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26 septembre 2014 5 26 /09 /septembre /2014 11:10

Appel des musulmans de France
Nous, responsables musulmans de France, signataires du présent appel :
Nous condamnons fermement les exactions commises par l’organisation « Daesh », connue sous l’appellation « Etat Islamique » (EIL), à l’encontre des civils en Irak et en Syrie parmi les chrétiens, les Yézidis, les Kurdes, les Turcomans, les musulmans chiites ou sunnites, les humanitaires, les journalistes et les reporters.
Nous considérons que cette organisation, en dépit de son appellation usurpée, n’a rien ni d’Etat ni d’islamique. Ses actions criminelles et barbares, dont les décapitations macabres des deux journalistes américains James Foley et Steven Sotloff et de l’humanitaire britannique David Haines, d’une cruauté et d’une violence insoutenables, sont en totale contradiction avec les principes élémentaires de la religion musulmane.
Nous saluons la réaction spontanée, responsable et unanime des musulmans de France et de leurs imams qui ont condamné fermement les actes abjects du groupe terroriste « Daesh ».
Nous saluons la position des autorités chrétiennes, qui tout en condamnant les exactions perpétrées contre les chrétiens d’Irak et de Syrie, refusent toute instrumentalisation de cette tragédie et soulignent que les musulmans sont également victimes de cette organisation terroriste.
Nous appelons tous les citoyens épris de paix et de justice quelle que soit leur religion ou leur conviction à afficher, aujourd’hui plus que jamais, leur unité face au terrorisme et à la barbarie et à œuvrer sans relâche pour que le dialogue et la solidarité entre eux puissent faire barrage aux adeptes de la prétendue « guerre des civilisations ».
Nous réitérons notre appel aux jeunes musulmans de France qui seraient tentés d’aller combattre aux côtés de ces terroristes, de prendre conscience de l'ampleur de la gravité des crimes dont ils pourraient se rendre complices, ainsi que de la lourde responsabilité, devant Dieu et devant l'Humanité, d’une telle complicité.
Face à l’ampleur des crimes commis par « Daesh » et l’importance des moyens matériels dont elle dispose, nous appelons la communauté internationale à diligenter une enquête afin que soient déterminés les responsabilités des soutiens de cette organisation terroriste ainsi que l’origine de ses moyens.
Nous demandons aux musulmans de France d’apporter leur aide aux exilés, notamment à ceux présents en France, d’élever des prières, tous les vendredis, pour le repos des âmes de toutes les victimes et implorer le Très Miséricordieux afin qu’Il accorde Son Aide et Son Soutien à ceux qui souffrent des actes de cette organisation terroriste.

Signataires par ordre alphabétique des institutions :

 

Dalil-Boubakeur.jpg

Dalil Boubakeur, recteur de la Grande mosquée de Paris

 

Comité de coordination des musulmans turcs de France (CCMTF), représenté par Ahmet OGRAS, président.
Fédération française des associations islamiques d’Afrique, des Comores et des Antilles (FFAIACA), Cheikh Moussa TOURE, président.
Fédération nationale de la Grande Mosquée de Paris (FNGMP), le Recteur Dalil BOUBAKEUR, président.
Foi et Pratique, Hamadi HAMMAMI.
Grande Mosquée d’Evry-Courcouronnes, le recteur Khalil MERROUN
Grande Mosquée de Lyon, le recteur Kamel KABTANE
Grande Mosquée de Saint-Denis de l’île de la Réunion, Aslam TIMOL
Rassemblement des musulmans de France (RMF), Anouar KBIBECH, président.
Union des mosquées de France (UMF), Mohammed MOUSSAOUI, président.
Union des organisations islamiques de France, Amar LASFAR, président.
Paris, le 15 septembre 2014

 

Le 24 septembre, au terme d'un ultimatum lancé aux autorités françaises, Hervé Gourdel, guide français de haute montagne qui menait une excursion dans un massif de Kabylie, a été décapité par un groupe se réclamant du califat autoproclamé de l'Etat islamique. Le 26 septembre, les musulmans français, à l'initiative de leurs responsables sont invités à se réunir devant la Grande mosquée de Paris.

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7 juin 2014 6 07 /06 /juin /2014 20:20

Suite aux affaires Mohamed Merah (tueries à Toulouse) et Mehdi Nemmouche (tuerie au musée juif de Bruxelles), et au départ de nombreux jeunes musulmans en Syrie, les responsables musulmans européens commencent (enfin) à parler ouvertement de radicalisation islamiste. Une meilleure formation des imams et une multiplication des aumôniers sont désormais de toute première urgence.


