né du courant anti-trinitaire au sein des Réformes protestantes du XVI°s., l'unitarisme compte aujourd'hui près d'un million de personnes réparties dans une cinquantaine de pays, dont plusieurs pays francophones (France, Belgique, Suisse, Québec, Congo et
Oscar Arnulfo Romero Galdámez, né à Ciudad Barrios, dans le Département de San Miguel, au Salvador en août 1917, est ordonné prêtre le 4 avril 1942. Il est nommé évêque suppléant de San Salvador en 1970 ; puis, quatre ans après, il est envoyé comme évêque dans la région cafetière de Santiago de María ; enfin, en 1977, il revient à San Salvador comme archevêque. Il a alors la réputation d’un ecclésiastique studieux et modéré.
Comment est-il devenu un évêque « rouge » ? En mars 1977, son ami, le père Rutilio Grande, est assassiné par la Garde nationale, qui l'avait étiqueté " communiste subversif ". Dans ces dernières années 70, ce sont les prémices d’une guerre civile qui sévira dans son pays pendant plus de douze ans avec des centaines de milliers de morts. Du haut de sa chaire, il dénonce les assassinats et les disparitions de tous ceux qui veulent un monde plus juste, qui dénoncent les abus et s’insurgent contre un gouvernement entièrement au service des riches possédants.
Au printemps 1979, l’évêque, menacé de toutes parts, se rend à Rome, mais « Il ne trouva auprès du pape Jean-Paul II ni écoute, ni soutien. Profondément déçu, il dit : «Je ne pense pas revenir à Rome une deuxième fois. Le pape ne me comprend pas.» Jean-Paul II n’avait pas prêté attention à la photo d’un prêtre indien récemment assassiné, ni aux documents sur la persécution des chrétiens par les sbires des nantis. Au lieu de ça, le pape se contenta de l’exhorter à une coexistence harmonieuse avec le gouvernement salvadorien. »
« Je vivais alors à Managua au Nicaragua (...). Une religieuse me confia qu'elle avait rencontré à Madrid Oscar Romero qui revenait en 1979 d'une visite au Vatican. Il semblait détruit, affligé après l'audience que lui avait accordé le pape, a-t-il dit.
L'archevêque de San Salvador avait confié qu'il ne s'était jamais senti aussi seul qu'après cette rencontre. Il avait toujours été un modéré, mais il était indigné par le fait que les paysans autorisés à prendre possession de terres par la réforme agraire doivent affronter des gens en armes. Il avait mis à leur disposition la radio du diocèse où furent dénoncées des atrocités et violations des droits de l'homme, le meurtre de syndicalistes. Il apporta toute cette documentation au Vatican. Le pape se montra froid, il prit la documentation et la mit de côté en faisant ce commentaire: « j'ai dit mille fois que l'on ne m'apporte pas autant de documents que je ne pourrai lire ». (témoignage du théologien italien, Giovanni Franzoni* dans une interview à l'AFP, reproduit dans Romandie News, lien).
* Le père Franzoni, ancien abbé de la basilique Saint-Paul-hors-les-murs, fait partie d'un groupe de théologiens entendus lors du procès en béatification de Jean Paul II, qui exposa des arguments contraires à celle-ci.
Non soutenu par sa hiérarchie et ses collègues, l’archevêque devint une proie facile. Le 24 mars 1980, durant l’eucharistie dans la chapelle de l’hôpital de la Divina Providencia, un tueur à gages, commandité par Roberto d'Aubuisson, militaire et leader des escadrons de la mort. le visa en pleine poitrine, devant l'autel où il célébrait.
En 1996, Jean-Paul II se rendit sur sa tombe et lui rendit hommage. La même année, un procès de béatification de l’archevêque de San Salvador fut ouvert.
Tout récemment, ce 27 avril 2011, constatant que ce procès est bloqué par le Vatican, des théologiens contestataires ont lancé un appel pour sa relance ; appel signé notamment par l'évêque français Jacques Gaillot et le théologien suisse Hans Küng. Pour la vox populi, l’archevêque martyr est déjà le saint Oscar Romero d’Amérique. Un « Appel œcuménique à l’occasion du 1er mai 2011 » circule présentement dans divers pays pour « Commémorer la canonisation du martyr Saint Oscar Romero par les pauvres de ce monde » à cette date. Il a été traduit en français et publié dans le bulletin n° 3, avril 2011, de Nous sommes aussi l’Eglise (NSAE). Il a été signé par la Fédération des réseaux du Parvis (dont les chrétiens unitariens sont membres).
Alors, ce 1er mai, qui est la Fête du Travail (et des travailleurs !) dans le monde entier, sera-t-il aussi la date de la béatification contestée * de Jean-Paul II ou bien celle de l’archevêque martyr ? Un face à face post mortem qui ne manquera pas d'inspirer les dramaturges ... et d'interroger les consciences chrétiennes.
* Comment un pape qui a soutenu en Amérique latine les régimes les plus autoritaires et les plus répressifs vis-à-vis des classes populaires, qui a encouragé l’Opus Déï et noyauté le Sacré collège de prélats de cette obédience (lesquels ont élu Benoît XVI comme une lettre à la poste !) (lien), qui a combattu la théologie de la libération et mis à l’écart nombre de théologiens de cette orientation, qui a interdit l’usage du préservatif et l’a répété entre autres aux foules africaines pourtant décimées par le Sida, comment un tel pape peut-il être présenté comme un modèle de sainteté ?