l’occasion d’une réunion de synode régional et il avait proposé de faire une conférence en marge de cette rencontre, mais il ne donna pas suite à ce projet n’ayant pas reçu l’assurance d'un auditoire. Eh oui, surtout pas de vagues ... et Roger Parmentier, avec sa franchise habituelle, en faisait !

 

Il devait se rendre à Toulouse, au Vieux Temple, pour une conférence sur la source "Quelle", l'une de ses références favorites pour dénoncer la déviation du message de Jésus depuis. Il en avait averti notre ami unitarien Roger Gau, l'un de ses admirateurs qui se réjouissait de faire ainsi sa connaissance


Ce soir, je suis triste, d’une part parce que je l’avais plusieurs fois rencontré et apprécié, mais aussi parce qu’il nous faut des prophètes ; oui des prophètes qui, par définition, dérangent la tranquillité de leurs coreligionnaires et leurs compatriotes en s'adressant sans cesse à nos consciences ! Demain matin, je téléphonerai à son ami Emile Mihière, lui aussi pasteur ERF à la retraite, et nous partagerons notre tristesse. Et puis nous prendrons la route ensemble depuis Bordeaux pour aller à l'enterrement de Roger ...


Il s’était rapproché de notre mouvance unitarienne, d’une part parce qu’il pensait que Jésus n’était pas Dieu incarné, que le Jésus métaphysique était une pure invention des évangélistes et de Paul, mais aussi, je pense, parce que nous avions publié plusieurs de ses textes sans hésitation, au nom de cette liberté de penser que nous honorons car faisant partie du meilleur de l’humain. Au nom même de cette valeur nous lui avons ouvert nos colonnes sans que nous ayons à dire si nous étions ou non d’accord car, chez nous, chacun a le droit de s’exprimer dès lors que ce soit un cri sincère qui sorte des tripes, même si ce cri rompe le consensus car – pour nous – l’expression est individuelle et non communautaire. Mieux, ses textes étaient les bienvenus car toujours toniques ! Il restait malgré tout protestant d’abord, motivé à réformer son Eglise et la mentalité des siens, mais de plus en plus il s'adressait plus largement à tous ceux qui ont reçu le message de Jésus afin qu'ils le fassent fructifier et en appelait à la conscience de tout le monde.


Il aura bien entendu le droit aux sobres entrefilets des bulletins protestants, comme il est de coutume, mais, ici, chez les unitariens, c’est de l’expression de notre chagrin et d'un hommage dont il a pleinement le droit. Il a écrit de nombreux livres, nous continuerons à les lire et, j’en suis sûr, son souvenir restera longtemps parmi nous.

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6 avril 2012 5 06 /04 /avril /2012 12:12

emile_mihiere.jpgEmile Mihière, 2011, « Tous les chemins ne mènent pas à Rome », Paris, L’Harmattan, 160 pages, collection « Graveurs de Mémoire », 15,50 €, sorti en février ; compte-rendu de Jean-Claude Barbier


L’article de Wikipedia en français sur l’anarchisme chrétiens (lien) cite un certain nombre de penseurs connus : Léon Tolstoï (1828-1910) , Teilhard de Chardin (1881-1955), Ammon Hennacy (1893 – 1970), Théodore Monod (1902-2000), Emmanuel Mounier (1905-1950), Jacques Ellul (1912-1994), Jean Cardonnel (1921-2009), Ivan Illich (1926 - 2002). On pourrait aussi penser à la belle indépendance d’un Charles Péguy (1873-1914), à la rébellion d’Alfred Loisy (1857-1940) contre son Eglise, etc.


Emile Mihière cite quant à lui, dans son livre, Jésus et le dominicain "rouge" Jean Cardonnel. Mais il aurait pu en citer beaucoup d’autres. Oralement, lui et moi, nous avons évoqué le pasteur belge Pierre Bailleux (1942-2008) (depuis E. Milhière a mis par écrit sa rencontre passionnée avec lui, lien) et le pasteur Roger Parmentier (1918 - ). C’est dire qu’il se situe dans une lignée qui revendique un anarchisme au sens noble du terme, en référence à Jésus, ou du moins un prophétisme dénonçant les hypocrisies humaines et institutionnelles et nous rappelant aux exigences évangéliques.