dounia_bouzar.jpg

Pour l'anthropologue du fait religieux Dounia Bouzar, membre de l'Observatoire de la laïcité, "c'est très bien de rassurer, de redire ce qu'est l'islam. Mais les radicaux se fichent pas mal de ce qu'est l'islam, c'est ça le problème".
"C'est pour ça que j'ai monté une cellule avec des psychologues : il faut trouver d'autres façons de permettre des sorties de la radicalité", ajoute celle qui dirige le Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l'islam. L'experte s'intéresse notamment à l'endoctrinement pratiqué par le groupuscule dit des "véridiques", qui attire en Syrie des jeunes Français, notamment des filles, sous couvert d'engagement humanitaire.
La radicalité de Mohamed Merah et Mehdi Nemmouche est d'une autre nature. "Ils n'ont pas fréquenté de mosquée, on ne peut pas dire que c'est le catéchisme musulman qui a été mal fait. Mais dans notre inconscient, en Europe, nous sommes tous en train - politiques, médias, sociologues, musulmans, non-musulmans - de construire une figure du musulman comme guerrier", déplore l'anthropologue. "Or on observe une recherche de toute-puissance chez ces hommes sans père ni repère, qui avaient le sentiment de ne pas avoir de place, n'avaient pas de lien au territoire", fait valoir Dounia Bouzar.
"Je pense qu'il faut former les imams afin qu'ils comprennent mieux les processus d'emprise mentale", ajoute-t-elle : "Je vois chez eux l'envie de se remettre en question dans la façon dont ils enseignent : on travaille peut-être trop sur l'image du Prophète combattant, pas assez sur le messager de paix".

 

Eh oui, le Prophète fut un guerrier et le fondateur d'un Etat à visée nationale (centrée sur La Mecque) et international (une religion monothéiste universelle). Il reste à dégager du Coran ce qu'il y a d'universel et non de sectaire ! Bonne exégèse de cette compilation fort disparâtre ...

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20 juillet 2013 6 20 /07 /juillet /2013 11:40

La problématique des jeunes citoyens qui partent combattre en Syrie : Qu’en pensent les ouléma et imams ?

Nous sommes devant une situation complexe : des jeunes citoyens européens, en l’occurrence des jeunes belges, de confession musulmane qui décident de quitter leurs familles et amis, leurs écoles et lieux de formations, leurs quartiers et villes, pour s’engager dans un conflit armé, dans des contrées lointaines.


Si la cause pour laquelle ils veulent combattre--à savoir la chute de la dictature--est une cause juste aux yeux des gouvernements, des décideurs politiques, des états européens ; l’enrôlement de ces jeunes est redouté à plusieurs niveaux. Leur décision de porter les armes est d’abord perçue par certains médias comme un signe de radicalisation au sein de la communauté musulmane vivant en Europe, laquelle radicalisation est assignée à un discours religieux extrémiste. Leur retour après la fin du conflit est beaucoup plus redouté que leur départ. Il est à craindre que ces jeunes n’adoptent les agendas des groupes extrémistes à côté desquels ils combattent, ce qui compliquera leur rapport avec leurs concitoyens européens.


grande-mosquee-bruxelles.jpgGrande mosquée de Bruxelles
 

Que faire ?

Devant la complexité de la situation, les ouléma et imams ne peuvent que déplorer l’échec de notre société à pourvoir ces jeunes idéalistes d’un autre horizon que celui de recourir aux armes sans connaitre les tenants et les aboutissants du conflit dans lequel ils s’engagent. Ces jeunes, sont notamment victimes de certains échecs d’une société qui n’est pas toujours, sur certains aspects, fondée sur l’égalité, la justice et la dignité à leur égard. C’est en partageant la responsabilité de cet échec que nous parviendrons à continuer à œuvrer ensemble, au-delà du travail déjà accompli dans et avec la communauté, pour mettre fin à ce chapitre douloureux de l’histoire de notre vivre-ensemble. Nous tenons à saluer les efforts déjà accomplis pour prévenir ce type de situation.


De notre côté, nous saisissons cette occasion pour exprimer notre engagement infaillible auprès de tous ceux et celles qui s’efforcent pour dissuader nos jeunes de s’aventurer dans des conflits armés sous la bannière d’un quelconque groupe, en cédant à des impulsions susceptibles de nuire à l’avenir de notre vivre-ensemble dans une Europe multiconfessionnelle et multiculturelle. Il est de notre devoir moral de chercher l’équilibre entre notre croyance religieuse et les exigences de notre appartenance à la citoyenneté européenne.


A cet effet, nous rappelons que le message de l’islam pour le monde entier, pour les musulmans et non-musulmans, est un message de miséricorde.


Dieu s’adresse dans le Coran au prophète Mohammed, Paix et salut soient sur lui, en lui disant : « Nous ne t'avons envoyé que comme une miséricorde pour l’univers ». Al-Anbiya’ 21 / 107. Il est de principe que l’acte miséricordieux envers l’autre est un acte primordial.


Le Coran nous exhorte sans équivoque à outrepasser nos différences de sexe et de races pour nous connaître les uns les autres : « O vous, les Hommes ! Nous vous avons créés d'un homme et d'une femme. Nous vous avons constitués en peuples et nations pour que vous vous connaissiez mutuellement. En vérité, le plus noble d'entre vous auprès de Dieu est celui qui l'emporte en piété. Dieu est omniscient, Il est instruit de tout.” Al-Hujurât 49 / 13. Connaître l’autre est en effet un devoir moral. Il ne suffit pas de brandir une apparence d’ouverture envers l’autre ; il faut faire des vrais pas pour connaître cet autre tout en sachant que Dieu est omniscient et instruit de nos intentions les plus intimes.


Le mot « islam » découle de la même racine que le mot « silm » ou paix. Ce mot et ses dérivés sont mentionnés plus que 150 fois dans le Coran, alors que le mot « harb » ou guerre n’est mentionné que 4 fois et lié à un contexte bien défini. Il n’est pas de geste plus beau et plus expressif que le geste effectué par le musulman après la fin de chaque prière. En sortant de l’espace de prière, l’espace où l’on cherche à communiquer avec le divin, le musulman profère le mot « salam » en se tournant à droite et à gauche.


