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28 décembre 2011 3 28 /12 /décembre /2011 05:07

joseph_moingt.jpg"L’humanisme évangélique" par Joseph Moingt (jésuite), extraits proposés par Philippe de Briey du compte rendu d'une conférence prononcée le 27 mars 2011, lors de la rencontre de la Communauté Chrétienne dans la Cité (CCC). Lire le texte en entier de la conférence sur le site Culture et Foi (lien).
 
(...) Je ne voudrais pas vous faire une conférence en bonne et due forme, mais vous proposer 3 pistes de réflexions. Je vous laisserai le soin de tirer vous-mêmes les conclusions des réflexions que je vais vous faire. Mais il s’agit bien de se rendre plus humains, de nous aider à avancer sur notre chemin d’humanité et que cela nous soutienne dans l’approfondissement de notre foi. Quel rapport y a-t-il entre notre appartenance à la foi chrétienne, notre volonté d’être chrétien et cette démarche d’humanité, d’humanisation, de devenir davantage homme ?  C’est cela qui sera au cœur des réflexions que je vais vous proposer. Je vais donc vous proposer 3 pistes de réflexions, réflexions que vous pourrez mener par la suite.


1 - Une  première sera de réfléchir à l’avenir du christianisme, à son présent même, à partir de ce qui se passe, en ce moment, sur la scène internationale, je veux dire à partir des révolutions arabes. Et ceci, pour nous conduire à une conception du christianisme qui serait davantage orientée vers l’éthique évangélique que vers le christianisme comme religion et pratique religieuse – éthique plutôt que religion.
 

2 - Je voudrais ensuite vous proposer une seconde piste de réflexion sur la vie du chrétien en Eglise actuellement, et cela à partir de l’idée d’un vieux philosophe grec, l’idée d’Aristote, que l’homme est un animal politique et ceci pour réfléchir à notre citoyenneté chrétienne, et sur nos droits politiques en Eglise et donc pour inviter à construire la vie en Eglise comme un espace de parole, plutôt que comme un espace rituel. Je n’ai peut-être pas à faire beaucoup d’effort pour vous inviter à cela.
3 - Et enfin une 3ème piste de réflexion  sur l’annonce de l’Evangile. Comment annoncer l’Evangile aujourd’hui, à partir de l’invitation de Vatican II dans Gaudium et spes : « C’est l’homme qu’il s’agit de sauver, c’est la société humaine qu’il faut renouveler ». Et alors ceci pour nous inviter à comprendre l’Evangile, l’Evangile en tant qu’annonce, l’Evangile dans son étymologie de « bonne nouvelle», pour comprendre l’Evangile et l’annoncer en terme de sens plutôt que de salut, de salut éternel.

 1ère piste de réflexion : l’avenir du christianisme comme éthique évangélique.


 (...) Alors, qu’est-ce qui attend le christianisme sous l’horizon de la sécularisation ?
On peut dire un effondrement de la foi lorsque la foi n’est que l’assentiment aux pratiques et aux croyances communes à une société, quand la foi n’est que cela : adhésion  à un système de pratiques et de croyances de la société dans laquelle on vit. Alors, quand s’écroule le lien religieux, la tradition religieuse de cette société, la foi personnelle s’en va, parce qu’elle n’est que croyance, elle n’est qu’assentiment à des croyances communes. Et cela est surtout le cas quand des chrétiens, des individus croyants, convaincus, ont dû se libérer des autorités religieuses pour conquérir une liberté de pensée et de parole. Et cela aussi, le fait d’avoir dû lutter contre des autorités religieuses, contribue aussi à détacher les chrétiens de l’Eglise et aussi peut contribuer à les détacher de la foi qu’ils avaient confessée.


Alors, l’Eglise actuelle mise sur la re-sacralisation  de la vie en Eglise, sur la restauration des traditions. On en a eu des échos tout à l’heure dans la présentation des groupes. Ce sont des plaintes qu’on entend un peu partout quand on se promène. Un clergé nouveau, un clergé rajeuni et qui est devenu beaucoup plus traditionaliste et légaliste que le clergé que vous avez connu. (...). Donc l’Eglise actuelle mise sur une re-sacralisation, sur une restauration. A quoi cela peut-il aboutir ? A une reconquête ? (...) A mon avis, cela n’aboutira qu’à une Eglise sectaire, qui se coupera de plus en plus du monde sécularisé et donc, on va nettement vers un christianisme minoritaire.


