Excommunié de son Eglise pour appartenance à la franc-maçonnerie, débouté de toutes ses demandes auprès de sa hiérarchie, le prêtre Pascal Vesin est à la Faculté protestante de théologie à Genève où il apprend l'hébreu et le grec en vue d'une reconversion professionnelle dans l'enseignement (et non d'une conversion au protestantisme). Avant lui, Alfred Loisy (1857-1940) qui se retrouva au Collège de France ( lien) et bien d'autres théologiens catholiques (voir par exemple l'argentin Ariel Alvarez Valdès, lien ) ont suivi ce chemin de la liberté retrouvée et ont pu exercer leurs talents dans l'enseignement. Nous ne pouvons que souhaiter de bonnes études universitaires à l'intéressé.
Encore une fois, pour des raisons incompréhensibles au regard d'autres mouvances chrétiennes ou d'observateurs neutres, l'Eglise catholique romaine fait preuve de rigidité et exclut un prêtre qui, pourtant, lui était très dévoué et qui demeure toujours fidèle à sa foi catholique. Cela s'ajoute aux départs volontaires : chaque année, 3000 religieux quittent les ordres et 650 prêtres diocèsains selon les statistiques officielles du Vatican (lien ).
Pour Yveline Guicheteau, qui fut l'une de ses paroissiennes à Megève, c'est la redécouverte du premier christianisme avec ses petites communautés priantes et responsables d'elles-mêmes : un véritable renouveau à partir des communautés de base, entre autres celles qui sont animées par la Conférence catholiques des baptisés de France (CCBF) !
Messages d'Yveline Guicheteau au sein du groupe "Le droit aux appartenances, avec Pascal Vesin" (ex "Comité de soutien au prêtre Pascal Vesin") sur Facebook (lien), le 3 novembre 2013 :
Pascal poursuit ses études de théologie à l'Université protestante de Genève, en vue d'obtenir un master qui lui permette d'enseigner. Il étudie le grec et l'hébreu biblique. Nous le soutenons au maximum et ses paroissiens, reconnaissants, blessés par le comportement de l'institution à son égard (son indifférence totale, sa fermeture, son rejet), n'en sont que plus motivés encore pour continuer à le soutenir. Actuellement, nous sommes entrain de redécouvrir l'esprit des premières communautés chrétiennes où chacun fait ce qu'il doit faire (étudier, travailler, prier, enseigner, annoncer, etc.) dans un très fort esprit fraternel où l'on s'entraide les uns les autres et où on a envie de mettre beaucoup de choses en commun, pour que chacun puisse remplir sa mission, " avec un seul coeur et une seule âme ". L avenir de notre Église passera aussi par ces petites communautés qui naissent ici et là : cela nous remplit d'espérance, même s'il est bien triste que l'Institution abandonne certains des siens. C'est pour nous le moment de remplir la mission que l'institution ne fait pas : en prenant au sérieux notre baptême, par lequel chacun de nous est devenu " prêtre, prophète et roi ". Solidaires de Pascal comme de beaucoup de personnes situées, aussi, " à la périphérie"; mais plus seulement dans la prière mais aussi dans la "vraie" vie. La dynamique de la CCFB nous aide beaucoup et nous sommes plusieurs à l'avoir rejointe. Merci à Anne Soupa et à Christine Pedotti : " les pieds dans le bénitier " [ndlr - titre du livre publié par ces deux auteurs] nous ont mis en marche, là ou nous avions déjà fait les premiers pas, en poursuivant le combat de Pascal.
Ce message correspond à ce que nous vivons, à ce que je vis et il rend compte des questions que nous sommes nombreux à nous poser. Et c'est vrai que toutes les souffrances endurées prennent peu à peu du sens, comme s'il avait fallu en passer à ces mois de révolte, de colère, de souffrances pour que cette petite communauté prenne peu à peu forme, qu'elle commence à fleurir parce que les graines ont longtemps germé dans le terreau et la solitude de nos vies pendant ces 162 jours, pendant lesquels personne, ici, ne s'est préoccupé le moins du monde de savoir comment nous " survivions au tsunami " qui nous frappés de plein fouet, le 23 mai dernier [ndlr - date de l'exclusion de Pascal Vesin] et qui nous à pousser à nous débrouiller tout seuls, chacun là où nous étions, en étant toujours dans cette dynamique de ne jamais cesser de prier pour et avec Pascal. Et maintenant qu'il est revenu, puisque les "autorités" le laissent, c'est tout naturellement que jaillit la fraternité car aucun de nous ne peut oublier ce qu'il doit à Pascal pas plus que nous ne pouvons accepter le comportement inhumain de l'institution à son égard, et ce depuis le 23 mai. Peu à peu, on prend conscience qu'ensemble, avec lui, nous avons une Parole de l'Église à dire et une page à écrire et nous sommes bien décidés à dire cette Parole et à écrire cette page, forts de ce qui nous rassemble et qui nous ramène aux premiers temps de l'Église
Ce que je disais dans mon dernier message parle bien des premières communautés chrétiennes, telles qu'elles sont décrites dans les Actes des Apôtres, à la naissance de l'Église. Et c'est là que nous ne rejoignons et le soutenons, comme dans quelque chose, comme un "grand commencement" qui nous dépasse. Mais qui ne peut être récupéré par aucun groupe. Pascal est d'abord un être libre, profondément attaché à cette liberté de conscience qu'il paie d'ailleurs très cher. Mais c'est peut être là l'aube de quelque chose de nouveau qui nous dépasse tous.