D’un point de vue symbolique, ce geste montre qu’avec la fin de la prière on est initié à la paix avec le monde qui nous entoure. Personne ne répète le mot paix par jour plus que le musulman qui fait ses cinq prières. Dans chaque prière il doit le répéter au moins 8 fois. Et le Prophète d’islam d’ajouter : « Le musulman c’est celui qui épargne (salima : un dérivé du mot paix et qui veut dire entre autre «rendre sain et sauf ») aux autres le mal de sa langue et de sa main ».


Ce préambule est nécessaire pour rappeler une vérité fondamentale, à savoir qu’en islam, tout comme dans les autres religions d’ailleurs, le devoir d’oeuvrer pour faire valoir la paix l’emporte sur tous les autres efforts. « Celui qui tue une âme innocente », nous dit le Coran, « c’est comme s’il avait tué l’humanité entière, et celui qui sauve une âme, c’est comme s’il avait sauvé l’humanité entière ». 5 / 32.


Partant de ces principes fondamentaux qui valorisent en premier lieu l’effort de celui qui oeuvre pour la sauvegarde de la vie, il est difficile de trouver des justifications morales pour tout conflit armé susceptible d’entrainer la perte ne serait-ce que d’une seule vie innocente.


Une lecture lucide du Coran nous révèle que les versets qui incitent aux combats sont clairement liés à un contexte historique. Les extraire de ce contexte pour justifier un empressement à tuer ou à mourir ne relève point des préceptes de l’islam. S’impliquer dans un conflit armé en étant sous l’emprise d’une quelconque impulsion mène à la perte certaine de l’âme humaine. Parlant de Caïn et Abel, le Coran nous dit ceci : « Son âme l’incita à tuer son frère. Il le tua donc et devint ainsi du nombre des perdants ». 5/30 . C’est la perte de l’âme qui guette ceux qui s’aventurent dans le grand jeu de la mort qu’est la guerre sans prendre du temps et du recul pour d’abord épuiser les possibilités de la paix et s’interroger sur le bien-fondé de leurs motivations.


Malheureusement, la confusion qui sévit dans le climat sociologique et psychologique contribue à galvauder beaucoup de notions fondamentales relatives à l’islam. La notion de « Jihad », entre autres, est devenue presque synonyme de « lutte acharnée de tout le monde contre tout le monde », voire d’action terroriste dans certains esprits. En principe, le jihad est en premier lieu une lutte contre soi-même, un effort effectué pour plier son âme aux exigences de la justice. Quant aux autres connotations de ce terme, lorsque celles-ci impliquent un acte de guerre, il ne s’agit point de guerre décidée, déclarée, ou entreprise par des individus, des groupuscules, ou une quelconque organisation. Même dans le cas de combat juste, l’enrôlement dans le conflit est soumis à des règles et des conditions très fermes. La Tradition nous raconte qu’un homme vint voir le Prophète pour lui demander la permission de participer au jihad. Le Prophète lui demanda : « As-tu des parents en vie ? ». L’homme répondit « oui ». Le Prophète lui dit : « Ton jihad c’est de veiller au bien-être de tes parents ». (Hadith dans le Bokhari).


Aux musulmans vivant en Europe se pose le défi de conjuguer la croyance et l’appartenance. Les différences de croyance ne doivent en aucun cas entraver leur appartenance à la citoyenneté européenne caractérisée par la diversité religieuse. De ce fait, il leur incombe, au même titre que les autres citoyens, de veiller à la paix, la stabilité, et l’harmonie au sein de ces sociétés. Et le Coran de leur rappeler une injonction fondamentale : « Dieu ne vous interdit pas d’excuser et de traiter avec équité ceux qui ne vous ont pas combattus à cause de votre foi et qui ne vous ont pas expulsés de vos demeures ; Dieu aime ceux qui sont équitables ». Al-Mumtahanah 60 / 8.

 

Ainsi, il est vain de chercher dans le Coran une justification pour prendre des distances vis-à-vis des concitoyens non-musulmans. Le musulman a le devoir moral de communiquer avec toutes les composantes de la société où il vit, de concerter avec les autres, indépendamment de leurs couleurs, race, religion ou autres, en vue de consolider le vivre-ensemble, dans le respect absolu des lois, ces lois qui lui garantissent, à lui en premier lieu, le droit d’être différent. Il est équitable de veiller aux intérêts de la société toute entière, d’intégrer la citoyenneté dans le but de l’enrichir, au lieu de se recroqueviller en lançant l’anathème à l’autre. Le Coran nous enjoint : « Entraidez-vous dans l'accomplissement des bonnes œuvres et de la piété et ne vous entraidez pas dans le péché et la transgression ». Al Maîda 4 / 2

 

Pour souligner notre engagement indéfectible aux principes du vivre-ensemble nous avons choisi de mettre l’accent sur les principes fondamentaux de notre religion, et ainsi notamment de montrer notre engagement à soutenir ceux qui luttent légitimement contre le processus de radicalisation de notre jeunesse. Toutefois, nous ne pouvons nous empêcher d’exprimer notre profonde conviction que plus on donnera de l’amour à ces jeunes qui sont mus par l’idéal de sacrifier leur vie pour une croyance, plus ils seront disposés à intégrer la société et contribuer positivement à sa prospérité.


