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20 mars 2009 5 20 /03 /mars /2009 13:34

Folie
le billet de Michel Théron dans Golias

"Le fou est celui qui a tout perdu, sauf la raison".
Cet aphorisme paradoxal de Chesterton signifie que le fou raisonne très bien : la seule différence est qu’il le fait en partant de bases fausses. Il se vérifie bien souvent, par exemple dans le fait-divers que nous venons d’apprendre.


C’est l’excommunication, au Brésil, d’une mère de famille dont la fille de neuf ans a dû avorter après avoir été violée par son beau-père. La décision de l’évêque de Recife a été approuvée par le Vatican.
Ce comportement scandaleux est d’une grande logique, dès lors qu’on sacralise la vie de façon inconditionnelle. Évidemment on n’a nul égard pour celle qui la porte en elle, pas plus que pour ce que sera la vie de l’enfant à naître. À l’immaturité évidente de la mère ici s’ajoute le traumatisme de ce crime qu’est le viol. Mais de tout cela on ne se soucie pas, puisqu’on a été cohérent avec le principe qu’on a posé au départ.

La logique et la rationalité même sont bien différentes de l’intelligence. Ainsi la fille de Philippe II roi d’Espagne avait fait le vœu de ne pas changer de chemise avant que la ville d’Ostende fût prise. Elle tint parole, et ainsi fut totalement logique et rationnelle dans l’accomplissement de son vœu – mais aussi bien sûr tout à fait stupide de l’avoir fait.

La folie est dans la psychorigidité qui, une fois le principe posé, nous le fait considérer comme intangible, et ordonner notre conduite de façon qu’elle en dérive automatiquement et mécaniquement. S
acraliser inconditionnellement la vie est une absurdité. Rien de plus vivant par exemple qu’une tumeur. Pourtant en proliférant elle peut détruire la vie, par l’incapacité même où elle est de mourir : les cellules ne peuvent plus opérer leur suicide normalement programmé, leur apoptose.

ndlr (Actualités unitariennes) : La position du pape, ici mise sur le dos du capitalisme par le  dessinateur espagnol Matiz - sans doute par simple alignement sur la pensée dominante dans certains milieux - ne relève-t-elle pas plutôt d'un mode de pensée fréquent que ce soit dans les milieux ultra conservateurs ou ultra progressistes, laquelle génère les fanatismes, les exclusions, et finalement nombre de conflits ?

Les Eglises devraient se souvenir que dans sa réalité vécue la vie est constamment changeante, et exige que nous accommodions notre regard à des contextes toujours différents. Aucun principe posé a priori ne tient devant cela. Lao-Tseu dit fort bien, au début du Tao Te King : " La voie vraiment voie n’est pas une voie constante. Les termes vraiment termes ne sont pas des termes constants. "

Michel Théron

© Golias Hebdo, n°  72 - Semaine du 19 au 25 mars 2009 - lien
reproduit ici avec l'autorisation de l'auteur et de la revue 

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