Accontentiamoci di una nuvola, Raccolta di sermoni cristiano unitariani par Roberto Rosso (2012), publié par Photocity Edizioni (photocity.it), 94 p., €18.00, ISBN 978-88-6682-220-2 ( lien)
« Se contenter d’un nuage » est une allusion à la colonne de nuée qui, selon le récit biblique, précéda les Israélites lors de leur fuite d’Egypte vers l’actuelle péninsule du Sinaï. Afin d’être moins élliptique que l’auteur ne l’est, on pourrait aussi traduire le titre par « Se contenter de ce qui n'est qu'une simple colonne de nuée ». En d’autres termes vivre notre existence sans penser aux promesses dans un au-delà. Bref, la colonne de nuée qui nous précède n’est pas forcément une échelle de Jacob qui nous mènerait tout droit au Ciel. L’enseignement de Jésus, la Bonne nouvelle, nous aide d’abord à mieux vivre ici et maintenant ; il s’agit là d’une manière toute concrète d’appréhender le monde et donc d’une autre vision du christianisme.
« IHVH les précédait, le jour sous la forme d’une colonne de nuée pour leur indiquer la route, et la nuit en la forme d’une colonne de feu pour les éclairer : ils pouvaient ainsi poursuivre leur marche jour et nuit. La colonne de nuée ne manquait jamais de précéder le peuple pendant le jour, ni la colonne de feu pendant la nuit » (Exode, 13, 21-22)
Présentation par Giacomo Tessaro :
La Communion chrétienne unitarienne d’Italie (Cicu) est heureuse d'annoncer une nouvelle aventure. Notre révérend Roberto Rosso a rassemblé 58 sermons dans un livre édité par Photocity ; le lecteur est invité à passer l'année liturgique en portant un regard inhabituel sur le Christ et sur sa vie. Avec sa connaissance des évangiles, l'auteur nous accompagne à travers nos doutes et nos idées reçues pour nous faire redécouvrir le christianisme. Ceux qui le connaissent déjà y retrouveront son style confidentiel et non sans ironie qu'ils ont appris à aimer.
Entretien de Roberto Rosso par Giacomo Tessaro, publié le 18 avril 2012 sur le site de la Congregazione italiana cristiano unitariana (CICU) lien, traduit en français par Samantha Fink
- Alors, Révérend, une nouvelle aventure, un livre publié
Oui, ç‘a été un plaisir de relire et de rassembler les pages de la première année de mon ministère.
- D’où vient le titre ?
D'une phrase de Kierkegaard souvent répétée par les trinitaires que, en Jésus, Dieu et le monde se rencontrent et Dieu prend enfin un visage. Je conteste l’affirmation selon laquelle Dieu n’aurait qu’un visage, parce que ce serait le limiter, mais aussi parce que Dieu et l'homme n'ont jamais été séparés et qu'une étincelle divine est toujours présente dans le genre humain.
- Vous avez fait sur les visages de Dieu, une recherche approfondie qui vous a mené à l’unitarisme...
Dieu, dans la culture antique, a toujours été perçu comme un vieux sage, avec la barbe blanche et toute la rhétorique liée à l'univers magique tribal qui voulait que les anciens soient capables d’impressionner par leurs miracles et leur culture sans limites. Avec l’unitarisme, on essaie de laisser ces ultimes vestiges d’anthropomorphisme pour concevoir la vie spirituelle dans le royaume de Dieu comme une expérience de prise de conscience de l'union intime de l'individu avec les autres, en Dieu.
- Comment ce livre se présente-t-il ?
Il s’agit d’un recueil de sermons pour ma congrégation [la Congregazione Italiano Cristiano Unitariana] au cours d'une année entière. Du sermon, j’ai conservé le ton familier propice à susciter l’émotion, à provoquer, mais c’est aussi un essai qui veut rassembler quelques thèmes théologiques clefs de l’unitarisme et se plier à la discipline d’une lecture littérale [et symbolique] attentive.
- Je remarque dans votre congrégation, beaucoup de membres de moins de quarante ans...
Oui, nous sommes une jeune congrégation, mais nous rencontrons aussi un certain succès depuis deux ans auprès des moins jeunes, et je dirais que c’est une bonne intégration.
- Quelle est la place de l’unitarisme dans le paysage chrétien italien, dominé par le catholicisme romain, et quelles sont vos relations avec les protestants ?
Nous prêchons la valeur de la diversité, la différence comme source de richesse spirituelle, si bien que pour nous les occasions de confrontation, de dialogue franc et sincère sont un plaisir lorsque la vérité peut ainsi émerger de la cohésion intime des différences et non de l'abus de pouvoir de qui hurle le plus fort.
- Qu’avez-vous à proposer à un monde où s’élèvent des voix athées virulentes, hostiles à toute forme de religion ?
L’opportunité d’un dialogue et d’une réflexion sur la valeur du doute et sur l’illusion des facultés cognitives de l'homme. Souvent la négation farouche de tout indicible est le symptôme du même malaise que l’on rencontre chez les fondamentalistes. Nous croyons qu’un dialogue ouvert et axé sur le doute comme possibilité d’unir au lieu de diviser, est plus profitable.
- Ce livre vise-t-il le seul public unitarien ou est-il utile à tous ?
Je dirais que ce livre présente un Jésus au visage humain, faillible, en proie au doute, ainsi qu’un Dieu qui se cache derrière une nuée. Je crois que cette expérience, bien typiquement unitarienne, est utile à tout croyant de toute confession ou religion pour vérifier, en accomplissant cette course de près de soixante étapes, les fondements de sa foi.
- Ne craignez pas de scandaliser beaucoup de chrétiens «orthodoxes» ?
Si le scandale devait produire en réaction une réflexion et la confirmation des fondements de leur foi, alors ce scandale, aussi grand fût-il, n’en aurait pas moins été aussi indiscutablement utile.
- Prévoyez-vous de nouvelles initiatives éditoriales ?
Je suis en train de préparer un livre sur la lecture unitarienne de l'Antéchrist de Nietzsche qui sera publié simultanément en Italie et en France (avec une traduction en français de Giacomo Tessaro), puis un essai sur Ferdinand Bracciforti avec la reprise de son «christianisme sans miracles" .
- Vos frères unitariens vous ont aidé dans ce travail ...
Eh bien, mes remerciements vont à la communauté dans son ensemble, dont la présence a stimulé ces réflexions, mais je voudrais mentionner en particulier le ministre Alessancro Falasca nouvellement nommé, qui a eu l’idée de ce recueil, ainsi que vous-même pour vos irremplaçables corrections de projets.