Il est d’urgence de déployer tous les moyens pour combattre toutes les formes d’injustice et d’inégalité, de conjuguer tous les efforts pour arrêter l’islamophobie galopante et la radicalisation violente qui soumettent ces jeunes à une stigmatisation accablante.


En effet, ce phénomène de radicalisation doit nous interpeller tous quant à la place de l’islam dans notre société et à la mise à niveau de la pratique religieuse. Ces événements doivent nous inciter à repenser nos politiques envers la communauté musulmane, à œuvrer pour sa libération du ghetto sociologique et imaginaire où elle est cantonnée, à garantir aux musulmans une place digne dans notre société en tant que citoyens, à les doter de lieux de culte et d’enseignement respectables, à faciliter l’instauration de centres de formation des cadres religieux capables d’accompagner les jeunes désorientés dans l’apprentissage et la pratique de leur religion, à améliorer l’enseignement public pour combattre l’échec scolaire et à renforcer l’égalité des chances.
 
A présent, unissons-nous pour que ces jeunes ne se considèrent comme des laissés-pour-compte.

Conseil européen des ouléma marocains
Conseil des théologiens des musulmans de Belgique
Ligue des imams de Belgique
Le Rassemblement des musulmans de Belgique
Union des mosquées de Bruxelles / de la province d'Anvers / du Limbourg / de Flandre orientale / de Flandre occidentale / du Brabant Flamand / de Liège / du Brabant Wallon
Islamic Relief
Ligue d'entraide islamique
Union des ministres de culte musulman de Belgique
Association des imams des mosquées reconnues
Centre islamique et culturel de Flandre occidentale
Fédération des associations des enseignants de religion islamique

 

Texte envoyé à la Correspondance unitarienne par Philippe De Briey (Belgique) le 20 juillet 2013

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19 février 2013 2 19 /02 /février /2013 11:16

imam_hassen_chalghoumi_et_david_pujadas.jpg Hassen Chalghoumi, imam à Drancy persiste et signe, ici dans un entretien avec le journaliste David Pujadas dans un nouveau livre intitulé "Agissons avant qu'il ne soit trop tard ; le défi d'un imam". Nous saluons son courage et la franchise de ses paroles. En islam, le prophétisme s'arrête en principe sur Muhamad, sinon nous aurions pu dire que cet imam est prophète de l'islam en France.

 

Les Actualités unitariennes sont toujours à ses côtés pour son combat d'un islam qui accepte les valeurs qui fondent tout Etat moderne : la laïcité et  la démocratie. Notre site a déjà publié le concernant :


Hassen chalghoumi, un imam républicain à protéger (le 27 janvier 2010, lien).

Lettre ouverte à la communauté musulmane de Drancy (le 13 mars 2010, lien).

 

 

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25 avril 2012 3 25 /04 /avril /2012 15:03

musulmans_en_france_par_la_vie.JPG Carte de l’islam en France paru dans l’hebdomadaire La Vie en 2007. Elle est basée sur un sondage comportant 91 enquêtes réalisées sur la période 2003/2006 auprès d’échantillons de 1.000 personnes représentatifs de la population française, selon la méthode des quotas.

 

musulmans_en_france_ifop_2009.JPG

L'islam en France en 2009, le 21 nov. 2009, carte vue sur le blog « Le blog atelier de l’ASJ Tours » ( lien)
d’après une enquête de l'Institut de sondage de l'opinion publique (IFOP), août 2009.
« Ils sont 5,8 % à se déclarer de confession musulmane en France. Majoritairement présents en région parisienne et  lyonnaise, ils vivent plutôt dans la moitié est du pays. Cette population est nettement plus jeune que la moyenne nationale : 35 % des musulmans ont entre 15-24 ans alors que cette catégorie d'âge ne représente que 16 % de la totalité de la population. »


Cette carte est très liée à l’immigration et donc à comparer avec celle des étrangers en France ( lien). Elle est tout à fait comparable avec le développement des Eglises évangéliques qui, elles aussi, s’alimentent de l’immigration. Voir les cartes comparatives des lieux de culte évangéliques (en 1970 et 2004) et musulmans en France (1985 et 2006) publiée le 26 octobre 2006 sur le site « blogdei.com » dans sa rubrique "Intercession" ( lien).
 

 

Pour le nombre des mosquées, nous avons trouvé sur Google Images les cartes suivantes :


mosquees-en-France-par-departement-1985-20061.jpg

 

france_mosquees99.jpg

 

mosquees_en_france_2011.JPGCarte pour 2011. La légende porte sur le nombre de mosquées par département (comme pour la carte précédente). Il serait mieux que ce nombre soit rapporté au nombre des habitants ou , encore, au nombre de musulmans.  Attention ! les chiffres portés sur la carte pour chaque département correspondent tout simplement au code administratif des départements.

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25 avril 2012 3 25 /04 /avril /2012 04:44

Ce populisme s’appuie sur le rejet de l’immigration musulmane (celle-ci mettrait en péril l’identité européenne), plus largement de toutes les immigrations, de la mondialisation et de l’Union européenne (UE). Il dénonce les risques du multiculturalisme. Nous reproduisons les informations données par Marianne Meunier dans le journal La Croix du 24 avril 2012 dans son article « L’Extrême droite reste bien présente sur le Vieux Continent » et la carte qui y est jointe  ( lien)

 

extreme_dropite_en_europe.jpg

Ndlr - La Suisse ne faisant pas partie de l'UE se retrouve en blanc sur cette carte.

