Dame laïque, un brin rigide, met les observateurs de la vie religieuse en France dans le pétrin en interdisant que l'appartenance religieuse ne soit donnée lors des recensements de la population totale et de l'habitat. Ce faisant, elle confond la carte d'identité où, effectivement, les appartenances religieuse ou ethnique doivent (absolument) ne pas être inscrites afin d'éviter tout risque de discrimination, et le bordereau du recensement qui, lui, préserve l'anonymat et est voué à une connaissance de notre société.
Les analystes sont contraints aux contorsions. Mettant à profit les sondages de la période électorale, le sociologue Jean-Paul Willaime, directeur d’étude à l’Ecole pratique des hautes études (EPHE), s'y est essayé dans les colonnes de l'hebdomadaire "Réforme" du jeudi 5 avril ("Virage à droite des protestants ?", article que nous avons déjà signalé dans notre message du 10 avril "Les protestants entre Gauche et Droite").
croix huguenote en émail.
Le nombre de protestants en France, contrairement à celui des catholiques, ne diminue pas. Sur plusieurs vagues d’enquête menées fin 2006-début 2007 et constituant un échantillon représentatif de la population française de 15 000 personnes de plus de 18 ans, 395 se sont déclarées protestantes, soit 2,6 %. Sur 63 millions de Français, cela fait 1,6 million de protestants. C’est moins que les 4 % de " proches du protestantisme " du sondage La Croix-Réforme/CSA de 2005-2006, mais plus que le 1,1 million de protestants repérés par les différentes Eglises, membres ou non de la Fédération protestante de France.
Premier constat donc : si la proportion des Français s’identifiant au catholicisme a fortement baissé en France (en 2006, 65 % selon un sondage IFOP-La Croix et, à partir d’une autre question, 51 % selon le sondage CSA-Le Monde des Religions alors que cette proportion était encore de 76 % en 1978), cela n’est pas le cas des Français s’identifiant au protestantisme.
Non seulement la minorité protestante se maintient, mais elle a tendance à légèrement augmenter ces dernières années, plusieurs enquêtes le confirment, y compris cette enquête CSA-Le Monde des Religions précitée qui, tout en révélant une baisse spectaculaire de la proportion de Français catholiques, chiffre à 3 % la proportion des protestants en France.
Cette relative croissance est principalement due, comme de nombreux observateurs du monde protestant l’ont remarqué, au développement d’un protestantisme évangélique et pentecôtiste qui, s’il ne date pas d’aujourd’hui, est devenu numériquement plus important (400 000 en 2005, selon Sébastien Fath), y compris au sein de la Fédération protestante de France.
Les chrétiens unitariens, qui font partie des protestantismes, saluent fraternellement les autres communautés de cette mouvance.