l'euthanasie passive
La loi française " Leonetti ", du nom du député-maire d'Antibes, dans les Alpes maritimes, par ailleurs cardiologue, Jean Leonetti (UMP), qui avait été le rapporteur de cette proposition de loi mise au point par une mission d'information de l'Assemblée nationale d'avril 2005 (loi promulguée le 22 avril 2005), définit l'euthanasie passive : pas d'acharnement thérapeutique ; les traitements peuvent cesser et on peut administrer des calmants comme la morphine afin d'éviter les souffrances même si ces substances peuvent abréger la vie du patient. Il est remarquable que, devant la gravité de la question, cette loi fut adoptée à l'unanimité des parlementaires français.
l'euthanasie d'exception
Mais en face de drames humains, cette législation n'est plus suffisante. Des voix s'élèvent pour demander l'évolution de cette loi.
Gaëtan Gorce (PS), député de la Nièvre, qui avait participé à l'élaboration de la loi précédente : " Il faut introduire une formule d'exception qui fasse que lorsqu'une personne n'a pas d'autre solution que celle demandée par Chantale Sébire, elle puisse saisir une haute autorité indépendante qui, au cas par cas, au vu de cette situation, puisse autoriser le médecin à administrer une injection léthale ". Le professeur Jean-Claude Ameisen, membre du comité national d'éthique, de renchérir : " Le législateur pourrait envisager une exception permettant l'accès au suicide assisté, comme ça existe dans certains pays, en dernier recours, et je dirais à titre d'exception et de constatation d'échec.". Même son de cloche avec la nouvelle secrétaire d'Etat à la Famille, Nadine Morano (voir photo), qui a déclaré jeudi "à titre personnel" qu'elle était favorable à la création d'une "commission nationale d'euthanasie à qui reviendrait le soin d'examiner les cas exceptionnels graves". Le Premier ministre, François Fillon, a demandé à Jean Leonetti de se remettre à l'ouvrage.
l'euthanasie active
Elle est pratiquée chez nos voisins en Belgique et en Pays-Bas et autorise l'intervention médicale pour abréger les souffrances du malade en fin de vie. En France, l'ancien Premier ministre Laurent Fabius (PS) vient de faire part des travaux d'une commission qui a été mise sur pied après la mort de Vincent Humbert *. La proposition de loi qu'il dépose vise "à autoriser, préciser et conditionner le droit de finir sa vie sans déchéance et dans le libre consentement".
* En 2003, Marie Humbert demanda l'euthanasie pour son fils Vincent, 22 ans, tétraplégique, sourd et quasi aveugle, qui réclamait la mort sur son lit d'hôpital depuis 3 ans.
Voici les grandes lignes de ce texte :
"Toute personne majeure, en phase avancée ou terminale d'une affection reconnue grave et incurable, infligeant une souffrance physique ou psychique constante, insupportable et ne pouvant être apaisée, peut demander à bénéficier, dans (d)es conditions strictes (...) d'une assistance médicalisée pour mourir dans la dignité", stipule l'article 1 du texte qui viendrait compléter l'article L-1110-9 du Code de la Santé publique.
Une fois cette demande formulée, le médecin traitant du patient doit consulter quatre praticiens (un spécialiste de la pathologie, un médecin hospitalier, un légiste et un psychologue). Ce collège doit parvenir "à la conviction qu'il n'y a aucune autre solution dans sa situation et que la demande du patient est entièrement volontaire".
La demande du patient doit être confirmée par écrit. S'il n'est pas en état de le faire, une personne majeure de son choix n'ayant "aucun intérêt matériel au décès du patient" peut la rédiger "en présence du médecin".
"Le médecin traitant respecte cette volonté. L'acte d'aide active à mourir pratiqué sous son contrôle a lieu dans un délai raisonnable au regard de l'évolution de l'état du patient", précise l'article 2.
Le texte prévoit également la création d'une Commission nationale de contrôle des pratiques relatives au droit de finir sa vie dans la dignité, au sein des ministères de la Justice et de la Santé, et précise que les médecins ne sont "pas tenus d'apporter leur concours" à cette "aide active à mourir". S'ils refusent, ils doivent "orienter immédiatement le patient vers un autre praticien".
Des considérations d'ordre religieux s'opposent à cette évolution de nos législations : la vie d'un être humain appartiendrait à Dieu seul. Elles sont rejointes par une absolutisation des droits humains, du respect de la vie. Mais que valent ces positions doctrinales ou idéologiques face à la souffrance humaine ?
En Italie, la justice rendit un non lieu pour le suicide assisté de Piergiorgio Welby en 2006 mais l'Eglise catholique romaine refusa des obsèques religieuses au sexagénaire paralysé. Où est l'amour du prochain ?
Pour les unitariens, le christianisme est d'abord un humanisme, résolument centré sur l'homme, conformément au message de Jésus pour qui le sabbat est fait pour l'homme et non l'inverse. Bien de nos absolus, de nos transcendances, de nos valeurs, se transforment vite en idoles, à commencer par certaines représentations de Dieu.