Le carré rouge concerne la France

 

en France - Marine Le Pen, candidate du Front national au premier tour des élections présidentielles le 22 avril 2012, a obtenu 17, 9% des suffrages exprimés.
en Suisse - l’Union démocratique du centre (UDC), l’initiateur d’un référendum contre la construction de minarets en Suisse, en 2009. Ayant remporté 26,6 % des voix aux législatives de décembre dernier, cette formation populiste volontiers xénophobe occupe plus du quart des sièges du Conseil national, le parlement
en Belgique - le parti flamand Vlaams Belang est en régression mais fait toujours le forcing.
au Pays-Bas - en vertu d’un accord, le Parti pour la liberté de Geert Wilders apportait son soutien au gouvernement sans y participer, jusqu’à ce qu’il refuse de cautionner sa politique d’austérité et entraîne sa démission, ce lundi 23 avril.
au Danemark - de 2001 à 2011, le Parti populaire danois a toujours été un partenaire de coalition pour les équipes ministérielles de droite.
en Norvège - Depuis le début des années 1970, l’Extrême droite est représentée de manière continue aux parlements, aujourd’hui par le Parti du progrès.
en Suède – l’Extrême droite y est représentée par les Démocrates de Suède, a dû attendre qui, aux législatives de septembre 2010, ont gagné 20 sièges (avec 5,7 % des voix).
en Finlande – les Vrais Finlandais (PS), ont remporté qui leur ont permis de remporter 39 sièges (avec 19,1 % des voix) aux élections d’avril 2011,
en Autriche - pays d’Europe où l’Extrême droite a réalisé le meilleur score ces dernières années, l’Autriche est aussi le premier pays du continent où fut formée une coalition gouvernementale comprenant un parti d’extrême droite. C’était en 1999, avec le Parti autrichien de la liberté (FPÖ), à l’époque dirigé par Jorg Haider, décédé en octobre 2008. Créé par d’anciens nazis, nationaliste et anti-européen, le FPÖ bénéficie aujourd’hui d’un vote ouvrier et profite des déboires de la droite conservatrice au pouvoir, en proie à des affaires de corruption. Après des années difficiles, il est donné au coude-à-coude avec les sociaux-démocrates aux prochaines législatives, à l’automne 2013. Au détriment de l’Alliance pour l’avenir de l’Autriche (BZÖ), créé par Jorg Haider après sa sécession du FPÖ.
en Hongrie - la montée du parti nationaliste Jobbik, qui a fait une première entrée au Parlement en avril 2010, relève autant de la tendance générale que de la particularité de la situation hongroise. Le parti profite d’un rejet grandissant de l’UE, accusée d’entamer la souveraineté nationale, sujet sensible dans un pays où l’amputation des deux tiers du territoire, au lendemain de la Première Guerre mondiale, a laissé une plaie encore ouverte.
en Grèce - s’opposant à des mesures d’austérité, les quatre ministres de l’Alerte populaire orthodoxe ont démissionné en février dernier du gouvernement d’union nationale.
en Espagne - malgré un terreau de crise économique, aucun parti d’Extrême droite ne s’est imposé lors des législatives de novembre dernier.

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25 avril 2012 3 25 /04 /avril /2012 03:27

Avec 17,9 % des suffrages au premier tour des présidentielles françaises de 2012, Marine Le Pen, candidate du Front national a créé la surprise. Elle suscite aussi une vive inquiétude car son parti est connu pour sa xénophobie et son islamophobie.


Nous juxtaposons deux cartes par département, celle des étrangers en France d'après le recensement de l'INSEE en 2006 et celle des résultats que vient d'obtenir Marine Le Pen. Les causes de son succès sont multiples (crise économique, régions économiquement sinistrées, anti-sarkozysme, perte de vitesse des milieux ruraux qui perdent leurs équipements, régions où s'installent de nombreux retraités, milieux populaires tentés par les populismes, etc.), et ne sont donc pas forcément liés à une plus ou moins forte présence d'étrangers ou de musulmans, d'autant plus que beaucoup de gens réagissent aux informations transmises par les médias et pas uniquement aux situations locales. il n'en reste pas moins que les deux cartes présentent certains parallélismes à étudier d'une façon plus approfondie.

 

france_etrangers_2006.GIF

france_fn_presidentielle_2012.GIF

 

france etrangers 2006france fn presidentielle 2012

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29 mars 2012 4 29 /03 /mars /2012 19:30

Suite aux évènements de Toulouse et de Montauban, qui ont vu un jeune musulman tuer de sang froid des militaires, puis des enseignants et des enfants d’une école juive, en se revendiquant d’Al Qaïda, le député communiste André Gerin a envoyé une adresse, en date du 28 mars, aux deux principaux candidats de Gauche à l’élection présidentielle 2012, François Hollande et Jean-Luc Mélanchon, afin que la Gauche française sorte de sa « frilosité » en face de la haine contre la France qui s’est malheureusement développée dans des milieux immigrés ou issus de l’immigration.

 

André Gerin est auteur en 2007 d’un livre toujours d’actualité « Les ghettos de la République, encore et toujours », aux éditions Le Publieur ( lien). Il a été aussi à l’origine d’une commission parlementaire en 2011 qui a abouti à l’interdiction du voile intégral dans les espaces publics.

