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25 novembre 2008 2 25 /11 /novembre /2008 10:15

Il est de bon ton en ces jours de crier haro sur le Parti socialiste. Or ce qui s’y passe serait-il réservé à nos seuls amis socialistes français, ou bien n’y a-t-il pas là, tout haut, médiatisé à l’extrême, ce qui se passe – tout bas – dans bien d’autres appareils, jusqu’à nos plus petites associations loi 1901 ?

 

Il est en effet bien facile de crier à la guerre des chefs dès qu’une tension apparaît et qu’elle est portée par des leaders qui s’opposent sur un ou plusieurs points. A défaut de programme proprement dit (que faire par exemple en ces temps de crise financière et économique ?), les débats du congrès de Reims ont porté, quand même, sur de réels enjeux : quid des alliances électorales qui seront nécessaires – au plus tard entre les deux tours de la prochaine élection électorale (François Bayrou ou Olivier Besancenot ?) ; comment désigner un meneur de parti politique (par conciliabules de couloir, au sein d’une commission de la dernière chance ou bien par recours au suffrage universel des encartés ?) ; ou bien encore, quel style de personnalité faut-il pour porter haut les couleurs du parti aux prochaines élections présidentielles (Ségolène Royal, Martine Aubry et Bertrand Delanoë ont des personnalités et des styles bien distinctes).

 

Ce dessin de Moix " Ô vallée de larmes ",  vu sur   http://moix.over-blog.org , est reproduit ici avec l’autorisation aimable de son auteur (la reproduction des dessins de cet auteur est soumise à autorisation, écrire pour cela à : moixdessins@yahoo.fr ).

 

Or que se passe-t-il dans nos conseils municipaux, dans nos conseils presbytéraux (pour les Eglises qui en ont comme l’Eglise réformée de France), dans nos associations de quartier, dans les syndicats de copropriété, partout où s’agite des militants ?

 

Combien fréquents sont les autoritaires, les avides de la moindre parcelle de pouvoir, ceux à qui une fonction de premier plan monte très vite à la tête, les rigides, les agressifs, les grincheux, les frileux, etc. Bien souvent, ils paralysent les associations, les détournent à leur profit, ferment les portes.

 

Pire, combien de raisonnements militants sont répétitifs, circulaires, déconnectés des réalités, incantatoires, purement idéologiques, utilisant des concepts de prêts à porter, sans nuance, de type binaire (la Droite et la Gauche, le Capitalisme et le Socialisme, le Gouvernement et l’Opposition, la Réaction et les " forces du progrès ", les croyants et les athées, Dieu et Satan, les Blancs et les Noirs, les Français – de souche – et les immigrés, etc.), amalgamant les personnes dans des catégories toute faites comme si elles étaient homogènes (les " socialistes ", les " juifs ", les " chrétiens " - et mieux la morale " judéo-chrétienne " si chère à certains philosophes -, les " musulmans ", les " Arabes ", etc. … et parfois les Juifs sont systématiquement amalgamés aux financiers, les Arabes à la violence, les homosexuels à la pédophilie, les croyants à la superstition, etc.

 

Ceux qui transgressent ces catégories sont des " apostats " ou des " hérétiques " en religion, des "naïfs qui se laissent manipuler" ou des " traîtres " en politique (bien que nous ne soyons pas en tant de guerre !).

 

Or nos associations locales et nos institutions de base ne devraient-elles pas être des lieux d’éducation à la démocratie : savoir s’exprimer, expliquer les questions, écouter les autres et tenir compte de leurs avis, rechercher un dénominateur commun, ce qu’il est possible de faire ensemble – ou encore une synthèse qui ajoute un plus aux apports des uns et des autres, aller de l’avant en respectant le rythme des autres, permettre aux minorités de s’exprimer, de ne pas être étouffées par une majorité " qui a le pouvoir " et qui monopolise tout, diversifier les lieux d’action afin que tous ceux qui veulent faire quelque chose puisse montrer leur capacité (les pouvoirs publics, mais aussi des associations gestionnaires du secteur social, des entreprises privées, etc.), ne pas faire de procès d’intention, ne pas condamner les autres lorsque ce qu’ils disent ne convient pas à ce que l’on pense, etc.

 

Oui, la démocratie, c’est d’abord de la morale citoyenne. La IIIème République l’avait fort bien comprise qui parlait sans fard de civisme et de vertue.

 

Il paraît qu’aujourd’hui, on préfère une formation dite " professionnelle " au civisme comme si les dites professions pouvaient se dispenser d'une dimension éthique et civique. On a eu ce que l’on a récolté dans notre système scolaire : des capitaines d’entreprise réputés " efficaces ", des financiers " dynamiques ", des commerciaux " agressifs ", des syndicats " musclés ", des partis politique " d’Opposition " qui pratiquent allègrement la démagogie pour mobiliser leurs troupes et maintenir le tonus, etc.

 

Comme qui dirait l’autre, c’est une culture qui fout le camps ! Mais ne nous couine-t-on pas aux oreilles que nous sommes désormais dans une société diversifiée où chacun vaque à ses tâches et vise ses petits intérêts personnels, que la vie publique ce sont des rapport de forces (eh oui tant pas aux naïfs !) : les sociologues appellent cela l’anomie et tire la sonnette d’alarme. Assurément, elle menace nos sociétés dites modernes.

 

Mettre à feu et à sang son parti, son Eglise ou son association, le traîner devant les tribunaux, se jeter lors d’un dépouillement de vote sur les premiers résultats connus avant que l’issue ne soit officialisée après vérification minutieuse des bulletins, manipuler commissions, AG et Congrès, poser des ultimatums aux autres, virer de position à angle droit au dernier moment, voilà effectivement des méthodes qui relèvent plus de la stratégie purement militaire que du compagnonnage au sein d’une même famille idéologique. Avec ces méthodes, on gagne à coup sûr … mais après ? Bonjour les dégâts !

 

Dans la même optique que cet article, lire l’analyse de Michel Benoît comparant fort judicieusement le PS et le Vatican ! " Socialistes français : la tentation du Vatican ? ", du lundi 24 novembre 08,  http://michelbenoit17.over-blog.com/article-25103861.html

 

 

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