• Quel peut être l’avenir du christianisme sous l’horizon de retrait de la religion ?
Je viens de parler d’un christianisme devenu minoritaire mais il faudrait peut-être que je corrige l’expression et que je parle davantage d’une Eglise minoritaire, parce qu’en fait, le christianisme, s’est répandu en dehors de l’Eglise. Le christianisme déborde de l’Eglise. Voilà un phénomène  dont il faut se rendre compte. J’avais lu récemment les chroniques de Touraine, le sociologue bien connu, qui n’est pas spécialement chrétien et qui s’interrogeait sur l’avenir de la société et il constatait que dans  notre société dominée par le libéralisme économique, on perdait des valeurs de solidarité, des valeurs de fraternité, toutes les valeurs qui avaient formé la société française et qui venaient d’où ? Il rappelait la devise de la République « liberté, égalité, fraternité », ce sont des idées qui venaient du christianisme, mais qui avaient mûri en dehors de l’Eglise où les autorités religieuses ne leur avaient pas donné droit de cité. Mais liberté, égalité, fraternité, solidarité, appelez-les comme vous voulez, sont des idées chrétiennes, des idées évangéliques. Mais c’est un christianisme hors religion.
Je pense qu’il y a là un patrimoine des valeurs. (...) Il y a donc là, dans ces valeurs, appelez-les républicaines, si vous ne voulez pas les appeler chrétiennes, cela ne me gêne pas, mais dans lesquelles, nous chrétiens, nous devons reconnaître l’esprit de l’Evangile.
Il y a là un patrimoine du christianisme, et, pour moi, il est devenu de plus en plus clair que la tradition chrétienne s’est répandue par deux voies. Par une voie ecclésiale, mais aussi par une voie philosophique. Il y a une tradition philosophique. Il y a un patrimoine, dont les chrétiens ne doivent pas se détourner, qu’ils ne doivent pas laisser dépérir. Et donc l’évangélisation doit être, non pas une reconquête de l’espace public, mais l’entretien de ces valeurs chrétiennes dans le monde sécularisé. En les laissant telles qu’elles sont devenues : communes, sécularisées. Il ne s’agit pas de les ramener dans l’enceinte de l’Eglise ou de vouloir leur faire porter à nouveau notre foi chrétienne. Mais nous les considérons comme des fruits du christianisme, des fruits que le christianisme a porté hors de l’Eglise, qui n’a pas su acclimater ces fruits en elle-même, et donc nous avons à les entretenir par la conversation  avec ce monde. Une évangélisation, non, pas de reconquête mais de conversation, d’entretien où nous acceptons que nos paroles de croyants chrétiens se perdent dans les sables d’un monde sécularisé pour y entretenir ces valeurs dans lesquelles, nous chrétiens, nous reconnaissons l’Esprit de l’Evangile.

 

Nous n’avons pas besoin pour autant de nous en prévaloir et de dire cela vient de nous. Non, mais nous avons à nous préoccuper de les vitaliser, et pourquoi ? Parce qu’elles sont en très grand danger. La déshumanisation pointe partout. Nous la remarquons partout. Quand nous voyons se désagréger l’Etat social, ce que nous appelons l’Etat providence, – et malheureusement, on en parle maintenant pour s’en moquer – nous voyons que ce sont des valeurs chrétiennes qui sont en train de s’émietter, de se désagréger quand elles ne sont pas ouvertement combattues parce qu’elles empêchent ceux qui sont riches de devenir plus riches encore. Donc, il faut entretenir ces valeurs et c’est là la grande responsabilité des chrétiens, qui je crois ne doivent pas confiner leur esprit chrétien à faire vivre l’Eglise, mais à faire vivre ces valeurs évangéliques qui sont dans le monde sécularisé et qui sont menacées.

 

Alors, pour cela, le problème pour nous-mêmes, chrétiens, c’est de garder la foi, puisque ces valeurs viennent de l’Evangile, elles viennent de la parole de Jésus. Et quand nous regardons l’Evangile, nous n’y trouvons pas beaucoup de religion, peut-être même n’y trouvons-nous aucune religion. Nous reconnaissons bien sûr l’institution de l’Eucharistie dans le dernier repas de Jésus qui est un repas d’amitié. (...)
Donc il n’y a pas de religion, il n’y a pas de code religieux dans l’Evangile, il n’y a pas de religion, il y a de la foi, une foi en Dieu qui passe par la foi de Jésus en Dieu.
Une foi qui n’est pas faite d’énoncés dogmatiques, il n’y a aucun  énoncé dogmatique dans l’Evangile, mais une foi qui est orientée vers une pratique humaniste.
Quelle peut être notre recherche de foi à l’intérieur de l’Eglise ? Redécouvrir à quel point Jésus a humanisé Dieu. Nous dirons que le salut est dans l’humanisation de l’homme. C’est Jésus qui en a donné l’élan en humanisant Dieu, en nous apprenant à regarder Dieu comme le Père commun de tous les hommes, en nous apprenant à honorer Dieu, non en allant dans le temple ; jamais il n’a entraîné ses disciples au temple dans des pratiques religieuses, en tout cas, l’évangile n’en parle pas. Mais il nous a invité à honorer Dieu par le pardon des offenses, par l’amour des ennemis.
Voyez : Mt 5, 41-48, Mt 6, 14-15, le Pater, le Notre Père, la première lettre de Jean 4, 8-21, où il nous dit que quelqu’un qui prétend aimer Dieu et qui n’aime pas son prochain est un menteur. Aimer Dieu, c’est aimer son prochain, c’est le critère même de l’amour de Dieu. C’est en ce sens que Jésus a dit que le second commandement, l’amour du prochain, était égal au premier. L’amour de Dieu, dans le christianisme, passe par l’amour des autres. Il n’est pas cantonné dans le temple. Il n’est pas cantonné dans les honneurs que nous rendons à Dieu dans les églises. Il passe par l’amour des autres. Il a sa source dans la révélation de Dieu comme Père, Père universel, pas Père simplement des croyants, pas Père d’un peuple particulier, Père universel. Et Jésus nous l’a montré en fréquentant les pécheurs, en disant qu’il était envoyé aux pécheurs et aussi en poussant des pointes en direction du monde païen dans lequel son Eglise allait se développer.
 

