suite et fin des articles précédents ...
L’article d’Alexandre del Valle « Le terrible sort des chrétiens coptes d’Egypte » (lien) donne une liste des principaux attentats contre les coptes d’Egypte
dans les années 1950, sous Nasser, la haine antisémite fait fuir d’Egypte, les juifs égyptiens. Les programmes scolaires d’une Education nationale entièrement ré-islamisée occultent l'histoire chrétienne et l’apport des coptes. Les médias et la télévision publique banalisent les propagandes xénophobes stigmatisant les Juifs et les chrétiens, complices des « sionistes » et de « l’étranger ».
Les premiers grands pogroms contre les chrétiens – accusés eux aussi d’être à la solde des Occidentaux et des sionistes dans le conflit palestinien - remontent aux années 1980, à l’instigation des groupes islamistes dissidents des Frères musulmans, comme le Gamaà islamiyya, l’une des formations à l’origine de la nébuleuse d’Al-Qaïda : conversions forcées dans les villages, commandos punitifs dans des villages chrétiens, pillages de commerces, représailles contre les églises faisant sonner leurs cloches, attentats contre des fidèles et des moines, enlèvements des jeunes chrétiennes, etc.
Le 4 mai 1992, 13 chrétiens sont tués à Manchiet Nasser, village de Haute-Égypte, soi-disant en représailles de la mort, en mars, d'un musulman suite à un différend relatif à l’achat d'une maison.
Le 12 février 1997, un commando islamiste perpétue un attentat contre une église à Abou Qourqas, en Haute-Égypte, tuant 9 coptes.
Le 3 janvier 2000, 20 coptes sont tués dans le village d'Al-Kocheh en Haute-Égypte. Ce furent les affrontements les plus meurtriers entre musulmans et chrétiens survenus dans le pays depuis 20 ans.
à Alexandrie en 2005.
Le 14 avril 2006, un ouvrier musulman, présenté par les autorités comme un « déséquilibré », armé d’un couteau, attaque les fidèles qui sortent de la messe à l'église des Saints Marc et Pierre d’Alexandrie. Il tue un homme âgé de 78 ans. Il avait attaqué également d’autres églises de la ville, aux cris d’Allah Ouakbar.
En novembre 2007, 150 familles chrétiennes du village Manshat Amrou Markaz Al-Fashn, à Beni Souweif, étaient en train de prier dans leur église rénovée légalement. C’est alors que les habitants musulmans lancèrent des bombes incendiaires artisanales sur les maisons des chrétiens et déracinèrent même des arbres dans les champs des coptes, au prétexte que ces terres étaient des « terres islamiques sur lesquelles il est interdit aux chrétiens de construire des églises ». Au lieu de défendre le droit élémentaire à la propriété, la sécurité de l’Etat intervint en faveur des musulmans et arrêta les coptes, ainsi que leur prêtre. La police et le juge local s’appuyèrent sur le témoignage du maire du village affirmant que ce furent les chrétiens eux-mêmes qui mirent le feu à leurs églises pour en accuser « injustement » les musulmans...
Le 31 mai 2008, un nouvel assaut contre un monastère à Malaoui, en Haute-Égypte, entraîna la mort de 4 coptes, dont deux moines. Trois autres furent blessés par balles, et trois autres furent séquestrés pendant une nuit.
En mai 2009, durant la Pâque copte-orthodoxe, trois jeunes chrétiens coptes furent tués à Nag Hammadi, dans le sud de l’Egypte à 40 km de Louxor. Mais plutôt que d’arrêter et de punir les coupables, en février 2010, la sécurité d’Etat arrêta une centaine de jeunes coptes afin de contraindre les coptes à abandonner les charges civiles et criminelles contre leurs agresseurs ...
Dans la nuit du 6 au 7 janvier 2010, durant les célébrations du Noël orthodoxe, sept coptes furent tués à la sortie de l’église Mar Girgis, de nouveau à Nag Hammadi, par un commando de 3 islamistes sortis d’une voiture. Comme de coutume, le procès des trois accusés, identifiés rapidement, rejeta le caractère confessionnel pour relater une simple «vendetta d’honneur », chose courante en Egypte.