Cet anarchisme n’est pas seulement fait de coups de gueule, de saintes colères, ou encore de gestes iconoclastes. Ce sont là, en effet, des faits qui peuvent très bien restés isolés et témoigner seulement d’une forte personnalité. Mais au delà des évènements saillants que l’on aime se raconter comme des exploits – et Emile Mihière, avec son regard facétieux des bons tours joués, n’est pas avare de nous en donner dans son livre – c’est toute une philosophie, un positionnement vis-à-vis de soi et de la société. C’est en cela que son livre est précieux : l’auteur est d’une race qui non seulement n’a pas la langue de bois, mais qui n’a pas froid aux yeux. A l’heure où une nouvelle pensée unique est entrain d’envahir tant la vie religieuse que politique, son témoignage a valeur de décharge électrique.


Comment peut-on définir cet anarchisme ?


Il y a d’abord l’affirmation que la vérité doit être dite quoi qu’il en coûte. Fini la crainte du qu’en dira-t-on qui paralyse tant nos sociétés bien pensantes. Il n’y a pas là question de compromis, même s’il faut perdre son emploi professionnel et mettre sa famille en précarité – et l’auteur connaîtra en conséquence une véritable itinérance à ce niveau : prêtre catholique, puis pasteur protestant, puis au sein même du protestantisme des changements d’affectation car son franc parler ne plait pas forcément aux ouailles, que ce soit dans le cadre d'une fonction pastorale ou d'aumônerie. Et lorsqu'il exercera au civil des soins de santé, il ne durement pas plus de 6 mois !


L’affirmation que les individus sont au-dessus des institutions. Celles-ci non seulement ont leur pesanteur sociologique, mais elles sont accaparées par les forts, les violents, les riches, par ceux qui détiennent le pouvoir sur les autres. L’auteur dénonce sans cesse le césaro-papisme qui, à partir de l’empereur Constantin, a tant dévoyé le christianisme.


Non seulement, il y a critique virulente des institutions existantes, mais désintéressement pour en créer de nouvelles afin de supplanter les anciennes. L’action individuelle est seule valable et c’est la prise de conscience des uns et des autres qui, progressivement et à terme changera le monde.


Ainsi que Jésus nous l’a enseigné, la foi chrétienne consiste à se mettre au service des autres en les aimant. Tout naturellement, le chrétien se retrouve du côté des plus pauvres et adhère à la théologie de la Libération. Aux riches, il convient de leur rappeler qu’il leur fait abandonner leurs privilèges.


Au programme aussi de cet anarchisme, un pacifisme absolu, avec un désarmement unilatéral à la clef et la conviction que les peuples sauront finalement imposer la paix à leurs dirigeants bellicistes. Jean-Jaurès est bien entendu, après Jésus, le héros de cette utopie.


L’anarchisme chrétien conduit à la liberté de penser, au respect des humanistes qu’ils soient croyants ou non croyants. Tout naturellement, il conduit à un christianisme de transgression fait de bon sens (pourquoi par exemple ne pas marier un couple sous le prétexte qu’un conjoint est catholique et l’autre, protestant), de rejet d’un intellectualisme qui justifie des concepts totalement abstraits, voire des « mystères », d’un dépassement des clivages hérités de l’histoire au nom d’un amour universel.


Tout naturellement, ces anarchistes rejoignent à leur façon la grande tradition unitarienne, non dogmatique et libérale. C’est en effet la seule tradition chrétienne qui, non seulement les accepte, mais qui les valorisent car – c’est Jésus qui, selon les évangélistes, le disait lui-même - que serait la foi si elle n’était plus le sel de la terre, le piment dans les repas, la lumière dans les ténèbres ?
* Voir notre Cahiers Michel Servet, n° 13, « Les inspirés pas toujours compris », paru en juin 2010, 34 p. (lien).


« Tous les chemins ne mènent pas à Rome », que ce soit d’ailleurs la Rome de l’Eglise catholique romaine qui s’imagine – s’illusionne – détenir seule la Vérité, ou bien celle du protestantisme calviniste à Genève (où l’auteur fit des études de théologie afin de devenir pasteur), ou encore celle des syndicats présidant dans les rues de grandes manifestations qui ressemblent somme toute à des offices religieux avec leur rituel – eux en étant bien sûr le clergé !


Inclassables, vous dis-je, ces anarchistes chrétiens !


Ndlr - Le livre d’Emile Mihière a aussi fait l’objet d’une brève recension par Vincens Hubac, pasteur ERF au Foyer de l’âme à Paris, dans la revue Evangile et Liberté, d’avril 2012, n° 258.

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