Conclusion
D’où j’arrive à cette conclusion – il y aurait beaucoup à développer, mais c’est vous qui le ferez ensuite – comprendre le christianisme comme éthique plutôt que comme religion.
Que veux dire ce « plutôt que » ? Je ne veux pas dire « au lieu de », je ne veux pas dire remplacer la religion par l’éthique, par la morale, d’autant plus que j’emploie le mot éthique plutôt que le mot morale.
Vous avez un seul commentaire de la loi dans Mt, c’est le seul endroit dans les Evangiles où il est question de la loi. Jésus n’était pas un moraliste. Mais je dis éthique, c’est un code de mœurs qu‘il nous a donné, une invitation à inventer nous-mêmes une morale qui serait guidée par l’idée de la réconciliation, du pardon, de la fraternité, de la solidarité avec tous les autres.


Donc, je ne veux pas dire non plus qu’il faudrait réduire le rite au minimum, se contenter, par exemple, d’aller à la messe le jour de Pâques. Ce n’est pas sur ce plan quantitatif que je dis « plutôt que », mais je veux dire comprendre que le religieux chrétien, lui-même, ne fait pas abstraction de la relation à l’autre, jamais, même quand nous sommes dans des pratiques religieuses, à l’intérieur d’une église. Ce religieux-là, où l’on s’adresse à Dieu par le Christ, ne fait pas abstraction de notre lien aux autres.
Et ceci donc d’abord, parce que, l’Evangile n’est pas un code de pratique religieuse, il n’y en a pas. Mais il abonde en préceptes de justice et de charité.
Par exemple, si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tu lui tends la joue gauche. On peut rire de ce précepte et on peut réagir contre, mais il est extrêmement inspirant, inspirant de la conduite. Comment va-t-on se comporter avec quelqu’un qui nous insulte. Jésus va nous inviter à aller au-devant de lui. Ça, ce n’est pas de la morale. C’est une éthique, une éthique de justice, de charité, etc. Et donc constamment l’Evangile nous invite à nous interroger sur notre comportement avec autrui. Est-ce que nous le traitons vraiment en frère, constamment ? Et que pouvons-nous faire pour aider notre prochain ?


Quand on voit le précepte que nous donne St Paul dans l’épître aux Philippiens au chapitre 2, il nous invite à imiter l’abaissement de Jésus. Qu’est-ce qu’il veut dire par là ? Se soumettre les uns aux autres. Qu’est-ce que ça veut dire ? Se mettre au-dessous des autres pour les élever. Les élever même au-dessus de soi-même. Les aider à croître en humanité. Les aider à devenir davantage homme. Cela, c’est une éthique, une éthique d’aider l’autre à croître, à s’élever, une éthique qui a sa source dans l’abaissement de Jésus jusqu’à la mort sur une croix, où il s’est mis au rang des esclaves, puisque la croix était le châtiment des esclaves.
Je dirais une 2ème illustration de cette éthique évangélique. Il faudrait comprendre que le rite chrétien sacralise avant tout la relation aux autres ; parce que l’espace sacré n’est pas le temple matériel. L’espace sacré, nous le lisons, notamment dans saint Paul, c’est notre corps, notre corps individuel et c’est le corps social que nous formons les uns avec les autres.
L’espace sacré, c’est celui que Paul appelle le corps du Christ et qu’est-ce que le corps du Christ ? Eh bien, c’est l’ensemble des chrétiens qui s’unissent les uns les autres, en vue de rayonner la fraternité autour d’eux. Donc des chrétiens rassemblés par l’amour, le souvenir de Jésus. C’est là aussi où le sacrement, par excellence qui est le sacrement de l’Eucharistie, – voir dans Cor 11 le récit de l’institution de l’Eucharistie – où saint Paul nous apprend à respecter le corps du Christ. Le commentaire traditionnel c’est de reconnaître que l’Eucharistie est bien le corps du Christ, le corps individuel du Christ. Non, ce n’est pas du tout la pensée de Paul. Qu’est-ce qu’il nous dit ? Quand vous vous réunissez pour commémorer le souvenir du Seigneur, attendez-vous les uns les autres. Ne commencez pas à manger dès que vous arrivez sans vous occuper de ceux qui ne sont pas là et qui vont arriver les derniers. Attendez-vous les uns les autres. L’Eucharistie nous apprend à respecter le corps que nous formons quand nous nous rassemblons autour de Jésus.
C’est cela le corps du Christ qui se noue dans le souvenir de Jésus, son souvenir et son attente, le Christ à venir, c’est-à-dire tous ces hommes qui nous entourent, qui sont appelés eux aussi à entrer dans le corps du Christ, à former avec nous une seule et même humanité.
C’est cela la véritable compréhension du sacré chrétien. Jésus a donc sécularisé lui-même le sacré. Le sacré n’est pas le temple de pierre, le sacré c’est le corps que forme la multitude des chrétiens rassemblés au nom de Jésus et qui, là, apprennent à se conduire les uns envers les autres, en frères, pour le faire également avec ceux qui ne sont pas là, rassemblés présentement dans le corps du Christ, qui sont cependant les enfants du même Père, comme nous le sommes.