 

Nous publions de larges extraits de cette adresse qui ont un intérêt pour tous les Français indépendamment de leurs options politiques, et, au-delà, pour tous ceux qui se doivent de respecter le pays d’accueil où ils sont en séjour, ou bien où ils ont immigré, ou bien encore où ils sont nés.


Après les crimes barbares de Montauban et de Toulouse, je souhaite m’adresser à vous deux, car il ne s’agit ni d’un fait divers, ni de l’acte isolé d’un fou qui aurait versé dans l’intégrisme religieux. Un devoir de lucidité s’impose à nous.


Ces événements, qui ont bouleversé les français, nous interpellent et nous invitent à réfléchir et à agir sur l’un des défis républicains qu’il nous faut relever dans l’urgence. Voilà plusieurs années que je tire la sonnette d’alarme : nous avons, dans les quartiers de nos villes, des jeunes en rupture de ban avec la société et avec la République, en position même de combat contre la France. Ils sont la proie de l’islamisme radical, lequel s’applique à conquérir des territoires sur notre sol, à y imposer les règles de la charia, à défier nos valeurs et notre culture.


Les cibles de Mohamed Merah sont – ô combien – et tragiquement symboliques : des soldats de l’armée française et une école, un enseignant et des enfants juifs.


Se manifeste ainsi très clairement une volonté de guerre à la France doublée d’un antisémitisme criminel. Cette haine de la France est un poison mortel. Les crimes de celui qui n’est plus le petit voyou multirécidiviste de Toulouse ont eu des précédents. Rappelons-nous la bombe artisanale qui a explosé, le 7 septembre 1995, à Villeurbanne, devant une école juive dix minutes avant la sortie des 600 enfants ; Khaled Kelkal, suspect de l’attentat raté sur la ligne TGV Paris/Lyon, tué par la police en 1995. En janvier 2002, deux gamins d’un même quartier de Vénissieux se retrouvent à Guantanamo. En avril 2004, l’imam Bouziane est expulsé de France pour propos revendiquant la lapidation des femmes et discours de combats contre la République et la France. J’ai en mémoire encore le témoignage de ces enseignants de collège à propos d’adolescents de 12, 13 et 14 ans qui viennent contester violemment des cours d’histoire, de géographie ou de sciences naturelles. Je n’oublie pas non plus les trois semaines d’émeutes de 2005 qui n’ont politiquement pas été analysées sérieusement, la place qu’y ont pris les trafiquants de drogue, les mafias et les petits groupes d’intégristes, l’incendie de bâtiments publics, symboles de la République (écoles,
bibliothèques, centres sociaux…). 800 communes ont été concernées dont Villiers-le-Bel, Grenoble, Marseille…


andre_gerin_les_ghettos.gifComme je l’ai écrit dans un livre intitulé « Les ghettos de la République, encore et toujours », depuis plusieurs décennies, il y a un aveuglement sur la montée de l’islam radical. Son terreau, ce sont les ghettos sociaux et ethniques qui s’installent sur fond de paupérisation économique, sociale, morale et culturelle. Ainsi, des territoires se referment. S’y déploient l’endoctrinement, les conditionnements, voire le bourrage de crâne. Nombre de ces jeunes ont le sentiment que la société les méprise, qu’ils sont de trop. Dès lors, les prêches messianiques des gourous islamistes donnent un sens à leur vie. Au final, ils développent un racisme anti-juif, des jugements et comportements anti-France et anti-Blanc.


[...] Après la mission d’information parlementaire sur le port du voile intégral, je peux confirmer que l’étendue du communautarisme est une réalité qu’il serait dangereuse de nier notamment dans les régions de Lyon, Marseille, Lille, et Grand Paris. L’islam instrumentalisé met en avant une revendication ethnico-religieuse, portée par des jeunes devenus la proie des salafistes.


La France est à la croisée des chemins. Notre volonté de reconnaître la place de la 2ème religion en France, l’islam spirituel, son installation nécessaire dans des lieux dignes de ce nom doivent s’accompagner de notre refus catégorique d’un islam politique contraire aux principes de laïcité, à notre art de vivre, à notre mode de vie, à notre culture.


En France, la loi garantit le libre exercice de la foi, dès lors que la foi ne prétend pas faire la loi. En tendant la main à la majorité des français de confession musulmane, nous combattrons efficacement cette poignée de gourous intégristes car ce sont eux qui font l’amalgame et contribuent à stigmatiser l’islam. Ne pas le faire entretiendrait l’ambiguïté et laisserait les musulmans désarmés. En même temps, il revient aux musulmans eux-mêmes de se désolidariser des actes de rejet de la civilisation.


Par ailleurs, notre combat doit être sans faille afin de repérer et de surveiller les extrémistes islamistes, leurs manifestations de violence y compris symbolique destinées à tester et à défier la République. La tolérance zéro s’impose à l’encontre de la propagande des sites djihadistes. A propos de l’intervention du RAID et par-delà les polémiques :
- je crois indispensable la création d’une grande enquête nationale pour réaliser un état des lieux, tout cela dans une démarche républicaine, sous l’égide de l’Assemblée nationale.
- Il s’agit de dire toute la vérité sur la menace djihadiste en France, faire le bilan de tous ces jeunes qui sont passés par Al Qaïda, l’Afghanistan, le Pakistan. Comment croire que ces voyages ne seraient pas liés à des organisations et des têtes de réseaux ?
- Au centre, se trouve la question de l’école républicaine : doit-elle éviter de choquer les sensibilités ou doit elle soumettre les religions et l’islam en particulier, au feu des critiques rationnelles ? Comment contribuer à la formation de l’esprit critique et jusqu’où doit aller la société sans être en contradiction avec l’esprit des Lumières et les principes universels des droits de l’Homme et du citoyen ?