C’est ainsi que naquit la légende noire du soi-disant « viol d’une musulmane » par un adolescent copte, en novembre 2010, « humiliation » qui aurait « expliqué » la vengeance accomplie par les tueurs comme ceci expliquait ou pouvait justifier cela. On sait aujourd’hui que le frêle adolescent accusé par les islamistes, âgé de moins de 12 ans à l’époque, ne commit jamais ce crime sur une jeune femme physiquement plus forte que lui. Malgré les aveux ultérieurs des trois tueurs islamistes et leur condamnation, prononcée en janvier 2011, les rumeurs diabolisant les « violeurs » chrétiens qui « souillent » l’honneur des musulmanes, courent toujours.
En octobre 2010, Al-Qaida s’empare de la rumeur des femmes soit disantes musulmanes enlevées par de prétendus moines coptes pour annoncer que « l’humiliation des musulmanes enlevées par des coptes » devait être « vengée » et que cela justifierait de tuer partout en terre d’islam les chrétiens. Critiqué pour ses attentats en Irak contre des musulmans, Al-Qaïda cible désormais les communautés chrétiennes.
Le 24 novembre 2010, à Guizeh, dans le quartier al-Omraneya, des coptes orthodoxes qui manifestaient face à la décision inique de l'administration de stopper la construction d'une église» furent conjointement réprimés par des islamistes et la police locale. Rappelons que la construction d'un nouveau lieu de culte exige, en Égypte, un permis de construire particulier, qui n'est accordé que de façon rarissime aux chrétiens. Ces affrontements firent 2 morts parmi les coptes.
En pleine nuit du Nouvel an 2011, l’attentat perpétré à Alexandrie (Egypte) devant l'église des Saints Marc et Pierre (Al-Qiddissine) et qui tua 21 coptes, fut, quelques mois après les attentats anti-chrétiens de Bagdad, le plus médiatisé de tous. Il fut l’occasion pour le monde entier de comprendre le sort tragique des chrétiens d’Egypte, longtemps passé sous silence par les médias occidentaux. L’attentat, qui aurait pu être encore plus meurtrier, car près de 1.000 fidèles assistaient à la messe, visait clairement deux symboles de ce que les islamistes détestent et veulent anéantir : le Nouvel an, symbole du calendrier et des fêtes « chrétiens ». Puis la ville même d’Alexandrie, antique cité cosmopolite, qui vit naître les premières communautés chrétiennes du pays et fut longtemps le symbole de la tolérance intercommunautaire. Grecs, Juifs sépharades, Français, Italiens ou Arméniens y ont cohabité longtemps avec les musulmans.
Entre le 15 et le 23 février 2011, renversement de Moubarak et reprise en main du pouvoir par l’armée
Le 23 février 2011, dans le village de Shotb, dans le Sud de l’Egypte, un prêtre copte, Abouna Daoud Boutros, fut retrouvé mort à son domicile, achevé sauvagement de 22 coups de couteau, puis décapité. Les témoins virent des hommes masqués quitter l’appartement aux cris d’“Allahu Akbar”. En fait, les tensions couvaient depuis deux ans, lorsqu’un fidèle copte fut accusé de commettre un « acte sacrilège » contre l’islam, ce qui provoqua des violents heurts avec des musulmans. Pour sauver sa peau, le fidèle prétendit agir sous l’influence de son curé, le Père Daoud Boutros, qui fut menacé de mort par des sites internet islamistes l’accusant de « prosélytisme auprès des musulmans ». Comble de l’intolérance, malgré le martyr subi par le père égorgé, de jeunes égyptiens musulmans agressèrent le gouverneur local qui osa venir présenter ses condoléances lors de l’enterrement…
Juste après la chute du raïs, les forces armées égyptiennes ont assailli à deux reprises trois monastères parmi les plus anciens d’Egypte. L’un d’entre eux est le monastère St. Bishoy (Vème siècle), situé à 110 kilomètres du Caire, l’un des plus anciens d’Egypte, dont les icônes coptes et des manuscrits sont d’une valeur inestimable. Les soldats ont tiré avec des armes lourdes (RPG) sur le monastère copte, blessant deux moines et des travailleurs. Quatre personnes ont été arrêtées, dont trois moines et un avocat copte qui enquêtait sur l’attaque précédente.