2ème piste de réflexion : la vie du chrétien en Eglise aujourd’hui

La construction de l’Eglise comme espace de vie politique, comme espace politique.

(...) la question se pose : est-ce que le chrétien jouit, dans l’Eglise, de droits citoyens comparables à ceux dont il jouit dans la société civile ? On peut se poser la question. On y répond d’ailleurs assez vite.
Il ne faut pas oublier aussi qu’il y a l’inégalité qui tient à la consécration. Le pouvoir appartient aux clercs depuis l’institution de la distinction entre laïcs et clercs qui remonte au début du IIIème siècle, avec ce qu’on appelle la tradition apostolique d‘Irénée, qui n’a rien d’apostolique d’ailleurs. Mais, c’est le moment où l’on a commencé à imposer les mains à des personnes qui avaient, seules, le droit de participer à la liturgie.

 

Donc, une inégalité hommes – femmes, puisque l’Eglise ne permet pas aux femmes d’accéder à la consécration. Est-ce que cet accès à la consécration  sacerdotale serait le seul moyen de rétablir des droits politiques dans l’Eglise ? A vous encore d’y réfléchir. Mais il est certain que l’inégalité homme – femme devient de plus en plus choquante dans un monde dont l’évolution se caractérise, inversement, par la participation de plus en plus grande des femmes à tous les échelons du pouvoir, du pouvoir politique comme du pouvoir industriel. Donc, au regard du monde sécularisé, le chrétien ne jouit pas, dans l’Eglise, des prérogatives et des libertés qui sont considérées comme constitutives des droits humains dans le société civile. Le chrétien n’est pas un individu majeur. Il est encore mineur. La femme encore plus. Et cela contribue très fortement à la séparation du monde et de l’Eglise, et contribue très fortement à la perte de crédibilité du langage théologique. Et même quand nous considérons les très belles avancées de Vatican II, en direction du monde moderne, il est certain que ces avancées sont réelles, très réelles, mais que le langage de l’Eglise n’est pas crédible, vu qu’elles ne sont pas appliquées à l’intérieur de l’Eglise, qu’il n’y a pas de liberté de parole dans l’Eglise, que les fidèles ne participent pas à l’organisation de la cité chrétienne, de la cité ecclésiale et que les femmes sont traitées à inégalité avec les hommes. (...)

Comment reconstruire l’Eglise en société respectueuse des droits politiques de ses fidèles ? Je vous laisserai encore, là, le soin d’y répondre vous-mêmes. Comment les chrétiens peuvent-ils arriver à tenir une parole responsable dans l’Eglise ?   Comment faire ? (...)

Donc les chrétiens peuvent revendiquer le droit d’exercer la responsabilité de leur « vivre ensemble » en l’Eglise. Et aucune autorité religieuse ne peut les empêcher de prendre la responsabilité de leur « être chrétien » dans le monde, de leur « être avec les autres » dans le monde. (...) Comment vivre la vie de l’Eglise dans des communautés de partage de la parole évangélique ? (...) transformer de plus en plus la vie en Eglise, non pas en réunions cultuelles mais en communautés de partage de la parole évangélique. Ce partage incluant le partage du pain, comme ça se faisait au début de l’Eglise. Partager la parole, c’est ainsi que, peu à peu, les fidèles pourront prendre et exercer des droits de citoyenneté dans l’Eglise.
 