 Après avoir évoqué le contexte économique (chômage, crise du capitalisme, etc.), l'auteur avance une dernière proposition [...] Il me paraît indispensable d’établir une véritable cartographie des lieux où se développe le communautarisme et appréhender les conditions dans lesquelles des jeunes, enfants, adolescents, des jeunes mineurs, sont victimes de cette emprise. [...].
 

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7 juillet 2011 4 07 /07 /juillet /2011 07:00

seric.jpg11ème édition annuelle de  la Semaine de rencontres islamo-chrétiennes (SERIC) en France et en Europe du 17 au 27 novembre 2011


Comme pour les précédentes éditions, des dizaines de manifestations se préparent en France et dans neuf autres pays européens. Elles sont préparées par des acteurs locaux et nationaux qui travaillent en partenariat avec des associations cultuelles, culturelles ou autres, des instituts de formation, des médias, et avec le soutien de quelques élus locaux. En fait, le travail se fait avec tous les acteurs qui comptent pour le champ du dialogue islamo chrétien.
Le programme paraîtra sur le site internet : "www.semaineseric.eu" (lien), à compter de la fin de septembre, au fur et à mesure des finalisations de la préparation des évènements. Il comprendra des débats, des visites de lieux de culte, des temps culturels, artistiques, conviviaux ...


Pour illustration, nous pouvons déjà annoncer quelques évènements phares :


Une journée, le 19 novembre,  avec tables rondes et débats, à l'Institut catholique de Paris, organisée en partenariat entre l'ISTR de l'Institut catholique, le Groupe d'amitié islamo chrétienne (GAIC) et des responsables d'institutions islamiques, sur le thème : "Chrétiens et musulmans face aux  peurs véhiculées dans notre société".
Un évènement, articulé sur le "Vivre ensemble, hier en Andalus, aujourd'hui à Châtenay-Malabry" aura lieu du 13 au 27 novembre au Pôle Culturel. Tout au long de la quinzaine, l'exposition "Al Andalus, héritage oublié ?" est présentée. Un riche programme est proposé : spectacles, film, conférences-débats, contes, concerts... l'occasion de partager des moments forts de ce vivre ensemble.
Une rencontre, à Lyon, d'une cinquantaine d'acteurs nationaux du dialogue pour poser un cadre de réflexion de manière approfondie sur les sens, les bases et l'avenir du dialogue islamo chrétien en France, les 26 et 27 novembre.


Pour informations complémentaires, contacter :
Myriam Bouregba, vice-présidente du GAIC, coordonnatrice de la SERIC France, contact (lien)

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23 décembre 2010 4 23 /12 /décembre /2010 04:54

Le point de vue d’Abdennour Bidar, professeur de philosophie à Sophia Antipolis (Alpes-Maritimes) publié dans Le Monde du 21 décembre 2010 : « Il est urgent de mettre en œuvre une véritable pédagogie de la laïcité »


Pourquoi la laïcité républicaine éprouve-t-elle aujourd'hui tant de difficultés à se faire respecter dans les différents espaces publics ? Pourquoi notre République semble-t-elle désormais contrainte à garantir ce respect en multipliant les lois d'interdiction ? Pourquoi ce même respect de la laïcité doit-il être défendu par des décisions de justice, comme dans l'affaire récente de la crèche de Chanteloup-les-Vignes (Yvelines) ? La question de la laïcité ressemble de plus en plus à une nouvelle version de la "guerre des deux France". L'Etat républicain semble en effet entraîné malgré lui dans une logique d'affrontement avec une forme de guérilla fondamentaliste qui pratique la provocation, le harcèlement, la pression diffuse et multiforme, en testant sans relâche les défenses de la laïcité.


Ce n'est pas l'ensemble des musulmans de France qui est entré dans cette contestation ouverte de la laïcité, mais une minorité active d'entre eux pour laquelle cette laïcité n'est qu'une idéologie concurrente de la leur, et contre laquelle, à ce titre, il leur paraît légitime de faire valoir leur droit à la différence.


Or, c'est bien là que le bât blesse. Là que la responsabilité de la République doit être désignée. Comment se fait-il qu'elle laisse se développer autant sur son territoire cette conviction que la laïcité n'est qu'une idéologie parmi d'autres ? Comment donc ceux qui nous gouvernent n'ont-ils pas prévu que dans une société de plus en plus multiculturelle, où prévalent l'affirmation de soi et la revendication de sa différence, le principe laïque rencontrerait des contestations toujours plus importantes ? Il aurait fallu renforcer dans des proportions considérables le travail d'explication des fondements de cette laïcité, et expliquer aussi qu'elle seule permet justement à une société multiculturelle de ne pas se diviser en communautés séparées. Mais comment faire comprendre que la laïcité n'est pas une vieille lune idéologique française, mais un principe universel de cohésion sociale, qui permet à tous de vivre ensemble au lieu de demeurer dans une simple relation de coexistence ?


