Mgr Albert Rouet, archevêque de Poitiers a choisi l’anniversaire de ses 75 ans pour prendre sa retraite. Durant son "règne", suite à un synode diocésain, pas moins de 300 communautés paroissiales ont été créées avec des équipes de laïcs désormais entièrement responsables, accompagnés de prêtres qui ne sont plus en position de dirigeants. On ne peut que se réjouir de cette promotion du laïcat dont on parle tout le temps, mais qui, partout ailleurs, sont tenus en laisse par les pouvoirs cléricaux à tous les échelons.
Contrairement à la politique de regroupement paroissial, qui assèche les ressources humaines des paroisses-village/quartier au profit d’un échelon cantonal ou encore plus élevé, cette réforme vise une mobilisation sur place des fidèles. Elle se rapproche du modèle protestant des conseils presbytéraux, avec élection effective de l’équipe des responsables lors d’une assemblée.
Mais, il semble que tout le monde ne soit pas content. A commencer par le Vatican qui avait imposé un auxiliaire modéré à Mgr Rouet en la personne de Pascal Wintzer (depuis nommé auxiliaire à Rouen) et qui n’a pas demandé à l’intéressé de jouer les prolongations en attendant la nomination d’un nouvel évêque – et puis pas d’éméritat pour le partant ! Mais aussi des intégristes qui crient à la "soviétisation" des paroisses, dénoncent « l’égo » des responsables laïcs dont la promotion, selon eux, leur monterait à la tête, défendent les jeunes prêtres en soutane mis à l’écart par la réforme, et citent la paroisse conservatrice de Blanzay laquelle connaît un vif succès – preuve a contrario de l’orientation erronée de la nouvelle dynamique (elle « respire le Bon Dieu » - sic - dit l’auteur d’un commentaire !).
C’est ce que nous révèlent les commentaires à l’article de Golias paru le 28 février 2011 : « Les coulisses d’une démission : l’archevêque de Poitiers, Mgr Albert Rouet, a bien été « remercié » ! (voir le site de Golias, lien)
Mgr Pascal Wintzer est de retour pour assurer l’intérim. De son côté, Mgr A. Rouet s’est exprimé dans les colonnes du Monde et vient de sortir un livre ce mois de février aux éditions de l’Atelier où il dit son bonheur : « Vous avez fait de moi un évêque heureux ». Il restera aux équipes paroissiales, la tâche de résister à une éventuelle normalisation des réformes introduites par l’heureux évêque !
Comme fer de lance, les conservateurs réactionnaires ont les jeunes prêtres qui sortent des séminaires tenus par les intégristes ou les charismatiques et qui acceptent avec enthousiasme leur célibat (au risque de pédophilie future !) et qui se lancent dans une croisade contre ce qu’ils perçoivent être la sécularisation du christianisme et une perte de foi.
Il convient de ne pas sous estimer les atouts de cette réaction catholique par rapport aux acquis de Vatican II. Déjà, en 1995, lors de l'éviction de Mgr Jacques Gaillot de l'évéché d'Evreux, les voix sur place étaient nombreuses à déplorer les engagements politiques de l'intéressé - paradoxalement au sursaut d'indignation sucité dans la France entière en milieu catholique (comme quoi nul n'est prophète en son pays !).
La Conférence nationale des évêques de France, tiraillée comme toutes les autres conférences nationales entre conservateurs et libéraux, noyautée elle aussi par des partisans de la Restauration, manquant de solidarité interne, est bien loin de toute tentation de gallicanisme : avec patience et persévérance, sans faire de vague ni provoqué des « affaires », le Vatican surveille et rectifie. En face, les forces progressistes semblent bien faibles et n'ont guère accès aux grands médias. Elles pourront toutefois se faire l’écho des tensions et mieux utiliser l’Internet pour propager les informations autour d’elles en sachant que le Vatican craint les opinions publiques. Comme quoi la succession de Mgr A. Rouet a tout l’air d’une veillée d’armes, du moins en sourdine !
Paroisses catholiques du Poitou, engagées dans une réforme promouvant le laïcat, nous sommes avec vous ! Les unitariens, dans la tradition protestante qui est la leur, encouragent les initiatives locales, la pleine responsabilité des baptisés et des fidèles.
Les éditions Golias ont publié en janvier 2011 une nouvelle version du trombinoscope des évêques de France, soit plus de 400 pages. Une version numérique est disponible pour l’ensemble du document ou par région apostolique (15 régions) (lien).