Il y a là, donc, un vaste champ de réflexion en se disant et en essayant de faire comprendre aux autorités de l’Eglise, que l’Eglise ne sera respectée dans le monde que dans la mesure où elle apparaîtra, elle-même, comme un espace de vie et de liberté politiques. Tant qu’elle n’apparaîtra pas ainsi, alors elle apparaîtra comme une secte religieuse où c’est le rite qui domine tout. La chance de l’Eglise de répandre l’Evangile dans le monde, c’est de montrer, elle-même, qu’il y a, dans l’Eglise, une liberté de parole, d’échange de parole, de construction d’une parole chrétienne.


3ème piste de réflexion : annoncer l’Evangile en terme de sens de la vie humaine.

• Sens ou salut ?
C’est une question qu’on doit se poser quand on cherche dans quels domaines pourrait s’exercer le droit des fidèles à une parole responsable. Faut-il la définir par l’accès au salut  ou par l’accès au sens que l’Evangile donne à la vie humaine ?


Si nous voulons la répandre comme un accès au salut éternel où l’épiscopat dira : l’accès au salut éternel vient directement de la révélation, dont le dépôt nous a été confié à nous, évêques. (...) quel rapport y a-t-il entre le sens et le salut ? Grave question que nous pouvons nous poser. Où situons-nous notre foi, de préférence ?  Dans le salut ou dans le sens ?
Un historien du 18ème siècle faisait remonter la perte de vitalité des Eglises au 18ème siècle, à ceci que l’Eglise ne savait que parler des fins éternelles, spécialement en inspirant la peur, à une époque où les gens commençaient  à s’intéresser de plus en plus aux fins temporelles.
 

Est-ce que l’Eglise s’intéresse aux fins temporelles ? Est-ce que notre foi chrétienne est intéressée à définir, à déterminer les fins temporelles qui évoluent, bien sûr toujours, à travers le temps et l’espace ?
Deuxième petite anecdote : avant-hier,  j’écoutais, la nuit, un débat sur France Culture où il y avait des sociologues de la religion qui débattaient autour d’un sondage d’opinion qui a du être publié hier ou avant-hier par le journal « La Croix », sur la pratique chrétienne tombée à 5%. Des sociologues disaient « l’Eglise ne sait que parler en terme de salut, ça n’intéresse plus personne ». Ils pensaient au salut – la vie éternelle – la vie dans l’au-delà ; on a le temps de voir. Moi je n’ai plus grand temps ! Ils demandaient pourquoi ne s’intéresse-t-on pas à la recherche du sens ? Est-ce que l’Eglise est capable de parler en terme de sens, le sens de la vie conjugale, le sens des affaires, le sens de l’économie : où va l’économie, le sens de l’histoire, l’accueil des étrangers etc… parler en terme de sens ?
Une question à laquelle vous pourrez réfléchir : est-ce qu’un discours du sens pourrait se substituer, chez les chrétiens, au discours du salut ? Je ne dis pas l’éliminer, mais en prendre la place. Est-ce qu’un discours du sens pourrait se présenter comme un discours du salut ? Ou, en termes inverses, présenter le discours du salut en terme de sens ?


• C’est là où je voudrais dire, 2ème point, qu’un discours du sens a bien été tenu au Concile Vatican II.
 (...) Quelle est la nouveauté de Vatican II ? Pour moi, la grande nouveauté de Vatican II, c’est bien «Gaudium et Spes » où l’Eglise a reconnu toutes les libertés que, depuis 2 siècles, s’était donné le monde sécularisé contre l’Eglise. Toutes ces libertés que l’Eglise du XIXème siècle n’avait pas cessé d’anathématiser et de repousser, comme le droit, notamment très caractéristique, à la liberté de la foi, le droit à la liberté de parole. Vatican II a salué la dignité de la personne humaine. Il a voulu tenir au monde un langage nouveau. Il a dit que l’Eglise voulait se mettre au service du monde pour aider le monde à se procurer les biens auxquels il aspirait, qui sont des biens temporels, des biens spirituels. L’Eglise s’intéressait aux fins temporelles de l’Humanité, enfin, enfin ! Pas uniquement aux fins éternelles. L’Eglise commençait là, à Vatican II, à  insérer le salut dans la recherche du sens. C’est l’homme qu’il s’agit de sauver, la société humaine qu’il faut renouveler. Alors, bien sûr, le Concile parle encore en terme de salut : « qu’il faut sauver », mais la référence au renouvellement de la société humaine montre bien qu’il dépassait le salut religieux tel qu’il est compris par la pratique religieuse ou des croyances religieuses. Il montrait bien qu’il s’agissait de repenser et de renouveler la condition humaine dans le monde d’aujourd’hui. C’est d’ailleurs le titre de l’exposé préliminaire de ce document intitulé « Gaudium et Spes », c’est-à-dire «l’Eglise dans le monde de ce temps ». Donc il s’agissait du sens de l’histoire, s’intéresser à la condition humaine. C’était donc une invitation adressée à tous les laïcs chrétiens, ceux qui participent le plus directement à la vie dans le monde. L’invitation adressée à ces laïcs, à tenir à leurs concitoyens du monde, un discours du sens, inspiré par l’Evangile. Alors, ce discours du sens peut-il vraiment être tenu comme un discours de salut devant Dieu, de salut éternel ?  C’est la réflexion à laquelle je m’attache en ce moment, en tant que théologien. Pour moi, c’est la parole que l’Eglise doit tenir. Elle ne peut pas tenir une parole universelle si elle se contente de dire : revenez adorer Jésus Christ dans nos églises. Si elle veut inviter les hommes vraiment au salut, et bien, il faut tenir un discours du sens.