Durant la même semaine, le même monastère St.Bishoy ainsi que deux autres monastères ont été attaqués à plusieurs reprises par des malfaiteurs. Aux moines, qui avaient demandé la protection des forces armées, celles-ci leur ont répondu qu’ils devaient se défendre eux-mêmes. Les moines avaient alors construit des barrières pour se protéger. Mais l’armée égyptienne les fit détruire à coups de bulldozers et de RPG. Au Monastère de Saint Boula, encore plus ancien, IVème siècle (Mer Rouge), les militaires égyptiens ont agressé trois moines puis démoli la petite clôture qui protégeait le portail menant au monastère. Le 13 février 2011, 5 prisonniers évadés avaient assailli et dévalisé le monastère, d’où la décision du supérieur, le père Boutros Anba Boula, de construire un portail et une clôture pour protéger le monastère.
Le 9 mars 2011, des activistes islamistes ont fait une dizaine de morts parmi les coptes et plus de 120 blessés, dans les quartiers déshérités de Moqattam et Qualaa du Caire. Les attaques ont été déclenchées le soir du 9 mars, lorsque 500 manifestants coptes de Manshier Nasr, («Garbage City», la ville des éboueurs), située près du monastère, s’apprêtaient à rejoindre une manifestation-sit-in organisée devant le bâtiment de la télévision égyptienne au Caire depuis le 5 mars, afin de protester contre le fait que l’armée au pouvoir n’avait pas tenu sa promesse envers les coptes de reconstruire une église copte Al-Chahidaine, située à Soul, à Atfif (Helwan), détruite par un incendie criminel, sous prétexte que des musulmans manifestaient toujours près de l’église. Les manifestants coptes, dont certains étaient munis de grandes croix en bois et accusant les villageois musulmans auteurs de l’incendie de l’église de vouloir construire une mosquée à sa place, furent alors attaqués par 15 000 musulmans de la région voisine de Sayeda Aïcha et de Mokattam, armés de fusils automatiques. Le traitement de la presse internationale faisant état de dix morts dans des « heurts entre musulmans et coptes » relevait de la pure désinformation, car aucun des assaillants musulmans armés ne fut tué, tandis que les tués étaient tous des coptes pris pour cibles par des islamistes armés protégés par l’armée…
Selon le père Abram Fahmy, prêtre du monastère Saint-Simon de Tanner dans les montagnes du Mokattam, dans la banlieue du Caire, l’armée égyptienne n’hésita point à tirer à balles réelles sur les coptes. Les islamistes commencèrent par jeter des boules de feu sur le monastère du haut des collines. Les jeunes coptes en arrêtèrent cinq d’entre eux, les détenant dans l’enceinte du monastère, en attendant de les remettre aux autorités. Huit maisons et 20 usines de recyclage des déchets appartenant à des coptes furent incendiés, ainsi que 30 véhicules de collecte des ordures. Les affrontements commencèrent avec des jets de pierres sur les coptes, puis se poursuivirent avec des jets de cocktails Molotov et des tirs à balles réelles. Selon des témoins, les coptes appelèrent l’armée qui arriva sur les lieux à 15h00, avec 10 chars. Au début, les militaires assistèrent passivement aux heurts, puis tirèrent en l’air et ensuite sur les coptes eux-mêmes. D’après le procureur Anwar Abou Wagih Saad, interrogé par Free Voice copte, l’armée tira à balles réelles sur les coptes et protégea les assaillants musulmans cachés derrière les chars au lieu de secourir les victimes coptes ...
Et maintenant, ce 7 mai 2011, dans un quartier populaire du Caire (voir notre article précédent).
Fin