La réponse légale ne suffit pas. Il faut une pédagogie de la laïcité, parce qu'il faut former des consciences laïques. Il faut que la laïcité devienne une vertu citoyenne en plus d'un principe politique - une vertu pour que le principe ait des chances de se faire valoir autrement que par la loi. En quel sens, cependant, entendre cette vertu ou conscience laïque ?


Se souvenir de ce qu'on appelle aussi "être laïque" est l'occasion de rappeler qu'avant d'être un principe politique, la laïcité est une "position de conscience" : est laïque la conscience critique ou conscience libre, c'est-à-dire capable de prendre la distance du doute et de la remise en question vis-à-vis de toutes les convictions, vérités, visions du monde, qui la sollicitent. En ce sens, Socrate était laïque, parce qu'il disait "je ne sais qu'une seule chose, c'est que je ne sais rien". Descartes était laïque, parce que avant de dire "je pense, donc je suis", il disait "je doute, donc je suis". Averroès (philosophe musulman 1126-1198) était laïque, parce que, dans son Traité décisif, il disait que la loi religieuse devait être soumise à l'examen de la raison. Lao-tseu était laïque, parce que le tao commence par dire qu'une voie de sagesse n'est jamais la Voie par excellence. La laïcité politique ou neutralité de l'Etat est simplement l'objectivation de cette position critique de la conscience qui est valorisée dans toutes les cultures pour sa capacité à se "neutraliser" elle-même afin d'interroger librement les vérités qui circulent parmi les hommes.


Or la situation que nous avons évoquée au départ est née de ce que la République n'a pas investi assez de moyens dans la formation de telles consciences laïques, c'est-à-dire critiques et libres. C'est la raison profonde pour laquelle l'Etat en est réduit à imposer la laïcité par la force de la loi et du tribunal. Le principe de laïcité est resté trop extérieur pour un certain nombre de consciences : il est demeuré une exigence abstraite et étrangère à l'univers mental et éthique de l'individu. Par conséquent, c'est cette relation d'extériorité entre le principe laïque et les consciences que nous devons travailler maintenant à réduire. Il faut que la laïcité soit comprise et admise par les individus, au lieu de leur être seulement imposée d'en haut.


C'est la nouvelle période historique dans laquelle doit entrer notre laïcité française. La période où le principe politique ferait l'objet d'une véritable intériorisation par les citoyens. Nous devons passer de l'âge politique à l'âge éthique de la laïcité - ce qui doit s'entendre bien entendu dans une logique de complémentarité entre les deux ; il ne s'agit pas de substituer l'éthique au politique. Quel est, en effet, le privilège de cette conscience laïque ?


Elle seule peut adhérer pleinement et d'elle-même au principe politique de laïcité. Car le principe politique hors d'elle rencontre le principe éthique en elle. Une conscience laïque comprend par elle-même, grâce à ce qu'elle est elle-même, que ce principe politique est la condition nécessaire du vivre ensemble. Il y a pour elle correspondance et harmonie entre la pratique de soi - la capacité à relativiser ses propres convictions - et la pratique sociale - le vivre-ensemble fondé sur le dialogue, le compromis, la capacité de comprendre que pour être compris d'autrui on ne peut pas laisser simplement libre cours à l'expression de sa propre identité.


PB140808.JPGSi notre République ne fait pas cet effort de former des consciences laïques, elle s'expose à rencontrer encore et encore le même adversaire, auquel elle donnera sans arrêt de nouvelles forces : en l'occurrence ce fondamentalisme islamique qui précisément ne veut pas négocier ses propres convictions, et qui les revendiquera de façon toujours plus radicale dès lors qu'il ne trouvera en face de lui que la réponse répressive. Mais la loi du plus fort n'est la loi que tant qu'on reste le plus fort, disait Pascal ...

 

cathédrale Saint-Jean, à Lyon : gargouille représentant un musulman proclamant sa foi en Dieu - par la voix et sur le bandeau au pied de la sculpture  Un bel exemple de bonne intégration. Le maître sculpteur, d'origine maghrébine, s'est représenté lui-même, au grand plaisir des ouvriers du chantier et des commanditaires (photo Jean-Claude Barbier, novembre 2010).


Si en France un effort de pédagogie laïque n'est pas conduit à la hauteur qui est aujourd'hui nécessaire, que peut-il se passer ? La pente naturelle des sociétés multiculturelles est de voir se former des communautés distinctes qui s'éloignent les unes des autres, et des consciences qui n'ont bientôt plus d'autre souci que d'affirmer leur propre différence.


Dans une telle société, l'exigence politique de laïcité risque de se heurter de plus en plus à l'incompréhension et à l'hostilité. Des individus qui n'auraient comme conscience de soi que le "droit à la différence" ne comprendraient plus du tout la loi laïque qui impose des limites à l'expression de ce droit, la jugeant absolument contraire à leur liberté. Le divorce latent entre la société multiculturelle et l'Etat laïque serait alors consommé.


Voilà à quoi nous expose le retard que nous prenons à former des consciences laïques. Un face-à-face ou dialogue de sourds aggravé entre l'Etat et les consciences. Et si ces consciences non laïques se multiplient comme elles le font actuellement faute de pédagogie, combien de temps encore la loi et le principe de l'Etat laïque auront-ils la force de s'imposer ? Combien de consciences en nombre suffisant continueront de la défendre en comprenant sa légitimité ?

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