Mais quel rapport y a-t-il entre le sens et le salut ? Pour moi, et là, je prends position comme théologien, cela est lié au rapport entre l’ordre de la création et l’ordre du salut. Qu’est-ce que Dieu veut sauver ? Pour moi, Dieu ne veut pas sauver des individus. Dieu veut sauver l’Humanité comme totalité. (...)
Que veut Dieu ? Le salut pour lui, c’est celui d’une Humanité réconciliée, puisque Dieu était dans le Christ, se réconciliant le monde, dit saint Paul (2 Cor 5,19). Et Paul dit que, dans le Christ, est apparue une nouvelle création (2 Cor 5,17). La création nouvelle, la création qui se fait dans le Christ, c’est l’Humanité rassemblée dans le pardon mutuel, rassemblée dans la fraternité, unifiée à l’image de Dieu.

 

Donc, tout ce qui va dans le sens de l’humanisation de l’homme, de l’humanisation de la nature, de l’humanisation de la société, de l’humanisation de l’économie etc., tout ce qui va dans le sens de la réconciliation des hommes entre eux, des classes sociales entre elles, des riches et des pauvres, des peuples entre eux, tout ce qui va dans ce sens, le sens de la paix, de la fraternité, de la réconciliation, tout cela va dans le sens du salut.
Qu’est-ce que Dieu veut des hommes ? Qu’ils s’aiment les uns les autres. Qu’ils se pardonnent mutuellement leurs offenses. Voilà la seule loi du salut que Jésus nous a donnée et, c’est ainsi que Dieu, au terme de l’histoire, appelle l’Humanité à entrer dans son bonheur, dans sa béatitude. L’Humanité sauvée, c’est une Humanité réconciliée et cette réconciliation se fait dès maintenant quand nous travaillons à l’humanisation de l’homme. Quand nous travaillons à l’humanisation de l’homme, nous travaillons au salut de l’Humanité.
 
A lire : « Croire quand même – Libres entretiens sur le présent et le futur du catholicisme », Joseph Moingt, Ed. Temps Présent, coll. « Semeurs d’Avenir », novembre 2010, 248 pages, 19 €.

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7 juin 2010 1 07 /06 /juin /2010 15:17

Jean-Claude Barbier, vignette, mai 2008"Conseils aux communautés religieuses", par Jean-Claude Barbier, fondateur de l'Eglise unitarienne francophone et, entre autres activités, responsable des Actualités unitariennes (lien)

Aux premiers temps du christianisme, les apôtres (
Paul, Pierre, Jude) ou les Anciens (Jacques le frère de Jésus, Jean l’Ancien, un autre Jean), écrivaient des épîtres pour encourager les communautés naissantes, puis, au IIème siècle ce fut au tour des évêques (Clément de Rome, Ignace d’Antioche, Polycarpe de Smyrne, etc.) *

* voir les écrits des Pères apostoliques mis en ligne  par les éditions du Cerf, et, sur le rôle des évêques au IIème siècle voir notre article  « le montanisme face aux évêques »

Les Quaker ont maintenu cette belle tradition des épîtres envoyées aux autres communautés.

 

La salutation entre communautés rétablit la mosaïque fraternelle d’un christianisme multipolaire que cette religion a malheureusement perdue en ce qui concerne certaines confessions à cause des hiérarchies ecclésiales qui se sont mises ultérieurement en place, le cas de la papauté étant le cas le plus extrême.

Oui, il nous faut nous encourager mutuellement, échanger nos expériences, cheminer ensemble. Et ceci sans nous enfermer dans nos seules confessions : nous sommes d’abord des chrétiens * avant que d’être de telle ou telle confession, sinon la référence à Jésus devient un signe de discorde et non plus d’unité et de communion.

* Voir notre article sur "le christianisme post-confessionnel" mis en ligne sur le site Profils de libertés, le 20 janvier 2005, dans la rubrique " Chroniques "

Les mouvances libérales l’ont bien comprises qui pratiquent un œcuménisme d’emblée et des célébrations libres (lien). Au-delà des Eglises confessionnelles qui enferment le fidèle dans un credo communautaire, une liste de sacrements, une liturgie codée, des habitudes bien rôdées, il nous faut apprendre la communion au sein d’assemblées désormais hétérogènes, volontiers post-confessionnelles, où les opinions individuelles peuvent se dire, où les traditions peuvent s’exprimer avec leurs couleurs, où la diversité donne lieu à un partage.

* Voir le Cahiers Michel Servet n° 1, novembre 2004, Le culte chrétien de maison, le partage de la parole, du pain et du vin avec des amis et des voisins. Cahier préparé par Jean-Claude Barbier, Fraternité unitarienne de Bordeaux, nouvelle édition en septembre 2005, 12 p. + 4 de couverture (lien). Voir aussi les cultes mensuels de l'Eglise unitarienne francophone (EUfr) organisés sur ce principe (lien).

 

Dès lors les salutations sont transversales aux confessions, aux Eglises institutionnelles ; elles s’adressent à des communautés concrètes, vivantes, "en chair et en esprit" pour reprendre une expression chère à Ignace d’Antioche.

à suivre ...

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7 juin 2010 1 07 /06 /juin /2010 14:57

suite de l'article précédent


L’un des enjeux modernes de nos communautés religieuses réside dans la gestion de nos diversités internes. Il faut de la part des animateurs beaucoup d’attention aux uns et aux autres, ce que recommandait déjà Ignace d’Antioche au jeune évêque qu’était Polycarpe de Smyrne dans les années 110, mais aussi une bonne organisation démocratique : des responsables élus qui jouissent de la confiance effective de l’Assemblée et qui se situent au-dessus des courants et des sous-groupes s’il y en a, en tout cas qui soient ouverts à la liberté d’expression et aux diverses sensibilités.

Une démocratie « compréhensive » qui doit aller jusqu’à prévoir des espaces libres pour que des voix minoritaires, voire particulières puissent se faire entendre : des articles d’auteurs et pas seulement les communiqués « officiels » d’un bureau, d’un évêché, d’une Eglise institutionnelle, des sites indépendants et pas seulement des sites officiels (en cela les blogs sont une nouveauté tout à fait opportune), des forums (les groupes Yahoo ont été par exemple mis à profit par les groupes unitariens en émergence), des rubriques réservées aux prophètes (tient, "on" les a oublié ceux là ! dans la plupart de nos communautés chrétiennes alors qu’ils étaient bien présents au Ier siècle), voire même pour des coups de gueule et de saintes colères, etc. (c’est ce que les Actualités unitariennes ont fait avec la rubrique « à contre courant, la voix des prophètes »)

 

Que les « gendarmes », qui ont toujours peur des débordements, se rassurent : il existe des modérateurs pour les forums et les éditeurs de site indépendant engagent aussi leur responsabilité et respectabilité ! Et puis les auteurs, étant responsables de leurs propres textes, ont tout intérêt à en soigner la rédaction dès lors que c’est publié !

Contrairement au modèle épiscopal qui se met en place au IIème siècle et qui, au nom de l’unité de la communauté, veut tout contrôler, les responsables doivent tolérer, accepter, permettre des voix divergentes, encourager même la formation d’autres groupes, associations ou mouvements si les contradictions ne permettent plus un travail en commun dans de bonnes conditions. Chaque famille de pensée, chaque courant doit pouvoir s’exprimer et approfondir sa réflexion.

 

C’est d’ailleurs par cette dynamique que les convergences peuvent s’opérer à terme. Théodore Monod disait que nous empruntons des chemins différents mais que c’était pour atteindre un même sommet de montagne. Le Mahamat Gandhi invitait chacun à l’excellence de sa voie. Là aussi, n’ayons pas peur des frictions de départ, des dissidences et autres étincelles : les séparations visent une meilleur identité et cohérence, mais toutes sont appelées à la transcendance.

Les relations peuvent être maintenues sur la base du respect réciproque et du désir d’échanger. C’est là un apport du congrégationalisme où chaque communauté se gère souverainement (comme celles du christianisme du 1er siècle), apportant aussi une décrispation en permettant à chaque contestataire, dissident, schismatique ou hérétique … ou tout simplement entrepreneur religieux, d’organiser son propre groupe.

Des instances de coordination nationale ou internationale, fonctionnant comme des réseaux peuvent ensuite proposer des espaces de rencontre en laissant les groupes libres d’y adhérer ou non.

 

Les mouvances unitariennes fonctionnent ainsi : sur près d’un million de fidèles et sympathisants et la présence des unitariens dans tous les continents (lien), les groupes qui se tiennent à l’écart des autres sont rarissimes. Chaque pays a une instance nationale qui n’est pas du tout une fédération qui parlerait au nom de tous, mais qui est minimaliste et fonctionne comme un réseau sans vouloir se suppléer à ses membres ; c’est, pour la France, le Conseil des unitariens et universalistes français (le CUUC, mis en place en mars 2008) (lien ), et au niveau mondial l’International Council of Unitarians and Universalists (ICUU), lequel réseau s’avère parfaitement capable de mobiliser en toute fraternité les Eglises historiques restées à 100% chrétiennes et qui se disent protestantes, les chrétiens unitariens des autres pays, les universalistes qui sont des chrétiens considérant que le Dieu Amour sauve toute personne inconditionnellement et enfin des unitariens-universalistes dont la majorité sont d’autres croyants provenant d’autres religions (soufis, bouddhistes, baha’is, etc.), des agnostiques et des athées spirituels (voir notre éloge  de l’unitarisme universalisme sur le site de notre Eglise francophone).

à suivre ...

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7 juin 2010 1 07 /06 /juin /2010 14:35

Une communauté ou famille religieuse (groupe, association locale, mouvement, Eglise locale, réseau, fédération, etc.) a parfaitement le droit de se réunir sur la base d’une théologie, d’un credo, d’un manifeste, d’une tradition, etc., même si elle émarge à un champs religieux plus vaste.

 

Au sein de la mouvance unitarienne contemporaine par exemple les diverses composantes maintiennent leur propre identité : les Eglises historiques (en Transylvanie et Hongrie) qui se disent protestantes, les chrétiens unitariens qui se situent en continuité et qui ont rédigé un manifeste en août 2007 (lien ), les universalistes qui sont héritiers de la théologie du salut universel (lien ), les unitariens-universalistes qui se réfèrent à la charte signée à Boston en 1961, etc.

 

Conformément à ses valeurs, à sa tradition, elle est habilitée à faire entendre sa voix dans l’espace publique, en qualité de mouvement, de famille spirituelle, de mouvance * organisée et disposant d’instance commune, etc.
* sur la notion de mouvance religieuse, voir notre article  dans la rubrique « le vocabulaire religieux » du site des chrétiens unitariens

 

Elle doit toutefois le faire conformément à sa nature : elle n’est pas un parti politique ! Elle n’est qu’une voix parmi d’autres au sein de la société civile, et doit donc respecter les autres et éviter les tentations intégristes et d’hégémonie. Etre non violente, etc.

Enfin et surtout respecter les sensibilités de ses membres. Trop de positions hâtives mènent à des scissions après le forcing de meneurs militants ou des décisions sans concertation suffisante. Il vaut mieux des articles d’auteurs plutôt que des décisions d’appareil ; une liberté d’organisation locale plutôt que des règles uniformes, des synodes qui invitent à faire ceci ou cela plutôt que des décisions à appliquer du jour au lendemain. Au lieu de vouloir prendre des positions à l’instigation des militants à juste titre engagés, les assemblées se doivent plutôt de soutenir les engagements individuels ou de groupes, lesquels – en cas de conflit – peuvent opérer dans les camps opposés : à chacun alors de vivre cela en faisant œuvre de paix !


Les Actualités unitariennes par exemple n’hésitent pas à prendre position sur des questions de société ; elles ont entre autres mené campagne contre le port du voile intégral. Mais elles l’ont fait avec des articles d’auteur, et puis aussi parce qu’il s’agit d’un site non institutionnel, n’engageant donc pas « officiellement » toute la mouvance unitarienne française / francophone. Par ailleurs, l’existence d’un réseau (celui de la Correspondance unitarienne, fondé à Bordeaux en octobre 2002) et d’un forum (le groupe Yahoo Unitariens francophones, fondé en avril 2005 et qui a quelques 110 membres à ce jour) (lien) permet aux responsables et animateurs d’être attentifs aux avis, aux réactions des uns et des autres, de donc de tenir compte des sensibilités diverses, de mieux naviguer, d’éviter les excès, de ne pas faire du forcing par conviction personnelle, à tenir compte des avis opposés.


Au lieu de vouloir prendre des positions communes, une communauté religieuse a tout intérêt à soutenir les engagements individuels de ses membres, à les valoriser, à les faire connaître, même s’ils sont non seulement divers mais contradictoires – car la vérité n’est jamais d’un seul camp et les questions à résoudre sont plus complexes que les seuls faits qui ont motivé l’engagement initial des militants. Une réflexion élargie doit être organisée avec des débats contradictoires et des synthèses lorsque celles-ci sont possibles. A défaut de consensus, le compromis n’est nullement honteux lorsqu’il permet d’arriver à une étape en gardant la cohésion de la communauté et en attente d’autres progrès ultérieurs.

Loin des fanatismes, loin des forcing militants, mais aussi loin des ronronnements paroissiaux, les communautés religieuses peuvent être des milieux d’apprentissage du vivre ensemble, de la démocratie. C’était là une idée
forte du théologien unitarien américain James Luther Adams (lien) face à la montée du nazisme en Europe dans les années 1930.

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